Un jugement de Nietzsche
Tout autre est le jugement de Liszt qui consacrera une partie importante de sa carrière à faire connaître les oeuvres de Wagner. À Weimar, en 1849, il dirigera deux représentations de Tannhaüser, auxquelles Wagner ne pourra pas assister. Mais éperdu de reconnaissance, ce dernier lui écrira: «Or, soyez sûr que personne ne sait aussi bien que moi ce que c'est que de faire voir le jour à un pareil travail dans les circonstances actuelles... Vous venez de me relever comme par enchantement... j'ai retrouvé le courage d'endurer...»
La réponse de Liszt révèle tout le détachement, toute la grâce de son amitié pour Wagner: «... je dois tant à votre vaillant et superbe génie... que je me sens tout embarrassé d'accepter les remerciements que vous avez la bonté de m'adresser.... Il est difficile de relever quelqu'un avec plus d'élégance de l'obligation qu'il a à votre égard.»
Liszt compositeur s'est plus ou moins mis à l'ombre de Wagner (et également de Beethoven). À son époque, du moins, la réforme dramatique accomplie par Wagner a eu tellement d'éclat que celle de Liszt, toute intérieure et créatrice de formes, est passée presque inaperçue.