La grandeur humaine consiste dans la capacité face à la mort de s'arracher à ses habitudes intérieures et de se découvrir soudainement, comme dans un éclair lors d'un puissant orage, aliéné par rapport à soi-même et de faire l'expérience sensuelle et enivrante de sa dissolution dans un rêve qui tend vers un univers de repos et de quiétude.
«Dans La Mort du Titien, les disciples du peintre, comme le dit Hofmannsthal lui-même, «abandonnent le maître, descendent dans la ville et font l'expérience de la vie de la manière la plus condensée». Or, dans son discours sur Shakespeares Könige und Grosse Herren, Hofmannsthal décrit à nouveau cette scène capitale qui illustre la perfection de la notion d'«ensemble»:
"La mort d'un homme a autour d'elle sa propre atmosphère comme le printemps. Les visages de ceux, dans les bras desquels quelqu'un est mort, parlent une langue qui échappe aux mots. Et proches d'eux, les objets inanimés participent à ce dialogue."
Et dans La Mort du Titien, la mort provoque à nouveau l'évocation des rapports de la poésie et de la peinture, rapports que l'on peut qualifier d'esthétiques si l'on attache à ce terme une signification «existentielle». Ce qui dépend de la conception même de l'«Ästhetentum» dans la littérature allemande de la fin du XIX° siècle et qui consiste à considérer «la réalité comme une oeuvre d'art» [...]
L'essentiel est alors la recherche et la présence de cette «expression la plus bouleversante de la force psychique la plus mûre», une sorte d'«éclair lors d'un puissant orage.» Et Hofmannsthal de préciser sa pensée:
«Ce qu'est la grandeur humaine descend de ces murs avec tout le fracas des orages si bien que nous sommes complètement arrachés à nos habitudes intérieures et que nous sommes totalement aliénés vis-à-vis de nous-mêmes.»
Cette expérience de ce que Hofmannsthal a défini comme celle de «la découverte de soi-même» (sich selbst finden) est liée à ce qui apparaît comme «une dissolution impressionniste du moi en une série de moments temporels,»
[...]
Le texte du prologue de 1901 ne néglige pas l'élément dionysiaque. Bien au contraire, il introduit, grâce à l'élément pictural, l'allusion nécessaire depuis Nietzsche* au monde des naïades et à cette «ivresse» qui amène ici le jeune homme à se jeter «ivre sur le sol». La présence dy cygne, l'intervention d'«un animal* nageant en toute quiétude» nous ramènent à un «rêve», à l'univers apollien.
Texte intégral:
Claude Foucart, «La mort du Titien: Hugo von Hofmannsthal, "l'écriture magique des images"» dans Pascale Auraix-Jonchières, Écrire la peinture entre XVIIIe et XIXe siècles, Clermont-Ferrand, Presses de l'Université Blaise Pascal, 2003.
http://books.google.ca/books?
"La mort d'un homme a autour d'elle sa propre atmosphère comme le printemps. Les visages de ceux, dans les bras desquels quelqu'un est mort, parlent une langue qui échappe aux mots. Et proches d'eux, les objets inanimés participent à ce dialogue."
Et dans La Mort du Titien, la mort provoque à nouveau l'évocation des rapports de la poésie et de la peinture, rapports que l'on peut qualifier d'esthétiques si l'on attache à ce terme une signification «existentielle». Ce qui dépend de la conception même de l'«Ästhetentum» dans la littérature allemande de la fin du XIX° siècle et qui consiste à considérer «la réalité comme une oeuvre d'art» [...]
L'essentiel est alors la recherche et la présence de cette «expression la plus bouleversante de la force psychique la plus mûre», une sorte d'«éclair lors d'un puissant orage.» Et Hofmannsthal de préciser sa pensée:
«Ce qu'est la grandeur humaine descend de ces murs avec tout le fracas des orages si bien que nous sommes complètement arrachés à nos habitudes intérieures et que nous sommes totalement aliénés vis-à-vis de nous-mêmes.»
Cette expérience de ce que Hofmannsthal a défini comme celle de «la découverte de soi-même» (sich selbst finden) est liée à ce qui apparaît comme «une dissolution impressionniste du moi en une série de moments temporels,»
[...]
Le texte du prologue de 1901 ne néglige pas l'élément dionysiaque. Bien au contraire, il introduit, grâce à l'élément pictural, l'allusion nécessaire depuis Nietzsche* au monde des naïades et à cette «ivresse» qui amène ici le jeune homme à se jeter «ivre sur le sol». La présence dy cygne, l'intervention d'«un animal* nageant en toute quiétude» nous ramènent à un «rêve», à l'univers apollien.
Texte intégral:
Claude Foucart, «La mort du Titien: Hugo von Hofmannsthal, "l'écriture magique des images"» dans Pascale Auraix-Jonchières, Écrire la peinture entre XVIIIe et XIXe siècles, Clermont-Ferrand, Presses de l'Université Blaise Pascal, 2003.
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