L'Encyclopédie sur la mort


Le mystère intérieur du présent

Jacques Dufresne

Se représenter l'éternité c'est la dénaturer, car c'est fatalement dans le temps, dans un temps à venir, qu'on la situe. Il faut, en renonçant à se la représenter, lui permettre de descendre dans le présent, d'en devenir l'âme, de le transformer en présence. Elle est alors le mystère intérieur du présent, ce qui fait qu'on peut l'aimer, s'en nourrir au point de pouvoir dire avec Gustave Thibon: «Tout ce qui n'est pas de l’éternité retrouvée est du temps perdu.»
Un tel enracinement dans le présent suppose un climat intellectuel et spirituel du plus haut niveau. Une critique du millénarisme comme celle de Noble contribue à créer un tel climat. On se prend toutefois à regretter que Noble ne soit pas plus familier avec les auteurs qui, en plein vingtième siècle, ont été d'authentiques témoins de la transcendance, laquelle est devenue présence pour eux parce qu'ils ont renoncé à se la représenter.

Nous ne voulons pas mourir, et non seulement ne voulons-nous pas mourir mais la pensée de la mort nous est insupportable. «Ni le soleil ni la mort ne se peuvent regarder en face». Pour échapper à la pensée de la mort, nous vivons pour et par l'avenir que nous imaginons: demain je ferai ceci, après demain je serai là; nous devenons ainsi des êtres actifs, hyperactifs. Le travail est le meilleur des divertissements. Pour échapper au caractère inéluctable de la mort, nous nous représentons l'éternité, sous la forme par exemple de mille années où de mort il n'y en aura plus. Le but est ainsi fixé. L'action, par laquelle nous échappons à la pensée de la mort, nous conduit vers ce but.

C’est en méditant des auteurs tels Gustave Thibon, Jacques Ellul, Ivan Illich, Simone Weil ou Wendell Berry, qui chacun à sa manière ont réfléchi sur ces questions, que nous découvrirons que le véritable sens de la technique est de nous donner une occasion de choisir librement la transcendance et d'avoir pour cette raison même un rapport plus pur avec elle.

Nous ne renonçons vraiment qu'à ce que nous possédons en plénitude. Le renard de la fable ne renonce pas vraiment aux raisins, il n'y a pas accès. Ils sont trop verts, dit-il, révélant par ce mensonge à lui-même et aux autres l'impureté de son renoncement. Quand les hommes du passé renonçaient à un paradis sur terre qui n'était pas à leur portée, ils pouvaient le faire pour des raisons supérieures, par soif réelle du transcendant mais aussi par un dépit semblable à celui du renard, lorsqu’ils demandaient au royaume qui n’est pas de ce monde de compenser pour celui qu’ils auraient désiré sur terre! Et ce dépit dégradait leurs rapports avec le présent aussi bien qu'avec l'éternel. L'impureté dans le rapport au transcendant est proportionnelle au manque de liberté dans l'acceptation de la mort. Si le progrès technique renforce la tentation de chercher le salut dans une existence terrestre illimitée, il peut aussi être l’occasion d'un choix plus libre de la mort en même temps que de la transcendance non-représentable.

L'Atopie

Cette idée est développée de façon saisissante dans un dialogue métaphysique de Gustave Thibon intitulé Vous serez comme des dieux et présenté sous la forme d'une pièce de théâtre. Dans cette pièce futuriste (écrite il y a trente ans), Thibon prévoit aussi bien la théorie de la complexité sur le plan théorique que le succès de ce qu'on appelle aujourd'hui IA (Intelligence artificielle) et VA (Vie artificielle) sur le plan pratique. Mais contrairement à Orwell dans 1984 ou à Huxley dans Le Meilleur des mondes, qui veulent détourner le lecteur de l'avenir qu'ils prédisent, Thibon dessine un paradis où il ferait bon vivre. Entendons par là qu'il y introduit tous les raffinements de la civilisation compatibles avec le totalitarisme scientifique nécessaire à la vraisemblance du récit.

