«Si Iphigénie peut jouer un rôle si bienfaisant, c'est par sa personnalité, qu'un seul mot définit: la pureté. Et tout d'abord, Iphigénie est prêtresse, [...] ; il serait difficile de se la représenter épouse ou mère. Elle refuse le mariage avec Thoas [...], et elle le refuse avec une violence qui peut surprendre. Elle le fait pour demeurer fidèle à sa vocation, qui est de mettre fin à la malédiction pesant sur sa race. Dans un article publié dans les Études germaniques (Iphigénie en Tauride à la lumière de la philosophie d'aujourd'hui», 1949, n° 2-3, p. 129-138), Louis Leibrich fait un rapprochement éclairant avec la philosophie personnaliste: Iphigénie, par son refus, se défend "contre la volonté étrangère qui se dispose à empiéter sur la liberté* actuelle et le destin futur de son moi".» Dans la plupart des lettres où Goethe parle à Mme Charlotte de Stein de son Iphigénie de Tauride, «il souligne que son héroïne doit beaucoup à son amie: "Puisse-tu sentir à quel point mes pensées sont allées vers toi et me sont revenues jusqu'à ce que la pièce ait pris sa forme actuelle"(Lettre du 13 janvier 1787)».
Pierre Grappin, «Notice» dans Goethe, Théâtre complet, p. 1623 et 1625.
Pierre Grappin, «Notice» dans Goethe, Théâtre complet, p. 1623 et 1625.
IPHIGÉNIE
Tu me demandes? Pourquoi viens-tu vers nous?
THOAS
Le sacrifice est retardé: dis-moi pourquoi?
IPHIGÉNIE
J'ai tout conté clairement à Arkas.
THOAS
J'attends de toi de plus amples détails.
IPHIGÉNIE
Diane t'offre un délai pour réfléchir.
[...]
THOAS
Quels farouches accents pour des lèvres sacrées!
IPHIGÉNIE
Prêtresse, non! Fille d'Agamemnon!
De l'inconnue tu as respecté la parole;
Et la princesse te serait soumise? Non!
J'ai appris, dès mes jeunes ans, à obéir,
D'abord à mes parents, plus tard à la Déesse
Mais me soumettre à la rude parole,
À l'âpre volonté d'un homme
- Là-bas, non plus qu'ici, je ne l'ai pas appris,
THOAS
C'est une antique loi, et non moi, qui commande
IPHIGÉNIE
Chacun s'empare avec avidité des lois
Qui à sa passion donnent une arme,
Une autre loi, plus ancienne encore,
M'invite à résister: la loi qui veut
Que tout étranger soit sacré.
THOAS
Il semble que le sort des prisonniers te touche
De bien près; car, cet intérêt que tu leur portes,
Et cette émotion - tout te fait oublier
Le premier mot de la prudence, qui conseille
De ne pas provoquer les puissants.
IPHIGÉNIE
Que je réponde ou non, tu peux savoir
Ce qui est dans mon âme et n'en sortira pas,
Quel coeur reste insensible au spectacle d'un sort
Qui lui fait souvenir de son propre destin?
Et mon coeur se tairait? En eux je me revois.
Moi-même, j'ai tremblé devant l'autel et, entourée
D'une mort solennelle et trop tôt apparue,
J'attendais à genoux,
Et le couteau était déjà levé
Pour transpercer un sein qui débordait de vie...
Mon coeur s'épouvanta, le vertige me prit,
Je fermai la paupière et - me trouvai sauvée!
N'est-ce pas un devoir, de rendre aux malheureux
La faveur qui nous fut par les dieux accordée?
Tu le sais, me connais, et tu veux me contraindre?
Tu me demandes? Pourquoi viens-tu vers nous?
THOAS
Le sacrifice est retardé: dis-moi pourquoi?
IPHIGÉNIE
J'ai tout conté clairement à Arkas.
THOAS
J'attends de toi de plus amples détails.
IPHIGÉNIE
Diane t'offre un délai pour réfléchir.
[...]
THOAS
Quels farouches accents pour des lèvres sacrées!
IPHIGÉNIE
Prêtresse, non! Fille d'Agamemnon!
De l'inconnue tu as respecté la parole;
Et la princesse te serait soumise? Non!
J'ai appris, dès mes jeunes ans, à obéir,
D'abord à mes parents, plus tard à la Déesse
Mais me soumettre à la rude parole,
À l'âpre volonté d'un homme
- Là-bas, non plus qu'ici, je ne l'ai pas appris,
THOAS
C'est une antique loi, et non moi, qui commande
IPHIGÉNIE
Chacun s'empare avec avidité des lois
Qui à sa passion donnent une arme,
Une autre loi, plus ancienne encore,
M'invite à résister: la loi qui veut
Que tout étranger soit sacré.
THOAS
Il semble que le sort des prisonniers te touche
De bien près; car, cet intérêt que tu leur portes,
Et cette émotion - tout te fait oublier
Le premier mot de la prudence, qui conseille
De ne pas provoquer les puissants.
IPHIGÉNIE
Que je réponde ou non, tu peux savoir
Ce qui est dans mon âme et n'en sortira pas,
Quel coeur reste insensible au spectacle d'un sort
Qui lui fait souvenir de son propre destin?
Et mon coeur se tairait? En eux je me revois.
Moi-même, j'ai tremblé devant l'autel et, entourée
D'une mort solennelle et trop tôt apparue,
J'attendais à genoux,
Et le couteau était déjà levé
Pour transpercer un sein qui débordait de vie...
Mon coeur s'épouvanta, le vertige me prit,
Je fermai la paupière et - me trouvai sauvée!
N'est-ce pas un devoir, de rendre aux malheureux
La faveur qui nous fut par les dieux accordée?
Tu le sais, me connais, et tu veux me contraindre?