Les dieux réclamaient de l'adoration et des sacrifices. Aux yeux des Maya, les dieux n'étaient pas des bienfaiteurs désintéressés, ils n'accordaient pas gratuitement leurs faveurs mais les troquaient contre des offrandes d'encens, de nourriture, de sang.
Très certainement, les Maya ont pratiqué les sacrifices humains à toutes les périodes de leur histoire, mais jamais à la même échelle que les Aztèques, qui se vautraient dans le sang.
Très certainement, les Maya ont pratiqué les sacrifices humains à toutes les périodes de leur histoire, mais jamais à la même échelle que les Aztèques, qui se vautraient dans le sang.
Les enfants* sacrifiés étaient habituellement des orphelins, des parents éloignés recueillis par un chef de famille, ou bien de jeunes garçons enlevés ou achetés dans une autre ville. Si l'on choisissait des enfants, c'était parce que, dans l'esprit des Maya, le sacrifice devait être zuhuy, autrement dit pur, vierge, qu'on parlât d'être vivants ou, comme nous, de forêts et de terres vierges. D'autre part, le soleil et certains autres dieux réclamaient des adultes, un petit enfant ne leur eût pas donné la force nécessaire.
La méthode habituelle était l'arrachage du cœur, mais, dans quelques cérémonies, la personne à sacrifier était attachée à un poteau ou à une charpente en bois et tuée avec des flèches par les hommes rassemblés, qui dansaient autour d'elle. La victime* participait à cette danse, au début, mais on la liait ensuite au poteau et on faisait une marque blanche à l'emplacement du cœur pour bien le désigner comme cible. Une telle participation de celui qui allait mourir était coutumière dans le rituel mexicain.
En certaines occasions, on précipitait le corps en bas de l'escalier de la pyramide, où il était écorché. Le prêtre revêtait alors la peau pour exécuter une danse. Cette pratique était courante au Mexique, en l'honneur du dieu Xipe Totec. Elle fut sans doute introduite par les envahisseurs , toltèques, car on ne peut guère porter au compte des Maya un rituel aussi barbare. Parfois, on précipitait la victime d'une hauteur sur un tas de pierres où on lui arrachait le cœur.
On remettait le corps des sacrifiés aux personnages les plus importants de l'assistance, les mains, les pieds et la tête étant réservés au prêtre et à ses aides. Selon les croyances mexicaines, la victime représentait le dieu en l'honneur de qui elle avait été tuée. Par conséquent, en mangeant sa chair, on s'assimilait certaines des qualités de la divinité en cause.
Certes, l'idée des sacrifices humains répugne à notre esprit, cependant on doit les considérer comme logiques si l'on part de la croyance que les dieux ont besoin de sang pour acquérir la force d'accomplir leur tâche et si l'on accepte le corollaire qu'un peuple pieux a le devoir de leur en fournir. D'après certains indices, la victime aurait été droguée, au préalable, tout au moins en diverses occasions. C'était peut-être pour lui épargner des souffrances, mais, beaucoup plus probablement, pour s'assurer qu'elle n'offrirait pas de résistance. A la défense des Maya, on peut dire que tout le monde, y compris la victime, croyait que celle-ci mourait pour le plus grand bien de tous.
Les offrandes aux dieux ne se limitaient pas à des êtres humains, elles englobaient des animaux*, des produits agricoles, des mets préparés, de l'encens de copal, du caoutchouc, des fleurs, et des objets précieux comme le jade, les coquilles, et des plumes très recherchées. Un commentaire de l'évêque Landa nous permet d'apercevoir leur échelle: « Ils frottent toujours la figure de leurs démons avec le sang de tout ce qu'ils ont: oiseaux du ciel, animaux de la terre ou poissons de la mer. Ils offrent aussi d'autres choses. Ils enlèvent et offrent le cœur de quelques animaux, parfois ils offrent ceux-ci en entier. Certains sont vivants, d'autres tués; certains sont crus, d'autres cuits. Ils offrent aussi beaucoup de pain et de vin, des préparations de maïs et du balche (miel fermenté), et toute sorte d'aliments et de boissons qu'ils utilisent ».
Autrefois, on sacrifiait très souvent son propre sang, habituellement en se passant une corde avec des épines à travers la langue, méthode représentée dans la sculpture et sur les fresques de Bonampak. On laissait le sang couler sur des bandes de papier en écorce qu'on offrait ensuite aux dieux. D'après Landa, les prêtres employaient l'aiguillon de la raie pastenague pour se tirer du sang, et l'on trouve fréquemment ces aiguillons dans les tombes, comme nous l'avons dit. L'évêque dit encore qu'une sorte de paille s'enfonçait dans les trous de la langue et des oreilles. Selon un autre auteur, il érait d'usage, dans l'Alta Verapaz, de se tirer du sang, deux fois par jour, des bras, des jambes, du nez, de la langue, des oreilles, 60, 80 ou 100 jours (c'est-à-dire trois ou quatre ou cinq « mois » avant une grande fête. Habituellement, on prenait ce sang à la langue, aux oreilles, au creux des coudes et au pénis. La coutume existait dans tout le Mexique.
Source
J.E.S Thompson, Grandeur et décadence de la Civilisation maya, Paris, Le Cercle Historia, 1964, p. 529-531.
IMAGES
Sacrifices humains
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