Onze détenus suicidés en quinze jours! Pour la première fois, l'administration pénitentiaire semble reconnaître la gravité du problème et est décidé de prendre des mesures. Syndicats et associations dénoncent depuis des mois les conditions de surpopulation carcérale record. Les raisons, apportées pour expliquer cette vague de suicides, sont sujettes à controverse. Un taux de suicide en détention qui est «le plus élevé» d'Europe, souligne Patrick Marest, président de l'organisation, qui réclame la création d'une nouvelle enquête parlementaire sur la politique de prévention* du suicide. Pour le délégué général en France de l’Observatoire international des prisons, les 122 suicides de 2009 sont un chiffre sous-estimé. En 2008, le chiffre de 115 suicides avait déjà battu tous les records, soit une hausse de 20% de suicides par rapport à 2007.
Le directeur de l'AP Claude d'Harcourt a envoyé aux directeurs d'établissements une liste de «mesures de vigilance». Le personnel doit être «plus attentif à la prise en charge de personnes présentant des risques suicidaires», même si Claude d'Harcourt a pris soin de préciser que pour cinq des onze prisonniers suicidés de janvier, des mesures de «surveillance spéciale», comme des rondes régulières, avaient déjà été décidées. Ces mesures «n'ont pas permis d'éviter les morts», a-t-il reconnu.
Depuis des mois, syndicats et associations dénoncent la surpopulation des prisons françaises. Au 1er décembre, il y avait 63.619 détenus pour 50.963 places, soit un des taux les plus élevés en Europe.
Mais pour le directeur de l'Administration pénitentiaire, Claude d'Harcourt , la vague récente touche majoritairement des personnes condamnées dans des affaires sexuelles, donc en général isolées en détention. Faux, répond Patrick Marest, pour qui certains de ces détenus étaient en situation de surpopulation.
Pour le psychiatre Louis Albrand, à qui la ministre de la Justice a commandé un rapport sur la prévention du risque suicidaire, les suicides sont liés à des «maladies mentales», pathologies fréquentes en prison.
Le député socialiste André Vallini a, de son côté, appelé le gouvernement à «inscrire d'urgence» à l'ordre du jour du Parlement le projet de loi pénitentiaire.
(Laure Daussy, «La vague de suicides en prison "préoccupe" l'administration»,(lefigaro.fr) avec AFP, 16/01/2009)
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/01/16/01016-20090116ARTFIG00417-
la-vague-de-suicides-en-prison-preoccupe-l-administration-.php
La raison des suicides
Ce sont environ 40% des suicides en prison qui sont commis par des détenus condamnés pour agression sexuelle. Il y a dix ans, la part de cette population parmi les suicidés était de 25%. A quoi est due cette brusque augmentation? Selon Claude d'Harcourt, directeur de l'administration pénitentiaire, l'ultramédiatisation des affaires de pédophilie pourrait être une explication. Placés, malgré eux, sous le feu des projecteurs, les agresseurs sexuels vivraient plus mal que jamais leur culpabilité. Au printemps dernier, pendant le procès Fourniret, le taux de suicide des prisonniers a bondi de 50%.
publié le 26/02/2009
http://www.lexpress.fr/actualite/indiscret/prisons-la-raison-des-suicides_743324.html
Comme le maire de Saint-Cyprien, plus de 50 détenus ont mis fin à leurs jours depuis le début de l'année 2009. Qui sont-ils? Et pourquoi?
En se pendant dans sa cellule de la maison d'arrêt de Perpignan, le maire (UMP) de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales), Jacques Bouille, 62 ans, en détention provisoire pour une affaire de détournement d'oeuvres d'art, a relancé le débat sur les suicides en prison.
Cette épidémie, qui touche-t-elle en particulier? Essentiellement des hommes, qui constituent, il est vrai, plus de 96% des détenus, une seule femme ayant mis fin à ses jours. Deux tranches d'âge paraissent prioritairement atteintes: les plus de 45 ans et les 19-25 ans. Pour ces deux catégories, les raisons du suicide semblent souvent liées aux conditions particulières d'emprisonnement. Cinq d'entre eux étaient placés en détention provisoire, quatre autres avaient été punis et envoyés en quartier disciplinaire; un dernier était dans la zone des arrivants. Une dizaine de cas ont été recensés dans de «simples» maisons d'arrêt (Mont-de-Marsan, Nice, Béthune...), qui reçoivent les prévenus et les condamnés dont le reliquat de peine est inférieur à un an. Difficile donc de tirer des conclusions définitives, sauf de constater que les prisonniers qui ont choisi de se donner la mort n'étaient pas, pour l'immense majorité, des délinquants de haut vol (parfois des délinquants sexuels) et que la plupart se sont pendus dans leur cellule avec leurs draps.
Laurent Chabrun, publié le 26/05/2009
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/le-drame-des-suicides-en-prison_762900.html
La prévention
Pour pallier le problème, la ministre a annoncé une série de mesures, certaines dans la continuité directe de programmes déjà en place comme la construction de 5 000 nouvelles places d’ici 2015 « pour lutter contre la surpopulation carcérale », en limitant à 700 le nombre de places par bâtiment pour leur donner « une taille humaine ». Autre mesure envisagée : l’augmentation de l’activité en milieu carcéral et un renforcement des « liens avec le ministère de la Santé, en recherchant une meilleure implication des médecins sur le terrain et en menant une étude conjointe sur le suicide en milieu carcéral et le suicide en milieu libre ».
