La musique, dit-il, me transporte sans transition dans l'état d'âme de celui qui l'a écrite. Mon âme se confond avec la sienne, et ensemble nous passons d'un état dans l'autre; mais pourquoi je le fais, je n'en sais rien. L'homme qui a composé cette Sonate à Kreutzer Beethoven il savait, lui, pourquoi il se trouvait dans cet état; sa disposition d'esprit l'a amené à l'accomplissement de certains actes, elle avait donc pour lui un sens, mais pour moi elle n'en avait aucun. Voilà pourquoi la musique ne fait qu'exaspérer, et ne conclut pas. [...] C'est pourquoi la musique est si redoutable, et son action si terrible parfois. En Chine, la musique est une affaire d'État. (Nous sommes à la fin du XIXe siècle) Et c'est ainsi que cela doit être. Est-il admissible que le premier venu hypnotise un individu ou plusieurs et en fasse après cela ce qu'il voudra? Et surtout quand cet hypnotiseur peut être le dernier des débauchés.
Sous l'influence de la musique, il me semble que j'éprouve ce qu'en réalité je n'éprouve pas, que je comprends ce que je ne comprends pas, que je peux ce que je ne peux pas. (La Sonate à Kreutzer)
Que dirait donc Tolstoï de la musique rock?