Né en 1906, Sémion Kirsanov, fils d'un tailleur d'Odessa, participe à la Révolution d'octobre et à la guerre civile.. Maïakovski découvre le jeune poète au cours d'une tournée de lectures publiques à Odessa et publie en 1924 ses vers dans la revue Lef. Pendant la deuxième guerre mondiale, il fut correspondant aux armées et assistera comme journaliste au procès de Nuremberg. Tout en pratiquant une poésie militante, il a développé en même temps une poésie lyrique dont témoigne le poème ci-dessous (1962). La maison est une image archétype de l'existence très apte à représenter la vie et la mort, la présence et l'absence, l'arrivée et le départ, et enfin l'être et le non-être, disparition, deuil. La maison est le lieu des rires et des pleurs, des amours et des jeux, de l'ombre et de la lumière, des angoisses et des cauchemars, oeuvre de notre imaginaire et de nos fantasmes.
O maison vide,
où la peur vit,
où les portes crient
comme bêtes tristes,
où la table seule
de sa douleur pleure,
les cachettes d'ombre,
y sont pleines d'ogres...
O vide maison,
vide à double-fond,
terrain-vague-chambre,
ce qui fut la hante:
mots d'amour, rires,
jeux, lumières, cris...
Blancheur des grands murs!
Ombres disparues
de nous deux jadis...
où se cachent les rires,
cris de peine, pleurs?
Tout ne fut que leurre?
O la maison vide
ni âme qui vive,
vide la maison
personne, sinon
des mots enragés,
des regards figés
nous...deux étrangers.
[Elsa Triolet]
OU
La maison vide
que rien n'habite.
Le vide, rien
peut-être bien
quelques mots creux,
des yeux sans yeux
et plus nous deux.
[L. Robel]
OU
O la maison vide
où plus rien n'habite.
Du vide, plus rien,
ou, peut-être bien,
des mots durs et creux,
des yeux sans les yeux,
mais rien pour nous deux
[Guillevic]
où la peur vit,
où les portes crient
comme bêtes tristes,
où la table seule
de sa douleur pleure,
les cachettes d'ombre,
y sont pleines d'ogres...
O vide maison,
vide à double-fond,
terrain-vague-chambre,
ce qui fut la hante:
mots d'amour, rires,
jeux, lumières, cris...
Blancheur des grands murs!
Ombres disparues
de nous deux jadis...
où se cachent les rires,
cris de peine, pleurs?
Tout ne fut que leurre?
O la maison vide
ni âme qui vive,
vide la maison
personne, sinon
des mots enragés,
des regards figés
nous...deux étrangers.
[Elsa Triolet]
OU
La maison vide
que rien n'habite.
Le vide, rien
peut-être bien
quelques mots creux,
des yeux sans yeux
et plus nous deux.
[L. Robel]
OU
O la maison vide
où plus rien n'habite.
Du vide, plus rien,
ou, peut-être bien,
des mots durs et creux,
des yeux sans les yeux,
mais rien pour nous deux
[Guillevic]