L'Encyclopédie sur la mort


Baudelaire Charles



Charles BAUDELAIRE (1821-1867)
Du point de vue de la critique littéraire, Paul Bourget (1852-1935) voit en Baudelaire «un des éducateurs préférés de la génération qui vient» dont l'oeuvre pourra pénétrer «l'atmosphère morale d'une époque» ( P. Bourget, «Charles Baudelaire» III, «Théorie de la décadence dans Oeuvres complètes. Critique, tome I, Essais de psychologie contemporaine, Plon, 1899, p. 14-20, cité par Marie-Claire Bancquart, Écrivains fin-de-siècle, Paris, Gallimard, 2010, p. 9)

«Pour Baudelaire, l'albatros symbolise la dualité de l'homme qui, cloué au sol, aspire à l'infini. Destiné à voler, l'albatros est ridicule sur le pont d'un bateau et voué aux cruelles moqueries des matelots, comme le poète parmi les hommes» (D. Leeuwers, Poètes français des XIX° et XX° siècles, Prèface de Serge Gaubert, choix, commentaires et notes de Daniel Leeuwers, Paris, Le Livre de poche, 1987, p. 47)

L'albatros

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

(Les fleurs du mal, 1857)

Bibliographie

Walter Benjamin, Charles Baudelaire. Un poète lyrique à l'apogée du capitalisme, trad. par Jean Lacoste, Petite Bibliothèque Payot, 1979.

Claude Pichois et Jean Ziegler, Charles Baudelaire, Julliard 1987. Fayard 1996, pour la nouvelle édition 2005.

Jean-Paul Sartre, Baudelaire, Gallimard, 1947 (rééd. Folio Essais, 1988).

Jean Starobinski, La Mélancolie au miroir. Trois Études sur Baudelaire, Julliard, 1989.

Alice Machado, Baudelaire entre aube et crépuscule, Paris, F. Lanore, 2009.

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-06-29

Notes

 

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