Autant de pistes parfois intéressantes, mais qui n’ont fait l’objet d’aucune annonce en termes budgétaires. À défaut, restent donc les orientations adoptées dans le courant de l’été, destinées à empêcher le passage à l’acte des détenus plutôt que de prévenir leur malaise : livraison d’un kit de protection avec pyjama en papier pour éviter la pendaison et formation des personnels pénitentiaires pour leur permettre de détecter les comportements suicidaires. (Anne Roy, «Suicides en prison, une spirale infernale» L'Humanité, 20 janvier 2010)
http://www.humanite.fr/2010-01-20_Societe_Suicides-en-prison-une-spirale-infernale
Depuis des mois, syndicats et associations dénoncent la surpopulation des prisons françaises. Au 1er décembre, il y avait 63.619 détenus pour 50.963 places, soit un des taux les plus élevés en Europe.
Mais pour le directeur de l'Administration pénitentiaire, Claude d'Harcourt , la vague récente touche majoritairement des personnes condamnées dans des affaires sexuelles, donc en général isolées en détention. Faux, répond Patrick Marest, pour qui certains de ces détenus étaient en situation de surpopulation.
Pour le psychiatre Louis Albrand, à qui la ministre de la Justice a commandé un rapport sur la prévention du risque suicidaire, les suicides sont liés à des «maladies mentales», pathologies fréquentes en prison.
Le député socialiste André Vallini a, de son côté, appelé le gouvernement à «inscrire d'urgence» à l'ordre du jour du Parlement le projet de loi pénitentiaire.
(Laure Daussy, «La vague de suicides en prison "préoccupe" l'administration»,(lefigaro.fr) avec AFP, 16/01/2009)
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/01/16/01016-20090116ARTFIG00417-
la-vague-de-suicides-en-prison-preoccupe-l-administration-.php
La raison des suicides
Ce sont environ 40% des suicides en prison qui sont commis par des détenus condamnés pour agression sexuelle. Il y a dix ans, la part de cette population parmi les suicidés était de 25%. A quoi est due cette brusque augmentation? Selon Claude d'Harcourt, directeur de l'administration pénitentiaire, l'ultramédiatisation des affaires de pédophilie pourrait être une explication. Placés, malgré eux, sous le feu des projecteurs, les agresseurs sexuels vivraient plus mal que jamais leur culpabilité. Au printemps dernier, pendant le procès Fourniret, le taux de suicide des prisonniers a bondi de 50%.
publié le 26/02/2009
http://www.lexpress.fr/actualite/indiscret/prisons-la-raison-des-suicides_743324.html
Comme le maire de Saint-Cyprien, plus de 50 détenus ont mis fin à leurs jours depuis le début de l'année 2009. Qui sont-ils? Et pourquoi?
En se pendant dans sa cellule de la maison d'arrêt de Perpignan, le maire (UMP) de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales), Jacques Bouille, 62 ans, en détention provisoire pour une affaire de détournement d'oeuvres d'art, a relancé le débat sur les suicides en prison.
Cette épidémie, qui touche-t-elle en particulier? Essentiellement des hommes, qui constituent, il est vrai, plus de 96% des détenus, une seule femme ayant mis fin à ses jours. Deux tranches d'âge paraissent prioritairement atteintes: les plus de 45 ans et les 19-25 ans. Pour ces deux catégories, les raisons du suicide semblent souvent liées aux conditions particulières d'emprisonnement. Cinq d'entre eux étaient placés en détention provisoire, quatre autres avaient été punis et envoyés en quartier disciplinaire; un dernier était dans la zone des arrivants. Une dizaine de cas ont été recensés dans de «simples» maisons d'arrêt (Mont-de-Marsan, Nice, Béthune...), qui reçoivent les prévenus et les condamnés dont le reliquat de peine est inférieur à un an. Difficile donc de tirer des conclusions définitives, sauf de constater que les prisonniers qui ont choisi de se donner la mort n'étaient pas, pour l'immense majorité, des délinquants de haut vol (parfois des délinquants sexuels) et que la plupart se sont pendus dans leur cellule avec leurs draps.
Laurent Chabrun, publié le 26/05/2009
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/le-drame-des-suicides-en-prison_762900.html
La prévention
Pour pallier le problème, la ministre a annoncé une série de mesures, certaines dans la continuité directe de programmes déjà en place comme la construction de 5 000 nouvelles places d’ici 2015 « pour lutter contre la surpopulation carcérale », en limitant à 700 le nombre de places par bâtiment pour leur donner « une taille humaine ». Autre mesure envisagée : l’augmentation de l’activité en milieu carcéral et un renforcement des « liens avec le ministère de la Santé, en recherchant une meilleure implication des médecins sur le terrain et en menant une étude conjointe sur le suicide en milieu carcéral et le suicide en milieu libre ».
Autant de pistes parfois intéressantes, mais qui n’ont fait l’objet d’aucune annonce en termes budgétaires. À défaut, restent donc les orientations adoptées dans le courant de l’été, destinées à empêcher le passage à l’acte des détenus plutôt que de prévenir leur malaise : livraison d’un kit de protection avec pyjama en papier pour éviter la pendaison et formation des personnels pénitentiaires pour leur permettre de détecter les comportements suicidaires. (Anne Roy, «Suicides en prison, une spirale infernale» L'Humanité, 20 janvier 2010)
http://www.humanite.fr/2010-01-20_Societe_Suicides-en-prison-une-spirale-infernale