En 1766, sur les charges d'impiété, le chevalier de La Barre fut condamné, après avoir fait amende honorable, à avoir la langue et la tête tranchées. Voltaire qui a su si bien défendre les Calas*, n'a pu empêcher l'exécution du chevalier.
Jean-François Lefèvre, chevalier de La Barre, jeune homme de vingt ans membre d'une des familles les plus en vue d'Abbeville, affectait en public un athéisme et un anticléricalisme agressifs. Il fut accusé, avec deux compagnons, d'avoir blasphémé, injurié et mutilé un crucifix, et refusé de se découvrir au passage d'une procession. Il fut appréhendé seul car les autres avaient jugé plus prudent de prendre le large, l'un d'eux trouvant même refuge chez Voltaire* qui entreprit, bien sûr, la défense du chevalier. Le tribunal de Ia sénéchaussée d'Abbeville le condamna à avoir la langue arrachée pour avoir blasphémé, le poing coupé pour avoir mutilé le Christ et à être brûlé vif. Le parlement de Paris confirma la sentence lui accordant « généreusement» d'être décapité avant que son corps ne soit jeté au bûcher. La peine fut exécutée à Abbeville le 1er juillet 1766. Le scandale fut énorme, non parce qu'il subsistait des doutes sur l'exacte culpabilité* du chevalier, mais à cause de l'odieuse disproportion entre le crime imputé et la sanction. En 1793, la Convention réhabilitera La Barre qui, au XIX" siècle, fera figure de martyr* de la libre pensée.
Cas célèbres qui ne doivent pas cacher d'autres affaires touchant des personnes plus humbles, mais qui confirment ces errements de l'appareil judiciaire. Montbailli, par exemple, accusé d'avoir tué sa mère, morte probablement de mort naturelle, et envoyé sur la roue par le Conseil d'Arras: reconnu innocent et réhabilité grâce encore à Voltaire ! Martin, roué pour un crime qu'il n'a pas commis: le coupable est découvert quelques jours plus tard après l'exécution. Trop tard!
Aussi, le prodigieux succès du Traité des délits et des peines de Beccaria* s'explique-t-il par sa rencontre avec l'air du temps et les idées avancées par les philosophes.
Cas célèbres qui ne doivent pas cacher d'autres affaires touchant des personnes plus humbles, mais qui confirment ces errements de l'appareil judiciaire. Montbailli, par exemple, accusé d'avoir tué sa mère, morte probablement de mort naturelle, et envoyé sur la roue par le Conseil d'Arras: reconnu innocent et réhabilité grâce encore à Voltaire ! Martin, roué pour un crime qu'il n'a pas commis: le coupable est découvert quelques jours plus tard après l'exécution. Trop tard!
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