Le monde est un miracle

Hélène Laberge

Article publié en 2013 et mis à jour en 2020. Au moment où, contre toute attente, s’ouvre une enquête pour la béatification de ce bon vivant que fut G. K.Chesterton, un groupe de professeurs de philosophie du cégep Édouard Montpetit de Longueuil se passionnent pour ce ré-enchanteur du monde. Ils profitent de l’occasion pour permettre aux lecteurs de langue française de découvrir l’un des écologistes américains les plus inspirants, Wendell Berry, auteur de Life is a miracle et récipiendaire en 2010 de la National Humanities Medal, la plus haute distinction américaine pour un intellectuel... Vous aimez Etti Hillesum, vous serez touchés par le témoignage de Thierry Layana à son sujet.

Le monde est un miracle: ouvrage collectif dirigé par Mathieu Scaire et paru aux éditions Liber de Montréal en septembre 2013.

 

La vie jaillit toujours au-delà de toute attente (Wendell Berry) 

Compte-rendu par Hélène Laberge

 N.B. Comme la plupart des articles réunis dans ce livre sont courts, un rappel du nom des auteurs nous a paru suffisant. Nous n’avons donc pas indiqué la page de chacun des passages cités.

 Le miracle, c'est ce livre lui-même publié sous la direction de Mathieu Scraire, professeur de philosophie au collège Édouard Montpetit et qui porte en sous-titre Enfance, réenchantement du monde et sens de la vie. Ce livre est dédié aux «frères de la communauté Saint-Jean du Québec, qui par le biais de leur colloque annuel de philosophie témoignent de la vitalité de la pensée et de la quête de sens.»

 Vitalité de la pensée, on ajouterait également reviviscence de philosophes passés ou actuels les Chesterton, Wendell Berry, de Koninck, Dufresne.

 Et pour le lecteur, bienheureuse découverte de Éric Paquette, (collège Édouard Montpetit), Thierry Layani, collège Édouard Montpetit) Marc-Antoine Vallée (chercheur post doctoral au EHESS, Fonds Ricoeur, Paris), Thomas Joachim, prieur général de la communauté Saint-Jean; Gàbor Csepregi, vice-recteur à l'enseignement et à la recherche, université de Saint Boniface au Manitoba.

 Ce livre est une réponse à «un monde désenchanté, à une modernité morose» dénoncée par certains penseurs : «il s'agit ici, écrit Mathieu Scraire dans l'introduction, de penser, moins la morosité, que la joie liée à ce que pourrait être une philosophie du réenchantement du monde [...] si tant est évidemment que cette idée apparaisse féconde, voire simplement possible.» Une nuance qui situe déjà l'ensemble des articles bien au-delà des discours des marchands de bonheur.

La dure tâche du critique est de couler dans un écrit la fraîcheur de l'enthousiasme qu'un livre a suscité. Les propos profonds et limpides de Thomas de Koninck sur l'amour, la riche moisson des auteurs de toutes les époques qu'il nous offre, les grands fondateurs de la pensée essentielle, Platon, Socrate, Plotin, Aristote, saint Augustin mais aussi les modernes, Hegel, Blondel, Lacan, Ricoeur, Foucault, Camus, Éric Weil... La nourriture de toute une vie! Et cette définition de Proust : l'amour «est le temps rendu sensible au cœur». [...] Il s'agit [...] de désirer «courir l'aventure d'un amour fou durable et connaître ainsi l'alliance du vertige et de la durée.»

 On est frappé par le style et la pensée de Mathieu Scraire, la calme assurance avec laquelle il dénonce une idée reçue celle selon laquelle la joie et l'enchantement se trouve dans les œuvres de fictions, littérature, cinéma, télévision, ces refuges contre la réalité qui nous ennuie. «Je voudrais contester cette dichotomie entre réalité ennuyeuse et fiction exaltante. C'est la réalité qui est exaltante; la fiction ne sert qu'à nous le rappeler par un recours à l'imaginaire. [...] Nous considérons souvent la fiction comme une manière d'accès à «un autre monde» où régneraient l'aventure, l'exaltation, la magie. [...] Mais c'est notre monde qui est magique; [...] Reconnaître que le monde est un miracle est l'attitude la plus raisonnable qui soit.» Cet enchantement, Scraire le situe à l'École de l'enfance :«l'enfant peut nous apprendre à ré-enchanter le monde – plus exactement, notre vision du monde.[...] Les enfants sont d'emblée proches de ce mystère de l'être; c'est pourquoi ils bousculent nos catégories. Ils ne sont pas un matériau infiniment malléable. Ils peuvent faire jaillir le merveilleux à travers les interstices de nos catégories logiques et de nos théories. » L'originalité de Scraire est de regarder la nécessité de ce réenchantement à la lumière de son esprit critique et de celui de plusieurs auteurs. Mais toutefois «le soupçon doit céder la place à la confiance [...] c'est l'espoir qui nous fait sortir du cercle. 111 Ses notes de bas de page sont aussi intéressantes que le fil de sa pensée.

