Asepsie

"Méthode ou technique de protection contre les contaminations microbiennes (exemple : stériliser un instrument chirurgical avant son utilisation)."

Lexique (Les infections nosocomiales : dossier, Ministère de la Santé, France - 16 février 1999; actualisation mars 2004)

Autre définition : "Ensemble de mesures propres à empêcher tout apport exogène de micro-organismes." (Professeur J. J. Haxhe et Mme M. Zumofen, Notions d’hygiène hospitalière, Faculté de médecine, Université catholique de Louvain, U. C. L. – Bruxelles, 2002)

Ces auteurs distinguent l'asepsie de l'antisepsie. Cette dernière est en effet une "opération au résultat momentané permettant au niveau des tissus vivants, dans les limites de leur tolérance, d'éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d'inactiver les virus en fonction des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes et/ou virus présents au moment de l'opération. L'antisepsie s'obtient au moyen d'un antiseptique."

Essentiel

Sans doute la plus grande découverte médicale de tous les temps, la plus efficiente en tout cas.

Enjeux

La gravité de l’infection par la bactérie C.difficile dans les hôpitaux du Québec met de nouveau en relief l’importance de l’asepsie…et la résistance d’une grande partie du corps médical à son endroit.

Avant qu’elle ne s’impose dans les hôpitaux, vers la fin du XIXe siècle, ces lieux, loin d’être hospitaliers, étaient des mouroirs. Les femmes pauvres condamnées à y accoucher mouraient d’une infection, les fièvres puerpérales, dans des proportions qui pouvaient atteindre 40%. Quand le docteur Semmelweis, eut l’idée d’obliger les médecins qui faisaient les accouchements à se laver les mains avant l’intervention, il obtint des résultats comparables à ceux d’aujourd’hui mais il fut néanmoins en but à l’hostilité de l’ensemble du corps médical européen.

Quand Florence Nightingale a voulu introduire des règles d’hygiène dans l’hôpital militaire anglais de Scutari, près de Constantinople, pendant la guerre de Crimée, elle s’est elle aussi heurtée à l’hostilité des médecins militaires responsables de l’hôpital. C’est en utilisant une invention récente, le télégraphe, qu’elle a pu, en mobilisant l’opinion publique anglaise, avoir gain de cause et sauver ainsi des milliers de vie. On peut dire qu’elle a fondé ainsi le premier hôpital moderne. Tout cela se passait avant que les découvertes de Pasteur sur les microbes ne soient rendues publiques. Par la suite, l’anglais Joseph Lister, révolutionnera la chirurgie en imposant l’asepsie, l'antisepsie plus préciséement dans les salles d’opération.

Les antibiotiques et, d’une manière générale l’accent mis, dans les médias notamment, sur les traitements associés à la technologie haute et coûteuse, ont eu pour effet de faire passer l’asepsie au énième plan. À quoi bon prendre la peine d’éviter de transmettre des microbes quand on peut tous les tuer ensuite par une dose d’antibiotique?

Mais que faire quand une bactérie prolifère dans un organisme affaibli par les antibiotiques eux-mêmes et les conditions de vie à l’hôpital. Ce scénario était prévisible et il a été maintes fois prévu? Il faut revenir à l’humble asepsie, dont la prescription ne rapporte rien à personne…et au yogourt autre remède peu coûteux et peu glorieux.

Il faut aussi poser de nouveaux quelques questions gênantes. L’asepsie nous ramène au premier principe hippocratique : d’abord ne pas nuire. Elle nous rappelle en outre que c’est la nature qui se guérit elle-même quand on évite lui nuire ou quand on l'aide par des interventions appropriées

Quand le manquement aux règles de l’asepsie produit une crise majeure, les médias redécouvrent cette pauvresse; en temps normal toutefois ils accroissent leur cote d’écoute en faisant état de découvertes sensationnelles qui ont toutes pour effet de faire croire à la population et aux médecins eux-mêmes que c’est la médecine qui est le principe de la guérison et non la cause. Dans un tel climat, toutes les mesures préventives, dont les effets ne se traduiront jamais que par de froides statistiques, passent au second plan par rapport à tout traitement de haute et coûteuse technologie que l’on peut associer à quelques guérisons qui frappent l’imagination. La bonne santé consécutive à la prévention ne frappera jamais l’imagination.

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