Essentiel
La grande nouveauté, en ce qui a trait à la santé, c’est l’idéal d’une santé parfaite, prélude à une immortalité terrestre. Cet idéal, étranger aux anciens, s’est imposé, en Occident d’abord, au fur et à mesure que
la mort, jadis familière, apprivoisée, est devenue une épée de Damoclès. Pour les
Grecs, et il en sera ainsi au Moyen Âge, la santé, chose relative et non absolue, condition d’accès à des biens supérieurs, et non fin en elle-même, était une fragile harmonie entre les diverses parties de l’âme et du corps. La santé parfaite était un privilège des dieux. Il en a toujours été ainsi dans la plupart des cultures, où l’on se souciait plus de composer avec la maladie, de lui donner un sens, que de l’éradiquer.
L’idéal de santé parfaite devait favoriser le développement d’une médecine hautement technicisée, fondée sur le dogme du corps machine et, en réaction contre cette médecine, le développement des médecines douces. Dans ce contexte, la santé est devenue le centre de gravité dans la vie de beaucoup de gens. La musique elle-même est passée dans l’orbite des soins de santé. On est désormais
malade de la santé.
Enjeux
La question cruciale ici est celle de l’importance qu’il convient d’attacher aux divers
déterminants de santé. La médecine n’est que l’un de ces déterminants. Il y en a de nombreux autres, dont certains sont plus importants peut-être:
l’environnement physique, les gènes, les habitudes de vie, l’environnement social, l’environnement symbolique ou culturel, la spiritualité. La part des ressources financières accordées à chacun de ces déterminants ne reflète pas l’importance relative qu’il conviendrait de leur accorder à chacun. La médecine à elle seule accapare plus de ressources que l’ensemble des autres déterminants.