L'Encyclopédie sur la mort


L'expérience américaine de la peine de mort

Raymond Paternoster

The Death Penalty. America's Experience wiith Capital Punishment, Foreword by Stephen B. Bright, New York-Oxford, Oxford University Press, 2008, 314 p.
Dans ce livre, les auteurs tentent de soumettre à la compréhension des lecteurs les multiples problèmes liés à la peine de mort aux États-Unis. Ils présentent une revue historique des caractéristiques, de la législation et des modalités de la pratique de la peine capitale durant les périodes 1608 -1929, 1930-1967 et 1976-2008. Ils donnent un aperçu de la façon dont la peine de mort est appliquée aujourd'hui, ils expliquent comment celle-ci est intimement associée aux différences et aux inégalités d'ordre racial (blancs et noirs) et d'ordre social (degré de pauvreté). Ils abordent les questions constitutionnelles, le risque de condamner un innocent, les justifications sociales et éthiques en regard de la peine de mort, les coûts financiers, les opinions et les critiques de la communauté internationale, le haut degré de faveur dont elle jouit dans la population nationale. L'opinion publique n'augure rien de bon en ce qui concerne son abolition dans un avenir plus ou moins rapproché.

Selon les auteurs, ce qui frappe dans la peine de mort aux États-Unis, c'est l'imprécision avec laquelle on applique le principe de condamner à mort les «pires des pires», c'est-à-dire: les «monstres moraux» ou «ceux qui le méritent» (deserve it). Or, il arrive souvent qu'on exécute, d'une part, ceux qui ont tué plusieurs personnes de façon brutale et apparemment sans remords, mais, d'autre part, on conduit à la mort un pauvre hère qui a eu le malheur de commettre un vol armé résultant dans la mort d'un employé de magasin. Les États-Uniens s'inquiètent de la méthode de l'exécution et cherchent des moyens pour rendre celle-ci aussi brève qu'indolore. La peine de mort est avant tout une pratique du Sud, beaucoup moins populaire dans le Nord. Il y a des juges et des procureurs qui évitent systématiquement de proposer la peine capitale et d'autres , par contre, qui la favorisent automatiquement, quand ils peuvent et en se conformant ainsi à l'opinion publique ou parfois à l'esprit de vengeance des familles des victimes*.

La grande faiblesse de ce livre réside dans la pauvreté de l'argumentation d'ordre éthique qui se limite presque exclusivement à la théorie de la «rétribution égale»(loi du talion: oeil pour oeil, dent pour dent)) de Kant * et de deux philosophes du droit Berns et Van den Haag. En effet, dans la «Doctrine du droit», première section de la Méta­physique des moeurs, Kant se dit favorable à la peine de mort, car, selon lui, le châtiment doit être égal au crime. « Si le criminel a commis un meurtre, il doit mourir. Il n'y a aucune commune mesure entre une vie, si pénible qu'elle puisse être, et la mort et par conséquent aucune égalité du crime et de la réparation, si ce n'est par l'exécution légale du coupable.» Il est étonnant que les autres ne développent pas l'argumentation de Beccaria* contre la peine de mort qui est celle que précisément Kant réfute. Le livre cite, cependant, brièvement la théorie de la rétribution proportionnelle» de Jeffrey Reiman qui pense que les crimes majeurs doivent punir par des châtiments sévères, mais que l'exécution du meurtrier n'est pas le seul châtiment adéquat. Dans la société contemporaine, la peine de mort mène à la banalisation du meurtre. Les auteurs réfèrent également au principe d'invasion minimale de Hugo Bedeau qui consiste à ne pas utiliser plus de force qu'il est nécessaire à une société démocratique de poursuivre ses fins: la sécurité et la liberté*.
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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