Dans son exploration de l'ouvrage de Le Clézio, intitulé Le Chercheur d'or, l'auteur de cet article présente la maison comme un espace féminin, servant de refuge et d'abri, qui offre aux êtres et aux choses «une certaine protection». Cependant, la maison peut être, délabrée ou en ruine, rasée ou détruite. Construction humaine, elle est une métaphore du corps humain qui, dans sa fragilité, est exposé à la mort. Malgré leur disparition, la maison natale ou familiale ou la maison du corps peuvent devenir des lieux de mémoire. Enfermées dans la mémoire, elles ne seront pas détruites. Étrange et surprenante, la vision que fait Le Clézio de la maison (de son corps ou de sa propre personne?) en le comparant à un bateau: «une épave qui aurait survécu à un déluge» ou une maison «sombre, pareille à un bateau échoué». Cependant, la maison-bateau est capable de raviver le rêve des voyages et la quête de nouvelles aventures. L'immobilisme évoque son contraire, c'est-à-dire: le mouvement et le chemin, l'exploration d'autres lieux et l'ouverture à l'altérité.
Si la sexualisation des espaces a un sens, force est alors de constater qu'Alexis a une prédilection pour les espaces féminins. Sont féminins des espaces ronds, courbes, qui offrent une certaine protection: Alexis aime les grottes, les cavernes, les vallées, les ravins, les rivières, les îles, les montagnes, les maisons et les bateaux. Il voit dans ces espaces autant de cachettes, de refuges [...]
La maison du Boucan est évidemment un lieu primordial pour Alexis. Se pose toutefois à son sujet la question de la fragilité des constructions humaines: Le Clézio, qui s'est inspiré du Boucan d'Euréka, la maison familiale à Maurice, toujours debout, a d'ailleurs préféré en raser la version romanesque. À Laure qui affirme: «qu'est-ce que c'est une maison? Une vielle baraque percée où il pleuvait, rongée par les carias? Il ne faut pas regretter ce qui n'existe plus», Alexis, furieux réplique: non, je ne peux pas l'oublier, je ne l'oublierai jamais!» (p. 313). Plus tard, c'est toutefois avec indifférence qu'il assiste à sa destruction et qu'il préfère raconter à Mam: «tout ce qui était autrefois, qui était plus réel, plus vrai, que cette terre ruinée» (p. 356). L'explication de la sérénité d'Alexis tient sans doute dans cette question posée par un journaliste à Le Clézio, en quête de la maison maternelle de Milly-la Forêt: «il s'agit d'une autre chasse et d'un autre trésor. C'est un trésor de la mémoire que vous recherchez, non?» (Ailleurs, p. 89) Enfermé dans la mémoire d'Alexis, le Boucan n'est pas détruit.
Libre à lui, donc, de transformer la maison à son gré. De façon continue, il la voit comme un bateau dont il serait le pilote, «je les regarde à travers l'étroite lucarne, sans me lasser, comme si j'étais la vigie d'un navire immobile, guettant quelque signal. Écoutant le bruit de la mer au fond de moi, derrière moi, porté par le vent des marées. Et en vérité je suis dans un navire» (p. 34), ou, le plus souvent comme une épave qui aurait survécu à un déluge (pp. 12, 14, 89, 93). La même image est à l'oeuvre quand il s'agit de la maison de Forest Side, «sombre, pareille à un bateau échoué en haut de ces collines, à la suite d'un déluge» (p. 317), «comme un navire qui fait eau de partout» (p. 345). Mais même la maison délabrée est capable de raviver les rêves de voyage: «la vieille maison en ruine de Forest Side est un bateau qui traverse la mer, qui va en tanguant et en craquant, dans le bruit doux de la pluie, vers l'île nouvelle» (p. 318).
La maison du Boucan est évidemment un lieu primordial pour Alexis. Se pose toutefois à son sujet la question de la fragilité des constructions humaines: Le Clézio, qui s'est inspiré du Boucan d'Euréka, la maison familiale à Maurice, toujours debout, a d'ailleurs préféré en raser la version romanesque. À Laure qui affirme: «qu'est-ce que c'est une maison? Une vielle baraque percée où il pleuvait, rongée par les carias? Il ne faut pas regretter ce qui n'existe plus», Alexis, furieux réplique: non, je ne peux pas l'oublier, je ne l'oublierai jamais!» (p. 313). Plus tard, c'est toutefois avec indifférence qu'il assiste à sa destruction et qu'il préfère raconter à Mam: «tout ce qui était autrefois, qui était plus réel, plus vrai, que cette terre ruinée» (p. 356). L'explication de la sérénité d'Alexis tient sans doute dans cette question posée par un journaliste à Le Clézio, en quête de la maison maternelle de Milly-la Forêt: «il s'agit d'une autre chasse et d'un autre trésor. C'est un trésor de la mémoire que vous recherchez, non?» (Ailleurs, p. 89) Enfermé dans la mémoire d'Alexis, le Boucan n'est pas détruit.
Libre à lui, donc, de transformer la maison à son gré. De façon continue, il la voit comme un bateau dont il serait le pilote, «je les regarde à travers l'étroite lucarne, sans me lasser, comme si j'étais la vigie d'un navire immobile, guettant quelque signal. Écoutant le bruit de la mer au fond de moi, derrière moi, porté par le vent des marées. Et en vérité je suis dans un navire» (p. 34), ou, le plus souvent comme une épave qui aurait survécu à un déluge (pp. 12, 14, 89, 93). La même image est à l'oeuvre quand il s'agit de la maison de Forest Side, «sombre, pareille à un bateau échoué en haut de ces collines, à la suite d'un déluge» (p. 317), «comme un navire qui fait eau de partout» (p. 345). Mais même la maison délabrée est capable de raviver les rêves de voyage: «la vieille maison en ruine de Forest Side est un bateau qui traverse la mer, qui va en tanguant et en craquant, dans le bruit doux de la pluie, vers l'île nouvelle» (p. 318).