Le ministre des Finances du gouvernement du Québec (Canada), M. Raymond Bachand, a annoncé le 9 juillet 2010 qu'il devançait le début des travaux du Comité de suivi sur le jeu en ligne. «Nous avons autorisé Loto-Québec à développer une offre de jeu en ligne mais nous allons nous assurer que tout soit mis en œuvre afin que la lutte contre la dépendance au jeu demeure une priorité», a souligné le ministre. (Source: «Le ministre des Finances annonce la création d'un Comité de suivi sur le jeu en ligne.Montréal», le 9 juillet. 2010 /CNW Telbec). Nous sommes étonnés de la rapidité avec laquelle le gouvernement et Loto-Québec veulent procéder à l'installation du jeu en ligne et avec laquelle il a refusé la demande d'un moratoire de trois ans proposé par le comité des experts. Nous essayons de comprendre et nous présentons ci-dessous le communiqué de presse suivi de quelques réflexions personnelles d'ordre éthique.
[Communiqué]
Début des travaux des experts
Le comité de suivi devait débuter ses travaux en même temps que le lancement de l'offre de jeu en ligne par Loto-Québec. «Après avoir pris connaissance de la recommandation du Protecteur du citoyen, le gouvernement a décidé de devancer la mise sur pied et les travaux du comité d'experts indépendants», a affirmé le ministre Bachand.
Le comité sera présidé par Mme Louise Nadeau, professeure titulaire au Département de psychologie à l'Université de Montréal et experte reconnue dans le domaine des dépendances. «Les questions liées à la dépendance, au jeu pathologique et à la prévention sont au cœur de mes préoccupations. J'ai accepté de présider ce comité afin de servir la population du Québec et d'ainsi partager mon expertise et celle de mes collègues dans ces matières», a souligné la professeure.
Mme Nadeau sera accompagnée dans son mandat par Mme Sylvia Kairouz, professeure adjointe au Département de sociologie et d'anthropologie de l'Université Concordia, par Mme Magali Dufour, professeure au Service de toxicomanie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke, par M. Richard Guay, directeur général adjoint de la Direction générale des affaires policières du ministère de la Sécurité publique et par Mme Lynne Duguay, directrice générale par intérim du Centre de réadaptation Ubald-Villeneuve.
Le comité pourra également profiter de l'expertise de M. Mark Griffith, de la Nottingham Trent University du Royaume-Uni. Ce dernier est un expert reconnu internationalement pour ses travaux sur le jeu en ligne, notamment ceux qui ont été publiés à la suite de l'introduction du jeu en ligne par le gouvernement de la Suède.
Mandat du comité
Le mandat du comité consistera à analyser les impacts sociaux du développement du jeu en ligne au Québec, de même qu'à proposer des stratégies de prévention du jeu pathologique et à analyser les mesures d'ordre réglementaire, technique, économique et juridique permettant de contrer le jeu illégal. Le comité accompagnera Loto-Québec dans l'implantation du jeu en ligne et effectuera un suivi continu du jeu en ligne offert par la société d'État. Un rapport est également attendu au plus tard trois ans après la date de la mise en exploitation du jeu en ligne.
Mettre un frein à l'offre de jeu illégal
Le ministre Bachand a insisté sur la nécessité d'aller de l'avant avec le projet de Loto-Québec. «Nous ne pouvons pas accéder à la demande de moratoire faite par certains intervenants. Un tel moratoire ne permettrait pas de stopper la croissance de l'offre de jeu illégale déjà offerte aux Québécois. Nous avons donné le feu vert à Loto-Québec et modifié la réglementation afin qu'elle puisse offrir une avenue légale et intègre à des jeux déjà offerts sur Internet et qui existent depuis plusieurs », a-t-il souligné. Par ailleurs, le ministre a indiqué que plusieurs pays avaient décidé d'offrir le jeu en ligne au cours des derniers mois, notamment l'Australie, la Belgique, le Danemark et la Finlande.»
De plus, le ministre a fait observer que, contrairement à la situation prévalant actuellement sur certains sites illégaux, Loto-Québec offrira des taux de retour stables, des jeux honnêtes, un accès contrôlé et limité aux personnes majeures, de même que des mesures de contrôle du temps et des montants joués.
