Dans son Rabelais, Anatole France reproduit le poème d'André Chénier* (1762-1794) «sur la mort d'un enfant» (p. 121-122) en le comparant aux élégies, en vers latins de Jean de Boyssonné, en l'honneur à Théodule Rabelais*, fils du Maître mort en bas âge. Il se réjouit de ce que «la muse française» de Chénier «a de souplesse, de grâce et de pathétique.»
L'innocente victime, au terrestre séjour,
N'a vu que le printemps qui lui donna le jour.
Rien n'est resté de lui qu'un nom, un vain nuage,
Un souvenir, un songe, une invisible image.
Adieu, fragile enfant, échappé de nos bras;
Adieu, dans la maison d'où on ne revient pas.
Nous ne te verrons plus, quand, de moissons couverte,
La campagne d'été rend la ville déserte;
Dans l'enclos paternel, nous ne te verrons plus,
De tes pieds, de tes mains, de tes flancs demi-nus,
Presser l'herbe et les fleurs dont les nymphes de Seine
Couronnent tous les ans les coteaux de Lucienne.
L'axe de l'humble char à tes jeux destiné,
Par de fidèles mains avec toi promené,
Ne sillonnera plus les prés et le rivage.
Tes regards, ton murmure, obscur et doux langage,
N'inquiéteront plus nos soins officieux;
Nous ne recevrons plus, avec des cris joyeux,
Les efforts impuissants de ta bouche vermeille
À bégayer les sons offerts à ton oreille
Adieu, dans la demeure où nous nous suivrons tous,
Où ta mère déjà tourne ses yeux jaloux.
N'a vu que le printemps qui lui donna le jour.
Rien n'est resté de lui qu'un nom, un vain nuage,
Un souvenir, un songe, une invisible image.
Adieu, fragile enfant, échappé de nos bras;
Adieu, dans la maison d'où on ne revient pas.
Nous ne te verrons plus, quand, de moissons couverte,
La campagne d'été rend la ville déserte;
Dans l'enclos paternel, nous ne te verrons plus,
De tes pieds, de tes mains, de tes flancs demi-nus,
Presser l'herbe et les fleurs dont les nymphes de Seine
Couronnent tous les ans les coteaux de Lucienne.
L'axe de l'humble char à tes jeux destiné,
Par de fidèles mains avec toi promené,
Ne sillonnera plus les prés et le rivage.
Tes regards, ton murmure, obscur et doux langage,
N'inquiéteront plus nos soins officieux;
Nous ne recevrons plus, avec des cris joyeux,
Les efforts impuissants de ta bouche vermeille
À bégayer les sons offerts à ton oreille
Adieu, dans la demeure où nous nous suivrons tous,
Où ta mère déjà tourne ses yeux jaloux.