 Dans un tout autre registre plus scientifique, au bon sens du mot, Gàbor Csepregi fait une savante analyse du jeu : bonheur et promesse de l'enfance. Et condition essentielle de son développement affectif et moteur. Ses références sont malheureusement pour la plupart des ouvrages d'auteurs allemands qui ne semblent pas avoir été traduits en français. En revanche, les développements ont la rigueur qui convient à une thèse de doctorat.

 Si vous ne savez pas qui est Etty Hillesum, confiez-vous au remarquable article que lui consacre Thierry Layani dans le chapitre «Lettre à sa fille : Il suffit de croire au miracle.» Etty est une jeune juive qui vivait à Amsterdam et était hébergée dans une famille allemande qui l'aimait et qu'elle aimait. Elle aurait pu être protégée des rafles nazies et poursuivre sa vie et ses amours très libres en dehors des horreurs de la shoah. Elle a choisi de vivre dans le camp hollandais de Westerbrok et de partager le sort des familles juives qui étaient une fois par semaine triées au hasard et déportées vers Auschwitz par le train. «La vie est belle», soutiendra-t-elle jusqu'à la fin, c'est-à-dire jusqu'au moment où en 1943 elle et sa famille partageront le sort des Juifs de Westerbrock et seront également déportées vers le camp de la mort. Elle a laissé un journal exceptionnel par la vérité et la qualité de l'écriture. On vit avec elle sa progressive découverte de la beauté du monde et de l'existence de Dieu. Comme Simone Weil, sa compatriote inconnue, morte en Angleterre la même année, elle fera l'expérience de Dieu directement, sans affiliation à aucune religion. À Westerbrock elle verra dans tous leurs détails et dans toute leur horreur les souffrances de ses compatriotes. Ce que montre admirablement Thierry Layani, c'est que la souffrance non seulement n'exclut pas la joie mais forme avec elle un couple indissociable. Mais pourquoi écrire une lettre à une enfant dont il attend la naissance et sur un sujet aussi tragique? « [...] C'est que je suis inquiet. Mais mon inquiétude n'exprime ni angoisse, ni désespoir, elle est pur souci de te voir éclore dan un monde qui semble étouffer la vie à petit feu. » Un monde dont le désenchantement s'exprime par «le dessèchement du cœur, la mort de l'âme, l'esprit qui vacille, l'homme tout entier qui s'éclipse pour laisser place au vide, à l'abstraction, aux mécanismes, aux processus, au système, au fonctionnement, à la technique, à la fatalité.» Céder à la tentation du désenchantement, «c'est rompre avec le mystère.» C'est rompre aussi avec l'histoire du peuple juif, cette histoire que l'auteur souhaite transmettre à sa fille «ce morceau d'âme qu'elle a su conserver si précieusement, en dépit de tout.»

 D'où le choix de présenter Etty Hillesum , cette ''jeune voyageuse '' qui aurait tant aimé survivre pour nous expliquer à quel point, «en dépit de tout, la vie est belle». «Je ne te la présente ni comme un modèle, ni comme une héroïne, ni comme une sainte. Elle est une exception. Je ne crois pas qu'on puisse l'imiter [...] Sa vie est un mystère, sa vie est un hymne au mystère.» Celle qui a écrit «J'ose regarder chaque souffrance au fond des yeux; la souffrance ne me fait pas peur» nous apprend la toute  première chose qu'il faudra retenir de son témoignage : reconnaître l'épreuve c'est vivre pleinement le mystère du sens, c'est entrer dans le mystère du don; ce n'est pas s'enrober de vaines consolations, c'est espérer infiniment jusqu'au bout de ses forces, ''en dépit de tout''. . Elle qui avait toutes les raisons de haïr son ennemi, l'ennemi de tout son peuple, a dépassé la haine:«Je ne parviens pas à haïr les hommes. Car la haine est si facile. Elle consiste [...] à imaginer la méchanceté au tréfonds de leur âme comme s'ils n'étaient plus vraiment des hommes, mais des démons.»  Dans l'être humain qui aime, «C'est Dieu qui aime Dieu», écrira-t-elle. «Et Dieu créa l'homme à son image, ajoutera-t-elle. Oui, cette parole a connu chez moi une matinée difficile.» Mais elle constatera cette chose étonnante en elle-même:«Une fois que cet amour de l'humanité a commencé à s'épanouir en vous, il croît à l'infini.» 2

Et l'auteur de citer son émerveillement devant un jasmin qu'elle contemple dans ce camp de Westerbrok : , «si radieux, si virginal, si libre et si tendre au milieu de toute cette grisaille et cette pénombre boueuse[...] Je n'arrive pas à saisir combien ce jasmin est beau. Mais cela n'est pas nécessaire. Il suffit de croire aux miracles en ce vingtième siècle.»