Thibon ne donne pas de nom à sa terre promise, mais on pourrait l'appeler Atopie, compte tenu de l'importance que le virtuel y prend. Thomas More donna le nom d'Utopie à sa terre promise. Ce mot (du grec topos, lieu et ou qui signifie la négation) désigne donc une chose qui ne se rencontre en aucun lieu. Dans Atopie, le a vient du privatif av, comme dans atrophie. On pourrait dire de l'Atopie qu'elle est une chose qui se rencontre, mais dans un non-lieu, c'est-à-dire dans un lieu virtuel.

Dans l'Atopie, la mort n'existe pas et la vie est aussi agréable que dans Walden II, de B.F. Skinner. Cette autre terre promise imaginée par un contemporain n'est pas une atopie mais un paradis correspondant à la vision mécaniste du monde. Si 1984 est la version pessimiste du paradis mécanique, on pourrait croire que Skinner a voulu présenter la face positive du même modèle. Dans Vous serez comme des dieux, que nous appellerons désormais Atopie, le pouvoir exercé par les chefs est d'une subtilité dont seule la théorie de la complexité pourrait rendre compte. Les comportements ne sont pas la conséquence d'un conditionnement, ils ne sont pas mécaniquement télécommandés, ils sont plutôt le résultat largement imprévisible d'une auto-organisation placée sous la haute surveillance de chefs qui sont eux-mêmes des images d'un Dieu beaucoup plus fin que la cause première de Newton.

Dans Atopie, la maladie et la mort ont été vaincues. Le programme de thérapie génique a parfaitement réussi. Et l'on sait même comment prévenir la souffrance morale sans priver de leur sel les sentiments positifs, comme l'amour, qui dans l'humanité mortelle avait la souffrance comme envers. Non seulement le passé, celui de l'amour en particulier, n'y est pas embelli, mais l'auteur a recours aux analyses nietzschéennes les plus décapantes pour en souligner les limites: «Mais ces êtres que tu pleures, ont-ils connu l'amour autrement qu'en songe? Les poètes en ont tiré quelques légendes, comme on fixe, en le distillant, le parfum des fleurs éphémères. Mais dans la vie réelle, l'aiguillon du désir et le joug du besoin, le poids de l'habitude et l'usure des jours – ne sais-tu pas que leurs âmes, écrasées, mouraient longtemps avant leur corps, que les baisers et les serments se fanaient plus vite que les lèvres, – tout s'unissait pour chasser l'étranger.»

C’est Hélios qui s'adresse en ces termes à l'héroïne Amanda, qu'il aime en dépit du fait qu'elle a déjà choisi de redevenir mortelle, par attachement pour «toutes ces choses qui contiennent l'infini parce qu'elles restent dans leurs limites.»

Toute la pièce tourne autour du scandale que provoque le choix d'Amanda dans cette Atopie où l'on a vaincu la mort et libéré l'amour. Les arguments qu'utilise Weber, le chef d'Atopie, pour justifier son paradis millénariste, sont un excellent condensé des meilleurs arguments qui ont été utilisés pendant l'ère du soupçon pour dénigrer la foi des hommes du passé en une éternité non-représentable:

«Et quand à ces âmes insatisfaites qui bâillent vers Dieu, vous semblez avoir oublié ce que savent nos enfants dès leur première leçon d’anthropologie: qu’il n’y a pas plus d’âmes que de corps, mais des synthèses plus ou moins compliquées, plus au moins parfaites et des niveaux à l’intérieur.»

À la fin, Amanda qui a choisi la mort et qui va bientôt mourir parce que, par son choix imprévu, elle a déjoué les appareils de contrôle d'Atopie, explicite la conception de Dieu et du sens de l'histoire dont l'auteur avait dit dans la préface qu'elle était la raison d'être de la pièce. Pour exposer sa thèse, en effet, Thibon devait prendre le risque d'indisposer philosophes et théologiens en adoptant un genre, un style et un ton qui sont plus près de celui de Daphnis et Chloé que de celui des traités savants. Les métaphores archétypales qu'il utilise sont le seul médium convenant à son message.

