Jacquard répond aux quelques questions posées par Huguette Planès dont la première commence ainsi: «La paix est difficile à établir, mais aussi difficile à penser». En effet, la paix et l'idée même de la paix se buttent à l'inévitabilité des conflits à cause de «l'insociable sociabilité» (Kant) des hommes. Planès demande donc à Jacquard : «Pourrait-on aller jusqu'à dire que la paix se réalise par le conflit?» Voici quelques extraits des réponses données par Jacquard à son interlocutrice qui montrent que la paix n'est jamais acquise, mais qu'elle est dynamique qui pousse les humains à s'entendre. L'auteur insiste beaucoup sur la lucidité, comme la meilleure alliée de la paix.
Semblable à un «point oméga», la paix n'est pas une réalité que l'on s'efforce de perpétuer; elle est un horizon inatteignable vers lequel on se dirige. [...] Il ne faut pas éviter les affrontements, mais faire de ceux-ci une occasion de rencontre en comprenant avec ce mot une lutte «front à front», c'est-à-dire intelligence face à intelligence, et non une lutte force contre force. [...] Cette insociabilité peut être considérée comme une donnée du problème à résoudre, comme le point de départ de la recherche douloureuse d'une réponse à la question : comment vivre ensemble? Toute vision angélique empêche la lucidité: il faut d'abord être réaliste. Il est difficile de vivre avec les autres. Mais ce constat doit être accompagné d'un autre constat, tout aussi réaliste; il est impossible de devenir soi sans les autres.
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Combattre les injustices nécessite-t-il le recours à la violence? Gandhi, lui, a essayé de ne pas entrer dans cette spirale vicieuse. Je n'imagine pas qu'une guerre*, surtout avec le caractère technique qu'elle a nécessairement désormais, puisse dégager une signification spirituelle. Pour l'emporter sur l'adversaire, il faut d'abord mettre un bâillon à tous ceux qui formulent des interrogations. Il faut devenir un intégriste de sa cause. Comment une signification spirituelle pourrait-elle s'insérer dans ce processus hallucinogène?
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Le meilleur allié de toute cause favorable à l'humanité est la lucidité. Et le pire ennemi de la paix? L'ignorance. Peut-être est-ce le critère de la valeur d'une cause. Celle-ci est renforcée par toute avancée vers un peu plus de lucidité.
[...]
La petitesse de notre planète, la croissance de notre effectif rendent nécessaire une structure organisée des collectivités aux divers niveaux: communes, régions, États, continents. La tentation actuelle est de mettre en place une structure en forme de pyramide hiérarchique à la façon des armées dont la discipline constitue la force première. Alors adieu la liberté!
Une structure en réseau permettant les ajustements locaux, compatible avec les doubles appartenances, peut seule préserver des possibilités d'autonomie*. Ce n'est pas le chemin le plus facile, mais il faut l'explorer si l'on désire une véritable paix.
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Le besoin d'une paix intérieure, condition d'une paix en communauté. devrait être enseigné dès l'école, à partir du constat de la nécessité de s'ouvrir à l'autre. L'égocentrisme ferme toutes les portes. Le refus de la différence ne favorise pas la paix sociale. L'aventure de chaque vie a pour matériau, pour source de dynamisme, les rencontres successives. Il faut donc apprendre à percevoir l'intrusion de l'autre dans notre vie comme une chance plus que comme un danger, et une chance autant pour lui que pour moi.
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Le plus grand danger est actuellement la généralisation du rêve occidental de réussite individuelle d'une vie conçue comme une lutte contre les autres. Le moteur de chacun est la compétition qui exclut une véritable paix.
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Combattre les injustices nécessite-t-il le recours à la violence? Gandhi, lui, a essayé de ne pas entrer dans cette spirale vicieuse. Je n'imagine pas qu'une guerre*, surtout avec le caractère technique qu'elle a nécessairement désormais, puisse dégager une signification spirituelle. Pour l'emporter sur l'adversaire, il faut d'abord mettre un bâillon à tous ceux qui formulent des interrogations. Il faut devenir un intégriste de sa cause. Comment une signification spirituelle pourrait-elle s'insérer dans ce processus hallucinogène?
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Le meilleur allié de toute cause favorable à l'humanité est la lucidité. Et le pire ennemi de la paix? L'ignorance. Peut-être est-ce le critère de la valeur d'une cause. Celle-ci est renforcée par toute avancée vers un peu plus de lucidité.
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La petitesse de notre planète, la croissance de notre effectif rendent nécessaire une structure organisée des collectivités aux divers niveaux: communes, régions, États, continents. La tentation actuelle est de mettre en place une structure en forme de pyramide hiérarchique à la façon des armées dont la discipline constitue la force première. Alors adieu la liberté!
Une structure en réseau permettant les ajustements locaux, compatible avec les doubles appartenances, peut seule préserver des possibilités d'autonomie*. Ce n'est pas le chemin le plus facile, mais il faut l'explorer si l'on désire une véritable paix.
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Le besoin d'une paix intérieure, condition d'une paix en communauté. devrait être enseigné dès l'école, à partir du constat de la nécessité de s'ouvrir à l'autre. L'égocentrisme ferme toutes les portes. Le refus de la différence ne favorise pas la paix sociale. L'aventure de chaque vie a pour matériau, pour source de dynamisme, les rencontres successives. Il faut donc apprendre à percevoir l'intrusion de l'autre dans notre vie comme une chance plus que comme un danger, et une chance autant pour lui que pour moi.
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Le plus grand danger est actuellement la généralisation du rêve occidental de réussite individuelle d'une vie conçue comme une lutte contre les autres. Le moteur de chacun est la compétition qui exclut une véritable paix.