Au croisement de sa méditation sur la mort et de son intérêt pour les questions médicales, l’éthique de la fin de vie est discutée en lien avec la demande d’euthanasie. Comment affronter les ambiguïtés qui pèsent sur les bonnes intentions de la médecine quand soigner n’est plus guérir ? Ce texte de Paul Ricoeur a été écrit au cours de l'été 2000 pour une discussion organsiée à Préfailles (44) par le groupe oecuménique. Il est paru dans la revue protestante Amitié, «Rencontre entre chrétiens. Sciences de la vie. Problèmes éthiques», n° 4, décembre 2000, p. 30-34
Paul Ricoeur, «Accompagner la vie jusqu'à la mort», Esprit , La pensée Ricoeur, mars-avril, 2006, p. 316-320.
Incipit
Il m'a été demandé, plutôt que d'ajouter un «supplément d'âme» à un discours de science médicale, de faire précéder ce dernier par un exposé des enjeux de toute l'entreprise thérapeutique engagée sous le titre choisi par cette table ronde: «Accompagner la vie jusqu'à la mort», en particulier par la mise en oeuvre des techniques dites de soins palliatifs*.
Les enjeux
Qui dit enjeux, dit chose à gagner ou à perdre, mise en danger, en tout cas mise en question. L'enjeu est ici le statut à la fois thérapeutique, institutionnel, moral, affectif, d'une pratique médicale qui, face à une catégorie de malades, doit se résigner à soigner encore sans projet de guérison; le vis-à-vis de cette pratique, c'est la souffrance elle-même aux confins de la mort, lorsque la souffrance n'est plus seulement à interpréter, mais une condition d'existence en détresse à soulager et à accompagner.
Qu'est ce que l'éthique médicale peut attendre ici de l'enseignement des Églises chrétiennes? Face à une préoccupation relativement récente du corps médical et des institutions de santé, d'abord un rappel simple des fondamentaux bibliques, ensuite une lucide autocritique concernant certaines dérives du «religieux», enfin quelques conseils modestes relevant de ce qu'on peut appeler un éthique de détresse..
Texte intégral
http://www.esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=13295&folder=0
Incipit
Il m'a été demandé, plutôt que d'ajouter un «supplément d'âme» à un discours de science médicale, de faire précéder ce dernier par un exposé des enjeux de toute l'entreprise thérapeutique engagée sous le titre choisi par cette table ronde: «Accompagner la vie jusqu'à la mort», en particulier par la mise en oeuvre des techniques dites de soins palliatifs*.
Les enjeux
Qui dit enjeux, dit chose à gagner ou à perdre, mise en danger, en tout cas mise en question. L'enjeu est ici le statut à la fois thérapeutique, institutionnel, moral, affectif, d'une pratique médicale qui, face à une catégorie de malades, doit se résigner à soigner encore sans projet de guérison; le vis-à-vis de cette pratique, c'est la souffrance elle-même aux confins de la mort, lorsque la souffrance n'est plus seulement à interpréter, mais une condition d'existence en détresse à soulager et à accompagner.
Qu'est ce que l'éthique médicale peut attendre ici de l'enseignement des Églises chrétiennes? Face à une préoccupation relativement récente du corps médical et des institutions de santé, d'abord un rappel simple des fondamentaux bibliques, ensuite une lucide autocritique concernant certaines dérives du «religieux», enfin quelques conseils modestes relevant de ce qu'on peut appeler un éthique de détresse..
Texte intégral
http://www.esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=13295&folder=0