Amanda s'excuse d'abord en ces termes auprès d'Helios

«Je t’ai toujours aimé. C’est de ton masque d’immortalité que je m’étais détournée. Il est tombé maintenant. Je retrouve enfin ton visage éphémère – ce voile transparent de ton âme immortelle. Ton âme! Je n’ai pas eu besoin de vos appareils infernaux pour la sentir s’éveiller: là où la science enregistrait des trous d’ombre, moi j’écoutais germer la prière et les dieux... Approche-toi... Nous irons ensemble hors de tous les espaces... Ah! je vois apparaître l’étoile inexplorable – celle qui brille au-dedans de nous et qu’on atteint sans bouger, en se défaisant de l’existence.[…] Prier, pour les hommes-enfants, c’était tout demander à Dieu; pour les hommes-dieux, c’est tout refuser pour Dieu... Ah! le grand cycle s’accomplit... c’était cela le sens de l’histoire: conquérir l’univers pour y renoncer, immoler la certitude au mystère, faire de l’homme l’égal de Dieu pour que sa réponse soit aussi pure, aussi libre que l’appel de Dieu!»

Au tout dernier moment, Amanda oppose ce refus catégorique au monde virtuel et à ses fantômes immortels:

«Mais ces morts que votre magie va faire apparaître, ce ne seront pas les vrais morts, mais leur reflet, leur copie, leur apparence – cette pellicule de l’être que le temps peut engloutir et recracher. Et votre trompette qui doit vider les tombeaux, c’est la misérable sonnerie qui m’invite au déroulement d’un film! Les morts sont ailleurs. Hors du temps – et de toutes les dimensions, de toutes les courbures du temps. Je ne veux pas les évoquer, je veux les rejoindre. Et que m’importe encore le passé? C’est d’éternité que j’ai soif! »

Il faut préciser que dans un dernier et suprême effort pour ramener Amanda au bon sens et reprendre le contrôle sur elle – preuve qu'il n'y a de liberté totale qu'au prix de l'acceptation de la mort – les maîtres d'Atopie ont mis à exécution un vaste projet de résurrection des morts, des morts qu'Amanda rêvait d'aller rejoindre. «Nous devions, disent-ils, sauver le présent et l'avenir, notre œuvre n'était pas terminée, il nous restait à racheter le passé». Et pour prouver à Amanda qu'elle ne mourrait pas, quoiqu'elle fasse, ils produisirent un double d'elle semblable à ce que serait celui des morts du plus lointain passé. «Demain, vous verrez Socrate, le Christ, Jeanne-d'Arc – et surtout Bergman, le vainqueur de la mort et sa dernière victime. Et votre vœu surnaturel sera exaucé: il n'y aura plus d'abîmes entre les deux moitiés de l'histoire. Dites-moi maintenant, si la divinité se mesure à sa puissance et à ses bienfaits, où sont les vrais dieux?»

Les remerciements que leur adresse Amanda sont faits de sentiments qui ressemblent étonnamment à ceux qui demeurent encore assez vivants en chacun d'entre nous pour se réveiller, le temps d'un regret au moins, à la pensée que le clonage des êtres humains deviendra probablement une pratique banale d'ici quelques années:

Comment ne pas citer ici l'un des poèmes que Gustave Thibon connaît par coeur et qu'il a récité fréquemment tout au long de sa vie:

Ô homme, prends garde
Que dit le profond minuit?
«J'ai dormi, j'ai dormi,
D'un rêve profond je me suis éveillé:
Le monde est profond.
Et plus profond que ne pensait le jour.
Profond est son mal.
La joie, plus profonde que l'affliction.
La douleur dit: passe et péris.
Mais toute joie veut l'éternité
Veut la profonde, profonde éternité!»

