Érasme
«Voici donc, à mon avis, ce que nous ont appris les saintes Écritures au sujet du libre arbitre: si nous sommes déjà engagés dans la voie de la piété, il convient d'oublier tout le reste pour avancer plus promptement vers la perfection. Si nous sommes couverts de péchés, pour nous en dégager à toutes forces, il faut aller quérir le remède de la pénitence et solliciter de toutes manières la miséricorde du Seigneur; sans elle, la volonté humaine demeure inefficace, malgré tous ses efforts. Si quelque chose est mal, imputons-le à nous, si quelque chose est bien, attribuons-le tout entier à la bienveillance divine, à qui nous devons même d'exister. D'ailleurs, quoi qu'il puisse nous arriver en cette vie de joyeux ou de triste, regardons-le comme un présent de la providence, sûrs que qu'aucun tort ne peut nous être fait par un Dieu essentiellement juste; et si nous nous rendions coupables de quelque indignité, personne ne doit désespérer du pardon d'un Dieu très clément par essence. Posséder fermement ces vérités, cela suffit, pensons-nous, à la vie chrétienne; au lieu de se précipiter avec une curiosité sacrilège sur ces questions obscures, pour ne pas dire superfétatoires, comme de savoir si Dieu connaît d'avance les futurs contingents, si notre volonté contribue en quelque sorte à notre salut éternel* ou si elle se borne à recevoir l'influx de la grâce, si tout ce que nous faisons de bien ou de mal, nous le faisons ou plus exactement nous le subissons par pure nécessité.»
Cette page sereine et mesurée d'Érasme, Luther la ressent comme froide et la réfute:
«Tu ne fais même pas mention du Christ, comme si tu pensais qu'il peut y avoir une piété chrétienne sans Christ, pourvu seulement que l'on adore de toute sa force un Dieu souverainement bon de nature [...] La vie chrétienne, telle que tu la décris, implique, entre autres choses, ceci: nous devons tendre de toutes nos forces à la piété, recourir au remède de la pénitence et chercher à acquérir, par tous les moyens, la miséricorde de Dieu, sans laquelle la volonté et l'effort humains sont impuissants. En outre, personne ne doit désespérer du pardon, octroyé par un Dieu souverainement bon par nature. De telles paroles, sans le Christ. sans l'Esprit, sont plus froides que la glace, au point que les ornements de ton style y apparaissent eux-mêmes comme un défaut.»
Effectivement la
«Voici donc, à mon avis, ce que nous ont appris les saintes Écritures au sujet du libre arbitre: si nous sommes déjà engagés dans la voie de la piété, il convient d'oublier tout le reste pour avancer plus promptement vers la perfection. Si nous sommes couverts de péchés, pour nous en dégager à toutes forces, il faut aller quérir le remède de la pénitence et solliciter de toutes manières la miséricorde du Seigneur; sans elle, la volonté humaine demeure inefficace, malgré tous ses efforts. Si quelque chose est mal, imputons-le à nous, si quelque chose est bien, attribuons-le tout entier à la bienveillance divine, à qui nous devons même d'exister. D'ailleurs, quoi qu'il puisse nous arriver en cette vie de joyeux ou de triste, regardons-le comme un présent de la providence, sûrs que qu'aucun tort ne peut nous être fait par un Dieu essentiellement juste; et si nous nous rendions coupables de quelque indignité, personne ne doit désespérer du pardon d'un Dieu très clément par essence. Posséder fermement ces vérités, cela suffit, pensons-nous, à la vie chrétienne; au lieu de se précipiter avec une curiosité sacrilège sur ces questions obscures, pour ne pas dire superfétatoires, comme de savoir si Dieu connaît d'avance les futurs contingents, si notre volonté contribue en quelque sorte à notre salut éternel* ou si elle se borne à recevoir l'influx de la grâce, si tout ce que nous faisons de bien ou de mal, nous le faisons ou plus exactement nous le subissons par pure nécessité.»
Cette page sereine et mesurée d'Érasme, Luther la ressent comme froide et la réfute:
«Tu ne fais même pas mention du Christ, comme si tu pensais qu'il peut y avoir une piété chrétienne sans Christ, pourvu seulement que l'on adore de toute sa force un Dieu souverainement bon de nature [...] La vie chrétienne, telle que tu la décris, implique, entre autres choses, ceci: nous devons tendre de toutes nos forces à la piété, recourir au remède de la pénitence et chercher à acquérir, par tous les moyens, la miséricorde de Dieu, sans laquelle la volonté et l'effort humains sont impuissants. En outre, personne ne doit désespérer du pardon, octroyé par un Dieu souverainement bon par nature. De telles paroles, sans le Christ. sans l'Esprit, sont plus froides que la glace, au point que les ornements de ton style y apparaissent eux-mêmes comme un défaut.»
Effectivement la