Jeu pathologique : un taux de prévalence faible
Le ministre des Finances a également tenu à répondre aux préoccupations soulevées à l'égard du jeu pathologique. Il a mentionné que la situation au Québec s'était améliorée. Ainsi, selon une étude de l'Institut national de santé publique publiée en 2004, le taux de prévalence des joueurs pathologiques au Québec se situait à 0,8 % en 2002, soit parmi les plus faibles au Canada.
«Je me suis assurée auprès de Loto-Québec que des mesures de contrôle et de prévention soient implantées. C'est pourquoi mon collègue et moi avons convenu ensemble de la participation au sein du comité d'une experte en matière de jeu pathologique, afin de prévenir les impacts sur le réseau des services sociaux», a précisé la ministre déléguée aux Services sociaux, Mme Lise Thériault.
Une gestion responsable
Pour le ministre des Finances, le défi est d'atteindre un équilibre entre le volet économique de ce type d'activité et la responsabilité sociale. «Au fil des ans, Loto-Québec a réussi à atteindre cet équilibre. Je demeure convaincu qu'elle réussira à faire de même avec l'offre de jeu en ligne. Par ailleurs, n'oublions pas qu'en 2009-2010, Loto-Québec a versé au gouvernement 1 252 M$ en dividendes. Une partie de cet argent sert à financer des services essentiels comme la santé et l'éducation, plutôt que de profiter au crime organisé, comme c'était le cas auparavant», a-t-il mentionné.
"La mise en place aujourd'hui du comité de suivi témoigne de notre volonté d'agir dans ce projet de façon à préserver l'équilibre entre la prévention des comportements à risque avec le jeu en ligne et le développement de nouveaux marchés. Avec la qualité des membres du comité et l'expertise de Loto-Québec, je suis persuadé que nous atteindrons notre objectif", a conclu le ministre Bachand.
Composition du Comité de suivi du jeu en ligne
-------------------------------------------------------------------------
Louise Nadeau, présidente
- Professeure titulaire au Département de psychologie de l'Université de
Montréal et experte reconnue dans le domaine du jeu pathologique.
- Outre ses travaux de recherche portant sur la toxicomanie, l'alcool,
les drogues et le jeu pathologique, Mme Nadeau a été la vice-présidente
des Instituts de recherche en santé du Canada de septembre 2000 à 2006.
Sylvia Kairouz
- Professeure adjointe au Département de sociologie et d'anthropologie de
l'Université Concordia.
- Ses champs d'intérêt sont en épidémiologie sociale moderne de la santé,
notamment la consommation de substances, le jeu pathologique et la
santé mentale.
Magali Dufour
- Professeure au Service de toxicomanie de la Faculté de médecine et des
sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke.
- Ses intérêts de recherche sont entre autres les jeux de hasard et
d'argent, la cyberdépendance, le poker sur Internet, les problèmes de
comorbidité jeu et dépendance.
Richard Guay
- Directeur général adjoint de la Direction générale des affaires
policières, ministère de la Sécurité publique.
- M. Guay possède plus de 29 années d'expérience tant dans le domaine
policier que dans le domaine de la sécurité corporative. En tant
qu'officier responsable des enquêtes criminelles au sein de la
Gendarmerie royale du Canada, il a eu la responsabilité de la gestion
administrative et opérationnelle de toutes les enquêtes criminelles sur
le territoire québécois (crimes économiques, lutte au terrorisme et
lutte au crime organisé).
Lynne Duguay
- Directrice générale par intérim du Centre de réadaptation Ubald-
Villeneuve.
- Le centre Ubald-Villeneuve offre des services spécialisés de
réadaptation aux personnes, jeunes et adultes de la région de la
Capitale-Nationale qui ont des problèmes d'abus ou de dépendance à
l'alcool, aux drogues ou au jeu de hasard et d'argent.
