« C'est cette extrême banalité de la souffrance, où je ne me reconnais plus moi-même ni ne suis reconnu de personne, qui en fait une expérience-limite où l'ipséité même, en se maintenant pourtant encore, chancelle au bord du gouffre de son effondrement, et qui rapproche décisivement l'épreuve de la souffrance de cette autre ex-pér-ience aux limites : la mort » (Claude Romano, L'événement et le monde, Paris, PUF, « Épimethée », 1998, p.241). Ci-dessous le dernier poème écrit par Rilke avant sa mort : « Komme du, letzer ».
Approche, dernière chose que je reconnaisse,
mal incurable dans l'étoffe de peau; [...]
Naïvement pur d'avenir, je suis
monté sur le bûcher trouble de la douleur,
sûr de ne plus acheter d'avenir
pour ce coeur où la source était muette.
Suis-je encore, méconnaissable, ce qui brûle?
Je n'y traînerai pas de souvenirs.
Ô vie, ô vie; être dehors.
Et moi en flammes. Nul qui me connaisse
Source :
Rilke, Komm du, letzer... », traduction française
de Philippe Jacottet, Poésie, Le Seuil, p. 463-464,
cité par Claude Romano, L'événement et le monde,
Paris, PUF, « Epiméthée », 1998, p. 241
mal incurable dans l'étoffe de peau; [...]
Naïvement pur d'avenir, je suis
monté sur le bûcher trouble de la douleur,
sûr de ne plus acheter d'avenir
pour ce coeur où la source était muette.
Suis-je encore, méconnaissable, ce qui brûle?
Je n'y traînerai pas de souvenirs.
Ô vie, ô vie; être dehors.
Et moi en flammes. Nul qui me connaisse
Source :
Rilke, Komm du, letzer... », traduction française
de Philippe Jacottet, Poésie, Le Seuil, p. 463-464,
cité par Claude Romano, L'événement et le monde,
Paris, PUF, « Epiméthée », 1998, p. 241