Le Christ gisait dans les liens de la mort
«Christ lag in Todesbanden» (BWV 4), une des toutes premières cantates de Bach, a été composée pour Pâques, en 1707 à Mühlhausen, en 1707. Adaptation d'un choral de Martin Luther, écrit en 1524, elle «culmine dans une bataille entre les forces de la vie et de la mort dont le Christ ressuscité sort vainqueur. [...] Elle se présente tel un drame musical audacieux et novateur mettant en musique l’intégralité des sept versets de Luther, chacun débutant et se refermant dans la même tonalité de mi mineur. Pour l’avoir dirigée plus souvent que toute autre cantate, je m’y sens particulièrement à l’aise – et jamais ne m’en lasse. Mais nulle part ce sentiment d’un Bach puisant à la source vive de la musique du Moyen Âge (l’hymne est issu du Victimae paschali laudes, plain-chant du XIe siècle) et de sa parfaite identification avec l’esprit et la lettre de l’hymne ardente et dramatique de Luther ne fut aussi forte et émouvante que lors de cette exécution d’Eisenach.»
Source : John Eliot Gardiner, 2007 d’après le journal tenu durant le «Bach Cantata Pilgrimage»,
traduction : Michel Roubinet
http://www.monteverdiproductions.co.uk
Dans son article «L'image de la mort et de la Résurrection du Christ dans la cantate BWV 4 de Jean-Sébastien Bach», Bruno Moysan essaie «de montrer dans quelle mesure la Cantate BWV 4, dans ses différents procédés musicaux de mise en valeur du texte, propose une interprétation, elle aussi théologique, du mystère de Pâques qui fait de la lecture musicale de Bach une variable essentielle du discours sur la mort et la Résurrection du Christ issu de la séquence médiévale.» Dans son introduction, il décrit la cantate de la façon suivante:
«La Cantate BWV 4 de Bach a pour destination la férié de la fête de Pâques. Centrée sur la résurrection, elle commence par une évocation du Samedi Saint {Christ lag in Todesbanden), jour d'absence, pour les apôtres et pour l'humanité, où Dieu fait homme partage notre condition jusqu'à la réalité physique et plus encore spirituelle de la Mort. Le reste de l'œuvre est consacré à la résurrection du Christ dans ses différentes relations avec le sacrifice de la Croix et l'eucharistie. Construite à partir du choral de Luther Christ lag in Todesbanden, elle reprend, en raison de l'origine même du choral, un matériau plus ancien : la séquence médiévale Victimae paschali laudes (ca. 1040) et le cantique allemand Christ ist erstanden (XIIe siècle). Plusieurs siècles de méditations théologiques sur le mystère pascal sont donc sédimentés dans la composition de Bach.
Source: http://www.supportscoursenligne.sciences-po.fr/
Pachelbel avait fondé sa cantate sur le même hymne de Luther. Bach s'est-il inspiré de l'oeuvre de Pachelbel? En a-t-il subi l'influence? Certains le pensent, comme semble l'indiquer une note cueillie sur Internet: «Il suffit d'ailleurs d'écouter en parallèle les Christ lag in Todesbanden de Pachelbel et de Bach (BWV 4), pour réaliser la dette du second envers le premier et mesurer plus justement l'influence de la musique de Pachelbel, que des liens amicaux étroits unissaient à la famille Bach, sur les années d'apprentissage du jeune Johann Sebastian.»
Source: http://jardinbaroque.mabulle.com