L'Encyclopédie sur la mort


Chant d'adieu de Dame Marie de Bourgogne

Anonyme

Dans son anthologie de le littérature néerlandaise, Liliane Wouters cite «le chant d'adieu de Marie de Bourgogne» parmi les chansons «toutes, en quête d'auteur, toutes destinées à être chantées» (op. cit., p. 40). Mortellement blessée, la princesse y fait ses adieux à son époux, aux gentilshommes, à sa fille Marguerite et à son fils Philippe ainsi qu'à sa chère ville de Bruges. Véritable figure de légende, Marie de Bourgogne (1457) n’a pas encore 20 ans quand elle succède à son père Charles le Téméraire lorsque celui-ci périt devant Nancy en 1477. Elle cherche protection auprès de Maximilien d’Autriche (1459-1519) qu’elle épouse et à qui elle donne un fils qui sera Philippe le Beau et une fille, Marguerite d’Autriche, appelée «la grande» et future mère de Charles Quint. En 1482 au cours d’une chasse dans la forêt de Wijnendaal, Marie est désarçonnée et meurt quelques jours plus tard. Son tombeau se trouve dans l'église Notre Dame de Bruges à côté de celui de son époux Maximilien devenu, après la mort de Marie, Empereur germanique.
[...]

Maximilien, ô vous mon noble prince,
mon époux, mon seigneur,
de votre droite un coup du sort m'évice,
un coup brise mon coeur.
Et la faiblesse envahit ma nature.
Dieu tout puissant, à toi louange, honneur.
Je me détourne, humaines aventures.

Adieu de Gueldre, adieu vous tous ensemble,
gentilshommes parés.
Dieu vous garde du mal. Hélas, je tremble.
Il faut nous séparer.
Adieu de Beveren, mon cousinage,
et Philippe de Ravenstein, Pleurez
aussi, Saint-Pol, comte de haut lignage.

[...]

O pure fleur, ma fille Marguerite,
priez pour moi, priez.
Hélas, la mort est proche, et je vous quitte
le coeur plein de pitié.
Il faut mourir une fois, c'est la bonne.
Adieu Philippe, mon enfant princier.
C'est bien trop tôt que je vous abandonne.

[...]

Adieu, cher époux, mon Seigeur, mon maître.
Dieu vous donne la paix.
Je suis si lasse, je n'en peux plus d'être,
mon destin se défait.
Adieu, ma ville, Bruges, toi que j'aime.
Dieu te conserve auprès de lui, tout près.
Pour tout pays, toute cité de même.

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Portrait de Marie de Bourgogne (1479)
Michael Pacher (1435-1498)
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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