Nietzsche a exercé une profonde influence sur Thibon par son esprit critique d'abord mais aussi, comme nous le donne à entendre ce poème, par un sens du transcendant ayant survécu dans l'âme du solitaire de Sils Maria à un climat qui lui était tout à fait défavorable. Occasion de rappeler que Thibon a une mémoire prodigieuse, qu'il connaît par cœur des milliers de vers, d'abord en français et dans sa langue maternelle, le provençal, mais aussi dans les principales langues européennes: l'italien, l'espagnol, l'allemand et l'anglais. Cette mémoire n'est pas étrangère au fait que Thibon a rejeté si viscéralement les clones d'Atopie. Dans l'un de ses nombreux écrits sur la mémoire et la mémorisation, Illich rappelle que dans la mémoire vivante les ombres du passé se font chair vivante. Dans ce cas, leur reconstitution dans et par une mémoire virtuelle ne peut qu'apparaître comme un outrage.

Pour les inconditionnels de la nouvelle culture, il est par contre tout à fait naturel de s'en remettre aux mémoires mécaniques pour redonner les couleurs de la vie aux ombres.

Limite et présence réelle

C'est vers une amie de Gustave Thibon, Simone Weil, laquelle avait aussi une étonnante mémoire, que nous nous tournerons pour évoquer, comme conclusion à ce livre, la question de la limite. Simone Weil a écrit le plus sérieusement du monde que l’enseignement obligatoire du grec ancien dans toutes les écoles du monde était une condition du redressement spirituel, que même des auteurs terre à terre comme Noble appellent de leurs vœux. La raison principale pour laquelle elle a pris le risque de se déconsidérer auprès de ses lecteurs réalistes en tenant de pareils propos, c’est que le sens et l’amour de la limite, si tragiquement absents de nos jours, sont la clef de voûte de la pensée grecque. La forme, la limite, la détermination sont une même chose pour les Grecs: elles sont ce à quoi l’on reconnaît la beauté, la réalité, l’être lui-même. L’informe, l’indéterminé, l’apeiron (littéralement non-fermé) la démesure sont des mots de sens voisins qui servent à désigner le mal, le néant, l’irréel. Platon a rendu ces idées d’origine pythagoricienne, et sans doute plus lointaine, dans un style tel que nous pouvons encore les comprendre aujourd’hui. Pour expliquer la démesure qui est la pente naturelle du désir, Platon raconte l’histoire des Danaïdes, ces femmes dont le châtiment consistait à tenter de remplir des tonneaux sans fond en y versant de l’eau avec un petit vase. À Calliclès qui soutient que la justice est la loi du plus fort, Socrate réplique: tu oublies la géométrie Calliclès. Car la géométrie, science de la proportion et donc de la limite, s’imposait dans les études pour des raisons morales et spirituelles avant tout. Il en était d’ailleurs ainsi dans une large mesure des mathématiques. Ce qui aide à comprendre pourquoi la découverte des nombres irrationnels, tel racine carrée de 2, a été un événement scandaleux. Par rapport à un nombre entier dont le contour est bien défini, un nombre comme racine carrée de 2, nombre démesuré qui n’a ni commencement ni fin est une chose monstrueuse.

Retenons de ces trop brèves évocations de ce qu’était la limite pour les Grecs que même leur enseignement des mathématiques était d’abord au service d’un idéal à la fois moral et esthétique avant tout caractérisé par la limite et la proportion. Qui donc aujourd’hui aurait l’idée de commencer la révolution que Noble et tant d’autres jugent nécessaire par une réforme radicale de l’enseignement des mathématiques, dont l’une des conséquences serait, par exemple, que le nombre et ses applications dans les arts serait enseigné concurremment à une algèbre qui consiste à produire mécaniquement des résultats utilitaires?

Retenons également que pour les Grecs, la limite était une chose positive qu’ils aimaient comme ils aimaient la beauté et pour les mêmes raisons. Elle faisait partie de leur vision du monde et de l’homme comme le principe de clôture fait partie de la vision de la vie d’un biologiste contemporain capable de contemplation. Tandis que pour nous, dans la meilleure des hypothèses, la limite est l’équivalent de ces digues de sacs de sable que l’on construit en catastrophe, quand il est déjà trop tard pour contenir les eaux. L’Américain Langdon Winner publiait en 1997 un livre intitulé The Whale in the reactor et portant comme sous-titre: une recherche des limites dans un âge de haute technologie. Pour légitimer une idée qui allait de soi pour les Grecs, et à laquelle le simple bon sens devrait pouvoir nous ramener, Winner est obligé d’examiner diverses conceptions de la nature qui se révèlent toutes ambiguës, et diverses conceptions des valeurs qui ne sont guère plus inspirantes.

