Cet essai a été lu par l'auteure à la salle Mandoline du Marché Jean-Talon à Montréal, lors de la Journée mondiale de la poésie et la Journée internationale pour mettre fin à la discrimination raciale, célébrée par des membres des Noches de poesia, dont elle fait partie, et devant le public, le 21 mars 2008.
D’abord, que sont les « Peuples autochtones »? Ce sont les premiers habitants d’un pays et leurs descendants. Nous parlerons des Indiens du Québec*, qui se font appeler maintenant les Premières Nations, les Métis et les Inuits*. Ils forment 11 nations, soit les Inuits (Nunavut), les Innu*, les Naskapis, les Micmacs (Gaspésie), les Malécites (côté rive Sud), les Hurons (Wendake ou Loretteville), les Abénaquis (rive Sud), les Mohawks (Montérégie), les Atikamekw, les Algonquins (Abitibi-Témiscamingue jusqu’à Val d’Or), et, finalement, les Cris (en dessous, sur la carte du Québec, des Inuits, au centre-ouest).
On ne peut parler des droits des autochtones sans parler de la Loi sur les Indiens ; elle découle d’abord de la Proclamation royale de 1763, signée à l’époque par Georges III, laquelle constitue la première constitution du pays. En 1876, la loi fédérale visait l’assimilation des Indiens par leur émancipation. Ce qui constituait ni plus ni moins un génocide* programmé, c’est-à dire une mort lente, autant physique, psychologique, que culturelle, des 11 Nations. Ce n’est qu’en 1985 que le fédéral retirera de la loi ce qui a trait à cette émancipation, afin de faire des Indiens nos égaux en droits.
Mais comment cette émancipation, tirée de la première mouture de la Loi sur les Indiens, atteignait-elle son but? En leur faisant perdre leur statut d’Indien. Nous y reviendrons. Cette loi les infériorise car les terres des réserves ne leur appartiennent pas; leurs biens sont insaisissables, donc ils doivent contourner la loi pour prendre une hypothèque ou faire des emprunts, et ils le font par le biais de tiers Indiens. Du point de vue juridique, on appelle cela « être en situation de mineur », donc sous la tutelle protectrice du fédéral.
Qui a un statut d’Indien? Celui qui est inscrit dans le « registre » des Affaires indiennes. Tous les autres sont des non-inscrits ou des sans statut. Par exemple, une Indienne qui marie un non-Indien non seulement perd son statut d’Indienne, mais ne peut le transmettre à ses enfants; par contre, si un Indien marie une non-Indienne, et bien, c’est tout le contraire qui se produit. Quelles sont les conséquences pour l’Indienne de notre exemple? Elle doit quitter sa communauté, ne peut y exercer aucun droit, ni être enterrée parmi les siens : c’est l’instauration de la discrimination basée sur le sexe.
En 1974 naît l’Association des femmes autochtones du Québec. Grâce à celle-ci, et sous l’impulsion de l’Indienne Mary Two-Axe Early, ce déni de droits fondamentaux envers les femmes autochtones, entre autres le droit fondamental de toute personne à la jouissance et à la libre disposition de ses biens, sera révolu en 1985 sur le papier. Mais dans les faits, il en est tout autrement. En 1999, le Comité des droits de l’homme de l’ONU a jugé que cette extinction des droits reflétait une non-reconnaissance du droit à l’égalité.
En 1982, le Canada reconnaîtra que les Indiens forment des peuples. En 1985, l’Assemblée nationale du Québec reconnaîtra que les autochtones forment des nations.
Cependant, malgré le fait que l’Assemblée générale de l’ONU a adopté, le jeudi 13 septembre 2007, une déclaration non contraignante qui vise à protéger les droits des quelque 370 millions d’autochtones dans le monde, le Canada, les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande s’y opposeront. Le Canada ne l’a pas adoptée pour des questions, entre autres, de revendications territoriales futures de la part des autochtones et de la gestion par ces derniers de leurs propres ressources.
Le Québec n’a signé jusqu’à présent que deux traités avec les Indiens : en 1975, il s’agit de la Convention de la baie James et du Nord québécois, qui permet à la nation crie et aux Inuits du Nord de mieux s’en tirer que les autres au point de vue financier. En 1978, La Convention du Nord-est québécois est signée par la nation naskapie. En 1975, la Convention de la baie James éteint les droits ancestraux, les droits fonciers des nations qui n’étaient pas parties à l’entente. Les Algonquins n’étant partie d’aucun traité vivent dans une très grande pauvreté, assimilable à celle du Tiers-Monde : la plupart de leurs réserves n’ont ni eau courante, ni électricité. Ils voudraient négocier avec le gouvernement québécois une entente sur la cogestion des ressources forestières faisant partie de leurs terres ancestrales. Réunis en fédération, les Algonquins pourraient faire des revendications : mais encore faut-il que le Québec les considère comme des égaux en négociant de bonne foi, car à l’heure actuelle, il n’y a que la forêt qui a un prix pour lui, les Algonquins n’en ayant aucun. De là les problèmes sociaux que l’on rencontre dans plusieurs réserves : l’alcoolisme, la drogue, le suicide de beaucoup de jeunes et l’abandon par plusieurs de ceux-ci de leurs études. Ces problèmes suscitent, chez un nombre grandissant d’hommes autochtones, une violence qui se retourne non seulement vers eux-mêmes, mais envers leur femme et leurs enfants, forçant un grand nombre de femmes et de jeunes filles autochtones, à Vancouver par exemple, à se prostituer. Il est grand temps d’abandonner nos préjugés, de négocier, avant que cette violence ne sorte des réserves où nous les avons enfermés; grand temps également que le Canada signe la Déclaration de l’ONU sur la protection des droits des autochtones, de façon à ce que ces derniers deviennent réellement dans les faits nos égaux en droits.
