D'une part, le culte des Germains aurait subi l'influence des Grecs et, d'autre part, les dieux qu'ils vénèrent comme les leurs seraient d'origine romaine (Mercure, Mars), grecque (Hercule) ou égyptienne (Isis). Il y a sûrement des liens à établir entre Mercure (son homologue grec Hermès) et Odin (Wotan)* comme dieux du commerce et des voyageurs, comme messagers des dieux.
(III 2). D'autre part, certains croient qu'au cours de son errance, interminable et purement légendaire, Ulysse aurait dérivé dans cette partie de l'Océan et débarqué en Germanie. Il aurait fondé sur la rive du Rhin Asciburgium, qui est encore habité de nos jours, et l'aurait appelé Askipyrgion. Un autel consacré à Ulysse et mentionnant aussi Laërte, son père, aurait été découvert au même endroit, tandis que des monuments et certains tumuli portant des caractères grecs existeraient encore aux confins de la Germanie et de la Rétie.
IX 1). Mais parlons de leurs dieux. C'est Mercure qu'ils vénèrent le plus. Pour se le concilier, ils vont jusqu'à lui sacrifier certains jours des êtres humains et trouvent cela conforme aux lois divines. Quant à Hercule et Mars, ils les apaisent en leur offrant les animaux requis pour ce rite. Une partie des Suèves sacrifice* aussi à Isis. Sur la raison d'être et l'origine de cette pratique religieuse venue d'ailleurs, je n'ai pas appris grand-chose, sauf ceci : l'emblème de la divinité, une liburne, prouve de lui-même qu'il s'agit d'un culte importé.
(IX 2). D'autre part, conscients de la majesté des dieux, les Germains ne conçoivent pas de les emprisonner dans des murs ni de les représenter à l'image de l'homme. Ils leur consacrent des bois et des bosquets et donnent des noms de divinités à ce mystère, que seul leur sens religieux leur fait voir.
(XXVII 1). Leurs funérailles n'ont rien d'ostentatoire. Ils veillent seulement à brûler avec certains bois les corps des grands hommes. Ils n'entassent sur le bûcher ni vêtements ni aromates. Le défunt est brûlé avec ses seules armes et, dans certains cas, avec son cheval. Des mottes de gazon forment la tombe. Ériger un monument représente pour eux un hommage difficile et laborieux qu'ils méprisent et jugent pénible pour les défunts. Ils se laissent aller dans l'immédiat aux plaintes et aux pleurs. Souffrance et tristesse ne s'effacent que tardivement. Il sied aux femmes de manifester le deuil*, aux hommes de se souvenir.