«Les deux personnages de ce poème n'ont pas d'identité et ne sont que des formes décrites au travers de ce qui suggère leur réduction à l'état de spectres, figures fantastiques d'un mort ou d'un esprit qu'on croit voir. S'agit-il d'un homme et d'une femme ou de deux hommes, appartiennent-ils au monde des vivants ou des morts ? Paul Verlaine* (1844-1896) veut peut-être, par cet artifice évoquer la mort symbolique de l'amour qui donnait leur raison d'être aux deux personnages. Il peut s'agir d'un dialogue post-mortem que renforce l'illusion théâtrale. L'auteur insiste cependant sur leur laideur et leur évanescence et ce qui semble promettre le bonheur, l'échange amoureux, est désormais, privé de vie. Dans "l'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir", l'amour mais aussi la vie peuvent avoir disparus.»
http://verlaineexplique.free.fr/fetesgal/colloque.html
C'est à ce poème que Stefan Zweig* a recours à la fin de sa nouvelle Le voyage dans le passé en éprouvant l'impossibilité du retour au passé à jamais perdu.
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C'est à ce poème que Stefan Zweig* a recours à la fin de sa nouvelle Le voyage dans le passé en éprouvant l'impossibilité du retour au passé à jamais perdu.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
- Te souvient-il de notre extase ancienne?
- Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne?
- Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve? - Non.
Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible.
- Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
- L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
(à la fin de Fêtes Galantes, 1869)