 De Etty Hillesum à Chesterton3. C'est une grande joie de redécouvrir Chesterton à travers le regard ébloui de Éric Paquette dans son texte intitulé L'éblouissant Chesterton. «Il est de ces rares écrivains, de ces bons écrivains comme eût dit Kierkegard, qui véritablement possède un point de vue sur le monde. [...] À travers une pluralité de médiations souvent très circonstanciées, Chesterton y esquisse pour ainsi dire une ''caractériologie'' critique générale de l'esprit moderne [...] insatiable de renouveau et de puissance; excédé et tenté par le dépassement radical de la bête humaine en tant que telle.» 82 Parmi les nombreuses œuvres de Chesterton Éric Paquette a choisi The Ethics of Elfland – La morale au pays des elfes (trad. d'Azay) ou la morale des elfes (trad, Vérain).» Il s'agit en apparence d'un conte de fées et en réalité d'une éthique de l'émerveillement de la part d'un penseur qui disait : «Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles, mais bien plutôt par manque d'émerveillement.»  Quels sont les principes fondamentaux de cette morale? «plaider l'esprit d'enfance contre l'esprit pratique et positif, la vie contre sa réification, la joie spacieuse 4 contre le scientisme lénifiant. Il n'existe pas deux mondes, celui du monde féerique et celui des «érudits à lunettes», dont il déplore ''le matérialisme désenchanté'' . Il existe «un seul monde mystérieux et merveilleux, éperdument admirable. [...] Remonter en raison à la source lumineuse de l'émerveillement, tel est le principe des grands principes de cette éthique.»  Et par là même, la morale des elfes, celle de Chesterton, c'est de lutter contre «le péché originel du positivisme scientifique», lequel proscrit «l'évidence du mystère au nom de la superstition des faits.» «À quelle condition peut-on espérer connaître la joie? À condition de savoir reconnaître que toute joie est conditionnelle! À savoir qu'elle suppose l'assomption d'une limite, ou le don de la mesure.» Cette morale ne peut que déboucher sur le surnaturel. Il y a, conclut l'auteur de l'article, quelque chose de profondément pascalien dans cette dialectique de ''rationaliste croyant'' qui reconnaît voir trop pour nier et trop peu pour démontrer. [...] Le mystère du surnaturel ne se trouve ni arbitrairement ni nécessairement dans le Mystère de l'histoire. »  «Si quelqu'un prétend que l'anéantissement est préférable à l'existence, ou une existence insipide est préférable à la variété et à l'aventure, [...] si quelqu'un préfère le néant, je ne peux rien lui donner.»

Mathieu Scraire nous propose un mets rare et d'autant plus savoureux : une remarquable traduction de Life is a miracle de l'essayiste et poète américain Wendell Berry. Une dénonciation du réductionnisme et une célébration de la beauté de la nature par un philosophe qui est aussi un poète, c'est-à-dire un être humain en qui la raison et l'intuition sont unies.

 «Le réductionnisme, nous dit -il, comme le matérialisme, a des usages appropriés et peut aussi être utilisé de façon inappropriée. Il a son utilité en tant que mode (l'un des modes en fait) de compréhension. [...] Comme le matérialisme , le réductionnisme appartient légitimement à la science; en tant qu'acte de foi, il est néfaste.»  Les processus de réduction [...] sont indispensables aux scientifiques – et à chacun de nous aussi. [...] Ils nous permettent de «connaître les lois ou les principes grâce auxquels les choses s'harmonisent, vivent et agissent. De réelles recherches sont inhérentes à la pensée et au travail de l'homme. Mais le réductionnisme a aussi une limite inhérente qui est considérable, et c'est l'abstraction : sa tendance à laisser le particulier être absorbé ou obscurci par le général.» [...] «Le scientifique qui procède à la  synthèse et à l'intégration ne fait qu'ordonner et expliquer ce qu'il connaît. Il ne reconstitue pas [...] ce qui constituait un tout au départ.59» Berry oppose alors à cette réduction inhérente à la science l'unité inhérente à la vie d'une créature individuelle. «Sa totalité est inhérente à sa vie, non à sa physiologie ou sa biologie. Cette totalité des créatures et des lieux pris ensemble n'apparaîtra jamais une intelligence froidement déterminée à être empirique ou objective. Elle ne se révèle qu'à la sensibilité et à la familiarité. »