Renseignements: Anne Marie Dussault Turcotte, Attachée de presse adjointe, Cabinet du ministre des Finances, 418 643-5270; Harold Fortin, Attaché de presse, Cabinet de la ministre déléguée aux Services sociaux, 418 266-7181
Réflexions à caractère éthique
FAITS
Radio Canada nous apprend que, après avoir colligé des données et recensé des études effectuées ailleurs sur la planète, les chercheurs de l'INSPQ ont conclu que :
• l'étatisation ne semble pas diminuer les problèmes liés aux jeux d'argent sur Internet;
• la majorité de l'offre de jeu en ligne n'est pas criminalisée;
• l'augmentation de l'accessibilité sera importante;
• le recrutement de nouveaux joueurs en ligne est probable.
Loto-Québec estime que le jeu en ligne pourrait permettre d'engranger des profits de 30 à 50 millions $. Le président de Loto-Québec, Alain Cousineau, a rappelé que la société d'État mettrait en place des mécanismes de contrôle afin de limiter l'accès aux mineurs au site et veillerait à offrir aux joueurs un environnement «sécuritaire et intègre».
Loto-Québec fera une première arrivée dans les jeux en ligne à l'automne 2010 et se lancera au printemps dans les paris sportifs 2011. Le détail de ces offres de jeu n'est pas encore connu. Au cours des derniers mois, plusieurs pays ont légalisé le jeu en ligne. Parmi eux, l'Australie, la Belgique, le Danemark et la France. (Anabelle Nicoud La Presse, 9 juillet 2010)
Selon Michel Munger, «PokerStars, le grand rival en ligne de Loto-Québec», le 9 juillet 2010, en se lançant dans le jeu en ligne à l’automne, Loto-Québec affrontera 2000 sites illégaux dans la province mais son plus grand rival sera PokerStars.
Lancée à partir du Costa Rica en 2001, PokerStars a déménagé ses bureaux à l’île de Man. Il s’agit d’une dépendance de la Couronne britannique située en mer d’Irlande. L’avantage pour PokerStars est qu’elle ne paie aucun impôt et qu’elle peut accepter les paris des joueurs en provenance des États-Unis. Son propriétaire est la famille israélienne Scheinberg.
L’entreprise empoche des profits dépassant 1,4 G$ par année au sein d’un marché qui équivaut à plus de 25 G$ selon les chiffres de 2009. Loto-Québec dit regarder ailleurs dans le monde pour expliquer son entrée dans le jeu en ligne. Elle espère obtenir un résultat comparable à celui de la société d’État suédoise, qui s’est accaparée 35% du marché depuis 10 ans. Le monopole québécois souhaite donc aller chercher sa part d’un marché provincial évalué à au moins 80 M$ par année.
QUESTION
Une question se pose : qu'en est-il de la pétition lançée en mars 2010 et dont nous n'avons plus entendu parler sur le projet de mise en ligne de jeux de hasard et d'argent par Loto-Québec?
Voici le texte de cette pétition
CONSIDÉRANT l’équilibre à maintenir entre la fonction économique de l’État et l'importance des enjeux de santé publique reliés à la mise en ligne sur Internet de jeux de casinos étatisés accessibles dans tous les foyers québécois;
CONSIDÉRANT l'absence d'un organisme crédible et indépendant responsable de l'évaluation de l'offre de jeu selon une perspective de santé publique, du financement des recherches, de la mise en œuvre de mesures de protection;
CONSIDÉRANT les impacts déjà importants des jeux d'argent et de hasard sur la société québécoise et l'absence d'une étude spécifique et complète sur les dangers des jeux d’argent sur Internet;
Les soussignés demandent à l’Assemblée nationale:
De surseoir immédiatement au projet de la mise en ligne de jeux d'argent et de hasard sur Internet (et téléphonie) par Loto-Québec.
De créer un organisme indépendant relevant de l'Assemblée nationale et composé principalement d'intervenants publics, de chercheurs de la santé publique et d’universitaires (sans aucun lien avec Loto-Québec et sa fondation).
Cet organisme, nommé «Conseil québécois du jeu sécuritaire (CQJS)», serait responsable de coordonner l’ensemble des efforts de prévention, d’étude, de recherche et de proposer des mesures concrètes visant à réduire la dangerosité des jeux de hasard et d’argent dans la population.
Le mandat initial du CQJS serait d'organiser un véritable et honnête débat public sur l’opportunité de mettre en ligne des jeux d'argent et de hasard par Loto-Québec et sur les mesures pouvant limiter l'offre de jeu illégale.
