«L'attachement de Marcel Proust à sa mère, la femme qu'il a le plus aimée au monde et auquel il est maladivement relié, est fondateur de son oeuvre.» (Olivier et Patrick Poivre d'Arvor, «À toi, ma mère». Correspondances intimes, Choix de textes, Points, «Mots pour mots», 2010, p. 27)
Maman avait quelques fois bien du chagrin, mais on le savait pas, car elle ne pleurait jamais qu'avec douceur et esprit. Elle est morte en me faisant une citation de Molière* et une citation de Labiche. Elle m'a dit, de la garde qui sortait un instant, nous laissant seuls: «Son départ ne pouvait plus à propos se faire... - «Que ce petit-là n'ait pas peur: sa Maman ne le quittera pas. Il ferait beau voir que je sois à Étampes et mon orthographe à Arpajon...» Et puis elle n'a plus pu parler. Une fois seulement elle vit que je me retenais pour ne pas pleurer et elle fronça les sourcils, fit la moue en souriant, et je distinguai, dans sa parole déjà si embrouillée: «Si vous n'êtes Romain, soyez digne de l'être...»
Source: Note extraite des Cahiers Inédits de Marcel Proust (op, cit. p. 201)
Source: Note extraite des Cahiers Inédits de Marcel Proust (op, cit. p. 201)