Puisque c’est la petite élite techno-millénariste qui mène le jeu en faisant de la démesure la norme, il ne reste plus qu’un espoir, Noble et Winner le reconnaissent implicitement, miser sur la démocratie avec l’espoir que la majorité sera plus sage que la minorité, ce qui pourrait être le cas un jour. Les récents référendums de Suisse et d’Autriche autorisent quelque espoir à cet égard. Mais comment espérer que les citoyens ordinaires deviennent plus sages que les savants s’ils n’ont pas accès à une source d’inspiration qui leur permette de considérer la limite, non pas comme une chose à laquelle il faut apprendre à se résigner, mais comme un principe qu’on peut aimer parce qu’il est la condition de l’incarnation de l’éternel dans le présent. L’esprit descend dans la matière rendue digne de le recevoir par la qualité de sa forme, qui est aussi sa limite. Quand on ne sait plus conférer cette dignité à la matière, parce qu’on ne songe qu’à la manipuler, on en est réduit à reporter le règne de l’esprit dans l’avenir.

On pourrait citer ici d'innombrables textes de Simone Weil, laquelle a fait de la notion de limite l'un des principaux thèmes de sa réflexion. Nous nous limiterons à quelques passages, dans l'espoir de ne pas décourager les lecteurs qui voudront les apprendre par cœur: «L'illimité est l'épreuve de l'un. Le temps, de l'éternel. Le possible, du nécessaire. La variation, de l'invariant. La valeur d'une science, d'une œuvre d'art, d'une morale ou d'une âme se mesure à son degré de résistance à cette épreuve.»

Nos contemporains ont choisi une explosion comme métaphore pour expliquer l'origine de l'univers. Cette métaphore est à la fois vulgaire et fausse, car il y a surtout de l'ordre dans l'univers. C’est dans l'humanité qu'il y a surtout du désordre. Et l'on pourrait dire avec raison qu'il y a eu à l'origine de l'humanité un éclatement métaphysique: l'un est devenu le multiple, la série illimitée des nombres; l'éternel, en se divisant en un avant et un après, eux-mêmes divisibles à l'infini, est devenu le temps.

Le poète Paul Valéry a évoqué cet éclatement:

Comme las de son propre spectacle
Dieu lui-même a rompu l'obstacle
De sa parfaite éternité
Il se fit celui qui dissipe
En conséquences son principe
En étoiles son unité.

Dans nos moments de parfaite attention, de connaissance immédiate, nous remontons le cours de l'histoire humaine. Le temps et l'illimité, nés de la distraction initiale, se résorbent dans leur principe. C'est seulement dans la mesure où nous opterons pour cette résistance par l'attention, dont parle Simone Weil, que nous aurons l'inspiration requise, à la fois pour ramener les médias à leur fin, qui est de nous rapprocher du réel, et pour maintenir autour de la personne humaine ces cellules sociales vivantes qui filtrent la lumière nécessaire à sa croissance. Pour Simone Weil, résistance était plus qu'un mot. Elle est morte à Londres, en 1943, au service de la résistance française contre la démesure millénariste des nazis.

Au moment ou j'ai mis le point final, l'été chantait toujours. Je suis allé ensuite au verger pour cueillir une pomme. À ce moment précis, des centaines d’oiseaux migrateurs sont passés au-dessus de ma tête, en formation serrée. Ils atteindront leur destination si l’instinct qui les ramène vers un lieu connu s'avère plus fort que le désir qui les pousserait vers l’illimité, s'ils savent aussi résister à la dispersion, qui sera une tentation permanente pour eux: «L'oiseau le plus libre a pour cage un climat.»


Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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