DISCUSSION
L'approche du gouvernement du Québec et de Loto-Québec est purement commerciale et matérialiste. Elle se situe dans un perspective d'un État capitaliste qui cherche à faire de l'argent. Le jeu des citoyens et la vie des citoyens, adeptes de ce jeu, sont traités comme des moyens au service de l'argent, devenu valeur première, là où elle devrait juste être une valeur instrumentale au service de la liberté* et du bien-être des citoyens, au service de la créativité des citoyens, bâtisseurs de culture, se livrant au jeu des sciences et des arts, d'un travail et des loisirs épanouissants. Or, cette approche économique et financière de la mise en ligne du jeu n'a pas pour horizon la création humaine selon ses multiples dimensions, mais la consommation qui, de par sa nature, est dévorante et vorace, expansive et destructrice des ressources créatives des citoyens soumis, dépendants aux dictats du marché. Ce n'est pas par le jeu en ligne que l'on fait un peuple fort et vaillant, ouvert au monde et à l'avenir. On fait de ses citoyens des esclaves heureux!
Le plus grave de cette approche, c'est qu'elle ouvre la voie à la dépendance non seulement des adultes, mais aussi des plus jeunes. Ni la surveillance vigilante des parents, ni les contrôles policiers ne pourront arrêter l'exposition et l'engouement au jeu des jeunes et des moins jeunes le moindrement fragiles. L'État se justifie par le faible taux de dépendance au jeu et des suicides liés au jeu, le faible taux du potentiel suicidaire des joueurs en ligne. Mais les résultats de ces études ne sont pas fiables et mériteraient d'être analysés et comparés, et les protocoles de ces recherches, validés. La société québécoise, qui se vante de son vouloir de prévention du suicide* des jeunes*, devrait se faire un devoir d'imposer un moratoire sur le jeu en ligne, comme il a été demandé par le comité d'experts. La durée (un an an, deux ou trois ans) pourrait être davantage discutée.
«Puis on nous mène en l'île de Cassade, c'est-à-dire en l'île de Tromperie, de Moquerie. On y voit, entre autres singularités, des rocgers carrés, autour desquels ont été faits plus de destructions, plus de pertes de vies et de biens, qu'autour de toutes les Syrtes, Charybdes, Sirènes, Scylles et gouffres de toute la mer. Ces rochers carrés sont des dés à jouer. Rabelais ici s'éève contre les jeux du hasard. (Anatole France, Rabelais*, Paris, Calmann-Lévy, 1929, p. 221)
Début des travaux des experts
Le comité de suivi devait débuter ses travaux en même temps que le lancement de l'offre de jeu en ligne par Loto-Québec. «Après avoir pris connaissance de la recommandation du Protecteur du citoyen, le gouvernement a décidé de devancer la mise sur pied et les travaux du comité d'experts indépendants», a affirmé le ministre Bachand.
Le comité sera présidé par Mme Louise Nadeau, professeure titulaire au Département de psychologie à l'Université de Montréal et experte reconnue dans le domaine des dépendances. «Les questions liées à la dépendance, au jeu pathologique et à la prévention sont au cœur de mes préoccupations. J'ai accepté de présider ce comité afin de servir la population du Québec et d'ainsi partager mon expertise et celle de mes collègues dans ces matières», a souligné la professeure.
Mme Nadeau sera accompagnée dans son mandat par Mme Sylvia Kairouz, professeure adjointe au Département de sociologie et d'anthropologie de l'Université Concordia, par Mme Magali Dufour, professeure au Service de toxicomanie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke, par M. Richard Guay, directeur général adjoint de la Direction générale des affaires policières du ministère de la Sécurité publique et par Mme Lynne Duguay, directrice générale par intérim du Centre de réadaptation Ubald-Villeneuve.
Le comité pourra également profiter de l'expertise de M. Mark Griffith, de la Nottingham Trent University du Royaume-Uni. Ce dernier est un expert reconnu internationalement pour ses travaux sur le jeu en ligne, notamment ceux qui ont été publiés à la suite de l'introduction du jeu en ligne par le gouvernement de la Suède.