 Berry est lui-même un être unifié. On sait qu'il vit sur la ferme familiale depuis quatre décennies. Après s'être demandé si on est vraiment en mesure de défendre les êtres et les lieux qu'on a étudiés sans passion, il est, écrit-il, «tout à fait imaginable qu'on se batte pour défendre des êtres et des lieux qu'on a intégrés dans sa vie » [...] Et la vision poétique, le regard attentif et aimant du poète alors resurgit devant la vie de son coin de nature. De la fenêtre de mon bureau «il m'est arrivé de voir des merveilles : des daims traversant à la nage, des oies sauvages cherchant leur nourriture, une paire de chouettes qui venaient de naître, des loutres au jeu, un coyote qui se promenait.[...]» Il nous dit aussi être bien conscient que chaque être humain a ses particularités de vie à travers le monde. 64«Certains d'entre nous sont mobiles; d'autres, (comme les arbres) doivent se contenter d'être simplement flexibles. [...] Je connais l'utilité du langage réducteur... je sais qu'un oiseau rouge aux ailes noires est un Tangara écarlate. [...] Mais je vois aussi que la vie de cet endroit jaillit toujours au-delà de toute attente, [...] qu'elle est unique, donnée au monde, minute après minute, seulement une fois, jamais répétée. Et c'est alors que je vois que cette vie est un miracle, d'une valeur absolue, valant absolument la peine d'être protégée.»

 Thomas Joachim, dans son article L'espérance du bonheur nous présente une judicieuse dialectique de l'éternelle recherche du bonheur. Il nous en montre toutes les illusions, la fragilité, mais aussi, seconde branche de l'alternative,(in medio stat virtus) les conditions de son achèvement. Il donne d'abord la parole à Nietzsche qui, dans Humain, trop humain, «considère l'espérance du bonheur comme ''le pire des maux'' ». Et il cite longuement le commentaire de ce philosophe sur la mythologique boîte de Pandore qui, ouverte, laissa s'échapper tous les maux de l'humanité sauf un seul l'espérance! Zeus ordonna en effet à Pandore de remettre le couvercle et de rester dedans. Commentaire de Nietzsche : «Zeus voulait en effet que l'homme, quelque torture qu'il endurât des autres maux, ne rejetât cependant pas la vie, continuât à se laisser torturer toujours à nouveau. C'est pourquoi il donne à l'homme l'Espérance : elle est en vérité le pire des maux, parce qu'elle prolonge les tortures des hommes.»

 La recherche du bonheur serait-elle alors vaine? et Thomas Joachim s'en rapporte à divers penseurs pour conclure que «Le réel présent déçoit presque toujours le bonheur à venir que nous avions imaginé.» Ou serait-elle nocive? ''Ainsi nous ne vivons jamais, comme dit Pascal, mais nous espérons vivre. Et nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais.''»

En plus, «il semble bien qu'il n'y ait pas de coïncidence nécessaire entre la bonté morale et le bonheur»159 Mais alors qu'en est-il de l'espérance du bonheur? «Faut-il donc conclure que la recherche du bonheur est une voie impraticable? Selon saint Thomas, «il fait partie de ces choses que l'on ne peut pas ne pas vouloir» Sommes-nous donc condamnés au désespoir? L'auteur répond longuement par un détour sur la peur liée au désespoir, la peur du néant, et la peur comme être humain de ne pas être aimé. «Pour être heureux, il faut se savoir accueilli et aimé[...], C'est là le fondement de l'amour de soi qui lui-même est la condition essentielle à l'amour d'autrui. On entre dans le mystère du «bonheur absolu qui passe par le don de soi car alors, dans ce cas, le bonheur est déjà donné d'une certaine façon, même si ce n'est qu'en espérance. ''C'est en espérance que nous sommes heureux; il en est du bonheur comme du salut : nous ne le possédons pas comme présent, nous l'attendons comme à venir et cela pas la patience.'' (saint Augustin) . Thomas Joachim conclut par une remarque théologique, analogue à la résolution qui en musique est la fleur de l'oeuvre : … «c'est au titre même de message de la croix que l'Évangile est un joyeux message pour celui qui croit; l'unique joyeux message qui seul enlève aux autres joies leur ambiguïté et les rend capables de réjouir vraiment.» (Cardinal Ratzinger, Les principes de la théologie catholique, Paris, Pierre Tréqui, 1982, p. 86-87).

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1) Le monde est un miracle, Édition Liber, Montréal, 2013, www.editionsliber.com

 2) Simone Weil à la même époque parlera de l'amour comme d'une graine qui une fois semée en votre âme croît par elle-même!

3) On sait que de nombreux admirateurs de C. à travers le monde plaident même en faveur de sa béatification. Ce serait une première dans l'histoire du catholicisme que de béatifier un homme marié, célèbre pour son amour de la table et des bons vins et joyeux défenseur de la vérité sous toutes ses formes. Donner des liens.

 

» 

 

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