On ne peut parler des droits des autochtones sans parler de la Loi sur les Indiens ; elle découle d’abord de la Proclamation royale de 1763, signée à l’époque par Georges III, laquelle constitue la première constitution du pays. En 1876, la loi fédérale visait l’assimilation des Indiens par leur émancipation. Ce qui constituait ni plus ni moins un génocide* programmé, c’est-à dire une mort lente, autant physique, psychologique, que culturelle, des 11 Nations. Ce n’est qu’en 1985 que le fédéral retirera de la loi ce qui a trait à cette émancipation, afin de faire des Indiens nos égaux en droits.
Mais comment cette émancipation, tirée de la première mouture de la Loi sur les Indiens, atteignait-elle son but? En leur faisant perdre leur statut d’Indien. Nous y reviendrons. Cette loi les infériorise car les terres des réserves ne leur appartiennent pas; leurs biens sont insaisissables, donc ils doivent contourner la loi pour prendre une hypothèque ou faire des emprunts, et ils le font par le biais de tiers Indiens. Du point de vue juridique, on appelle cela « être en situation de mineur », donc sous la tutelle protectrice du fédéral.
Qui a un statut d’Indien? Celui qui est inscrit dans le « registre » des Affaires indiennes. Tous les autres sont des non-inscrits ou des sans statut. Par exemple, une Indienne qui marie un non-Indien non seulement perd son statut d’Indienne, mais ne peut le transmettre à ses enfants; par contre, si un Indien marie une non-Indienne, et bien, c’est tout le contraire qui se produit. Quelles sont les conséquences pour l’Indienne de notre exemple? Elle doit quitter sa communauté, ne peut y exercer aucun droit, ni être enterrée parmi les siens : c’est l’instauration de la discrimination basée sur le sexe.
En 1974 naît l’Association des femmes autochtones du Québec. Grâce à celle-ci, et sous l’impulsion de l’Indienne Mary Two-Axe Early, ce déni de droits fondamentaux envers les femmes autochtones, entre autres le droit fondamental de toute personne à la jouissance et à la libre disposition de ses biens, sera révolu en 1985 sur le papier. Mais dans les faits, il en est tout autrement. En 1999, le Comité des droits de l’homme de l’ONU a jugé que cette extinction des droits reflétait une non-reconnaissance du droit à l’égalité.
En 1982, le Canada reconnaîtra que les Indiens forment des peuples. En 1985, l’Assemblée nationale du Québec reconnaîtra que les autochtones forment des nations.
Cependant, malgré le fait que l’Assemblée générale de l’ONU a adopté, le jeudi 13 septembre 2007, une déclaration non contraignante qui vise à protéger les droits des quelque 370 millions d’autochtones dans le monde, le Canada, les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande s’y opposeront. Le Canada ne l’a pas adoptée pour des questions, entre autres, de revendications territoriales futures de la part des autochtones et de la gestion par ces derniers de leurs propres ressources.
Le Québec n’a signé jusqu’à présent que deux traités avec les Indiens : en 1975, il s’agit de la Convention de la baie James et du Nord québécois, qui permet à la nation crie et aux Inuits du Nord de mieux s’en tirer que les autres au point de vue financier. En 1978, La Convention du Nord-est québécois est signée par la nation naskapie. En 1975, la Convention de la baie James éteint les droits ancestraux, les droits fonciers des nations qui n’étaient pas parties à l’entente. Les Algonquins n’étant partie d’aucun traité vivent dans une très grande pauvreté, assimilable à celle du Tiers-Monde : la plupart de leurs réserves n’ont ni eau courante, ni électricité. Ils voudraient négocier avec le gouvernement québécois une entente sur la cogestion des ressources forestières faisant partie de leurs terres ancestrales. Réunis en fédération, les Algonquins pourraient faire des revendications : mais encore faut-il que le Québec les considère comme des égaux en négociant de bonne foi, car à l’heure actuelle, il n’y a que la forêt qui a un prix pour lui, les Algonquins n’en ayant aucun. De là les problèmes sociaux que l’on rencontre dans plusieurs réserves : l’alcoolisme, la drogue, le suicide de beaucoup de jeunes et l’abandon par plusieurs de ceux-ci de leurs études. Ces problèmes suscitent, chez un nombre grandissant d’hommes autochtones, une violence qui se retourne non seulement vers eux-mêmes, mais envers leur femme et leurs enfants, forçant un grand nombre de femmes et de jeunes filles autochtones, à Vancouver par exemple, à se prostituer. Il est grand temps d’abandonner nos préjugés, de négocier, avant que cette violence ne sorte des réserves où nous les avons enfermés; grand temps également que le Canada signe la Déclaration de l’ONU sur la protection des droits des autochtones, de façon à ce que ces derniers deviennent réellement dans les faits nos égaux en droits.