Mandat du comité
Le mandat du comité consistera à analyser les impacts sociaux du développement du jeu en ligne au Québec, de même qu'à proposer des stratégies de prévention du jeu pathologique et à analyser les mesures d'ordre réglementaire, technique, économique et juridique permettant de contrer le jeu illégal. Le comité accompagnera Loto-Québec dans l'implantation du jeu en ligne et effectuera un suivi continu du jeu en ligne offert par la société d'État. Un rapport est également attendu au plus tard trois ans après la date de la mise en exploitation du jeu en ligne.
Mettre un frein à l'offre de jeu illégal
Le ministre Bachand a insisté sur la nécessité d'aller de l'avant avec le projet de Loto-Québec. «Nous ne pouvons pas accéder à la demande de moratoire faite par certains intervenants. Un tel moratoire ne permettrait pas de stopper la croissance de l'offre de jeu illégale déjà offerte aux Québécois. Nous avons donné le feu vert à Loto-Québec et modifié la réglementation afin qu'elle puisse offrir une avenue légale et intègre à des jeux déjà offerts sur Internet et qui existent depuis plusieurs », a-t-il souligné. Par ailleurs, le ministre a indiqué que plusieurs pays avaient décidé d'offrir le jeu en ligne au cours des derniers mois, notamment l'Australie, la Belgique, le Danemark et la Finlande.»
De plus, le ministre a fait observer que, contrairement à la situation prévalant actuellement sur certains sites illégaux, Loto-Québec offrira des taux de retour stables, des jeux honnêtes, un accès contrôlé et limité aux personnes majeures, de même que des mesures de contrôle du temps et des montants joués.
Jeu pathologique : un taux de prévalence faible
Le ministre des Finances a également tenu à répondre aux préoccupations soulevées à l'égard du jeu pathologique. Il a mentionné que la situation au Québec s'était améliorée. Ainsi, selon une étude de l'Institut national de santé publique publiée en 2004, le taux de prévalence des joueurs pathologiques au Québec se situait à 0,8 % en 2002, soit parmi les plus faibles au Canada.
«Je me suis assurée auprès de Loto-Québec que des mesures de contrôle et de prévention soient implantées. C'est pourquoi mon collègue et moi avons convenu ensemble de la participation au sein du comité d'une experte en matière de jeu pathologique, afin de prévenir les impacts sur le réseau des services sociaux», a précisé la ministre déléguée aux Services sociaux, Mme Lise Thériault.
Une gestion responsable
Pour le ministre des Finances, le défi est d'atteindre un équilibre entre le volet économique de ce type d'activité et la responsabilité sociale. «Au fil des ans, Loto-Québec a réussi à atteindre cet équilibre. Je demeure convaincu qu'elle réussira à faire de même avec l'offre de jeu en ligne. Par ailleurs, n'oublions pas qu'en 2009-2010, Loto-Québec a versé au gouvernement 1 252 M$ en dividendes. Une partie de cet argent sert à financer des services essentiels comme la santé et l'éducation, plutôt que de profiter au crime organisé, comme c'était le cas auparavant», a-t-il mentionné.
"La mise en place aujourd'hui du comité de suivi témoigne de notre volonté d'agir dans ce projet de façon à préserver l'équilibre entre la prévention des comportements à risque avec le jeu en ligne et le développement de nouveaux marchés. Avec la qualité des membres du comité et l'expertise de Loto-Québec, je suis persuadé que nous atteindrons notre objectif", a conclu le ministre Bachand.
Composition du Comité de suivi du jeu en ligne
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Louise Nadeau, présidente
- Professeure titulaire au Département de psychologie de l'Université de
Montréal et experte reconnue dans le domaine du jeu pathologique.
- Outre ses travaux de recherche portant sur la toxicomanie, l'alcool,
les drogues et le jeu pathologique, Mme Nadeau a été la vice-présidente
des Instituts de recherche en santé du Canada de septembre 2000 à 2006.
Sylvia Kairouz
- Professeure adjointe au Département de sociologie et d'anthropologie de
l'Université Concordia.
- Ses champs d'intérêt sont en épidémiologie sociale moderne de la santé,
notamment la consommation de substances, le jeu pathologique et la
santé mentale.
