Un accident d'autobus fur précédé par la vision lumineuse d'une beauté féminine, accompagnée d'un enfant, qui fit que la mort des passagers fut douce et sereine. La figure de la femme et de l'enfant au milieu du brouillard représente la mort comme la lumière enveloppante d'un soleil couchant.
Beauté fantastique de cette apparition lorsque la femme tout entière sortit de l'ombre et s'avança vers l'autobus, [...] Elle avait un châle gris, comme en portent si souvent les paysannes irlandaises. Un enfant endormi reposait contre sa poitrine dans les plis de la chaude étoffe. [...]
O'Brien n'avait jamais supposé que l'avènement de la mort pourrait être accompagné d'une aussi puissante douceur. II l'imaginait comme un choc d'une intensité violente, dramatique et farouche: au lieu de cet arrachement sauvage qu'il redoutait, il recevait le sourire des yeux roux, le chantonnement de la berceuse et l'éclat des joues pâles. Il était plus facile de mourir qu'il ne l'avait cru. De sa course épuisante à travers le brouillard, il ne lui restait plus qu'une lassitude légère avec la sensation d'une ivresse insouciante que, seules, certaines pages de Mozart lui avaient donnée auparavant. Ce moment était comparable à certains andantes où la vie semble répondre tout à coup à toutes les questions qu'elle nous a posées, et vous emplit d'une certitude si totale, si définitive qu'un grand soleil sans ombres nous enveloppe et nous transfigure. Toutes les rides du doute sont effacées comme par la paume chaude d'une main. Toutes les contradictions de notre individualité s'aplanissent dans une harmonie lisse et sereine. Qu'il serait affreux, le moment de la mort, s'il nous surprenait dans une de ces heures où l'être se contracte et se déchire lui-même en vaines tortures.
Comme si elle avait entendu la question muette que lui posait O'Brien, la femme au châle gris lui répondit par un sourire si beau, si lumineux, que l'homme désespéré poussa un soupir de soulagement. Il n'était plus question des tueurs, ni de Maureen, ni d'un paquebot, ni d'une vie nouvelle. Tout allait se dénouer dans un instant avec la sérénité d'un coucher de soleil d'automne. Il n'y aurait plus jamais de brouillard.
O'Brien étouffa un sanglot de joie. La mort allait être une chose magnifiquement douce et consolante. La mort était l'unique et parfait accomplissement.
Le temps qui s'écoula entre le moment où l'autobus s'écrasa contre le mur et le jaillissement des flammes qui embrasèrent la voiture fut si court que pas un seul des voyageurs ne put échapper à la catastrophe.
O'Brien n'avait jamais supposé que l'avènement de la mort pourrait être accompagné d'une aussi puissante douceur. II l'imaginait comme un choc d'une intensité violente, dramatique et farouche: au lieu de cet arrachement sauvage qu'il redoutait, il recevait le sourire des yeux roux, le chantonnement de la berceuse et l'éclat des joues pâles. Il était plus facile de mourir qu'il ne l'avait cru. De sa course épuisante à travers le brouillard, il ne lui restait plus qu'une lassitude légère avec la sensation d'une ivresse insouciante que, seules, certaines pages de Mozart lui avaient donnée auparavant. Ce moment était comparable à certains andantes où la vie semble répondre tout à coup à toutes les questions qu'elle nous a posées, et vous emplit d'une certitude si totale, si définitive qu'un grand soleil sans ombres nous enveloppe et nous transfigure. Toutes les rides du doute sont effacées comme par la paume chaude d'une main. Toutes les contradictions de notre individualité s'aplanissent dans une harmonie lisse et sereine. Qu'il serait affreux, le moment de la mort, s'il nous surprenait dans une de ces heures où l'être se contracte et se déchire lui-même en vaines tortures.
Comme si elle avait entendu la question muette que lui posait O'Brien, la femme au châle gris lui répondit par un sourire si beau, si lumineux, que l'homme désespéré poussa un soupir de soulagement. Il n'était plus question des tueurs, ni de Maureen, ni d'un paquebot, ni d'une vie nouvelle. Tout allait se dénouer dans un instant avec la sérénité d'un coucher de soleil d'automne. Il n'y aurait plus jamais de brouillard.
O'Brien étouffa un sanglot de joie. La mort allait être une chose magnifiquement douce et consolante. La mort était l'unique et parfait accomplissement.
Le temps qui s'écoula entre le moment où l'autobus s'écrasa contre le mur et le jaillissement des flammes qui embrasèrent la voiture fut si court que pas un seul des voyageurs ne put échapper à la catastrophe.