Magali Dufour
- Professeure au Service de toxicomanie de la Faculté de médecine et des
sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke.
- Ses intérêts de recherche sont entre autres les jeux de hasard et
d'argent, la cyberdépendance, le poker sur Internet, les problèmes de
comorbidité jeu et dépendance.
Richard Guay
- Directeur général adjoint de la Direction générale des affaires
policières, ministère de la Sécurité publique.
- M. Guay possède plus de 29 années d'expérience tant dans le domaine
policier que dans le domaine de la sécurité corporative. En tant
qu'officier responsable des enquêtes criminelles au sein de la
Gendarmerie royale du Canada, il a eu la responsabilité de la gestion
administrative et opérationnelle de toutes les enquêtes criminelles sur
le territoire québécois (crimes économiques, lutte au terrorisme et
lutte au crime organisé).
Lynne Duguay
- Directrice générale par intérim du Centre de réadaptation Ubald-
Villeneuve.
- Le centre Ubald-Villeneuve offre des services spécialisés de
réadaptation aux personnes, jeunes et adultes de la région de la
Capitale-Nationale qui ont des problèmes d'abus ou de dépendance à
l'alcool, aux drogues ou au jeu de hasard et d'argent.
Renseignements: Anne Marie Dussault Turcotte, Attachée de presse adjointe, Cabinet du ministre des Finances, 418 643-5270; Harold Fortin, Attaché de presse, Cabinet de la ministre déléguée aux Services sociaux, 418 266-7181
Réflexions à caractère éthique
FAITS
Radio Canada nous apprend que, après avoir colligé des données et recensé des études effectuées ailleurs sur la planète, les chercheurs de l'INSPQ ont conclu que :
• l'étatisation ne semble pas diminuer les problèmes liés aux jeux d'argent sur Internet;
• la majorité de l'offre de jeu en ligne n'est pas criminalisée;
• l'augmentation de l'accessibilité sera importante;
• le recrutement de nouveaux joueurs en ligne est probable.
Loto-Québec estime que le jeu en ligne pourrait permettre d'engranger des profits de 30 à 50 millions $. Le président de Loto-Québec, Alain Cousineau, a rappelé que la société d'État mettrait en place des mécanismes de contrôle afin de limiter l'accès aux mineurs au site et veillerait à offrir aux joueurs un environnement «sécuritaire et intègre».
Loto-Québec fera une première arrivée dans les jeux en ligne à l'automne 2010 et se lancera au printemps dans les paris sportifs 2011. Le détail de ces offres de jeu n'est pas encore connu. Au cours des derniers mois, plusieurs pays ont légalisé le jeu en ligne. Parmi eux, l'Australie, la Belgique, le Danemark et la France. (Anabelle Nicoud La Presse, 9 juillet 2010)
Selon Michel Munger, «PokerStars, le grand rival en ligne de Loto-Québec», le 9 juillet 2010, en se lançant dans le jeu en ligne à l’automne, Loto-Québec affrontera 2000 sites illégaux dans la province mais son plus grand rival sera PokerStars.
Lancée à partir du Costa Rica en 2001, PokerStars a déménagé ses bureaux à l’île de Man. Il s’agit d’une dépendance de la Couronne britannique située en mer d’Irlande. L’avantage pour PokerStars est qu’elle ne paie aucun impôt et qu’elle peut accepter les paris des joueurs en provenance des États-Unis. Son propriétaire est la famille israélienne Scheinberg.
L’entreprise empoche des profits dépassant 1,4 G$ par année au sein d’un marché qui équivaut à plus de 25 G$ selon les chiffres de 2009. Loto-Québec dit regarder ailleurs dans le monde pour expliquer son entrée dans le jeu en ligne. Elle espère obtenir un résultat comparable à celui de la société d’État suédoise, qui s’est accaparée 35% du marché depuis 10 ans. Le monopole québécois souhaite donc aller chercher sa part d’un marché provincial évalué à au moins 80 M$ par année.
QUESTION
Une question se pose : qu'en est-il de la pétition lançée en mars 2010 et dont nous n'avons plus entendu parler sur le projet de mise en ligne de jeux de hasard et d'argent par Loto-Québec?
Voici le texte de cette pétition
CONSIDÉRANT l’équilibre à maintenir entre la fonction économique de l’État et l'importance des enjeux de santé publique reliés à la mise en ligne sur Internet de jeux de casinos étatisés accessibles dans tous les foyers québécois;
CONSIDÉRANT l'absence d'un organisme crédible et indépendant responsable de l'évaluation de l'offre de jeu selon une perspective de santé publique, du financement des recherches, de la mise en œuvre de mesures de protection;
CONSIDÉRANT les impacts déjà importants des jeux d'argent et de hasard sur la société québécoise et l'absence d'une étude spécifique et complète sur les dangers des jeux d’argent sur Internet;
Les soussignés demandent à l’Assemblée nationale:
De surseoir immédiatement au projet de la mise en ligne de jeux d'argent et de hasard sur Internet (et téléphonie) par Loto-Québec.
De créer un organisme indépendant relevant de l'Assemblée nationale et composé principalement d'intervenants publics, de chercheurs de la santé publique et d’universitaires (sans aucun lien avec Loto-Québec et sa fondation).
Cet organisme, nommé «Conseil québécois du jeu sécuritaire (CQJS)», serait responsable de coordonner l’ensemble des efforts de prévention, d’étude, de recherche et de proposer des mesures concrètes visant à réduire la dangerosité des jeux de hasard et d’argent dans la population.
Le mandat initial du CQJS serait d'organiser un véritable et honnête débat public sur l’opportunité de mettre en ligne des jeux d'argent et de hasard par Loto-Québec et sur les mesures pouvant limiter l'offre de jeu illégale.
DISCUSSION
L'approche du gouvernement du Québec et de Loto-Québec est purement commerciale et matérialiste. Elle se situe dans un perspective d'un État capitaliste qui cherche à faire de l'argent. Le jeu des citoyens et la vie des citoyens, adeptes de ce jeu, sont traités comme des moyens au service de l'argent, devenu valeur première, là où elle devrait juste être une valeur instrumentale au service de la liberté* et du bien-être des citoyens, au service de la créativité des citoyens, bâtisseurs de culture, se livrant au jeu des sciences et des arts, d'un travail et des loisirs épanouissants. Or, cette approche économique et financière de la mise en ligne du jeu n'a pas pour horizon la création humaine selon ses multiples dimensions, mais la consommation qui, de par sa nature, est dévorante et vorace, expansive et destructrice des ressources créatives des citoyens soumis, dépendants aux dictats du marché. Ce n'est pas par le jeu en ligne que l'on fait un peuple fort et vaillant, ouvert au monde et à l'avenir. On fait de ses citoyens des esclaves heureux!
Le plus grave de cette approche, c'est qu'elle ouvre la voie à la dépendance non seulement des adultes, mais aussi des plus jeunes. Ni la surveillance vigilante des parents, ni les contrôles policiers ne pourront arrêter l'exposition et l'engouement au jeu des jeunes et des moins jeunes le moindrement fragiles. L'État se justifie par le faible taux de dépendance au jeu et des suicides liés au jeu, le faible taux du potentiel suicidaire des joueurs en ligne. Mais les résultats de ces études ne sont pas fiables et mériteraient d'être analysés et comparés, et les protocoles de ces recherches, validés. La société québécoise, qui se vante de son vouloir de prévention du suicide* des jeunes*, devrait se faire un devoir d'imposer un moratoire sur le jeu en ligne, comme il a été demandé par le comité d'experts. La durée (un an an, deux ou trois ans) pourrait être davantage discutée.
«Puis on nous mène en l'île de Cassade, c'est-à-dire en l'île de Tromperie, de Moquerie. On y voit, entre autres singularités, des rocgers carrés, autour desquels ont été faits plus de destructions, plus de pertes de vies et de biens, qu'autour de toutes les Syrtes, Charybdes, Sirènes, Scylles et gouffres de toute la mer. Ces rochers carrés sont des dés à jouer. Rabelais ici s'éève contre les jeux du hasard. (Anatole France, Rabelais*, Paris, Calmann-Lévy, 1929, p. 221)