Quand le prophète Harari annonce la venue d’Homo Deus
Le transhumanisme avait son gourou informaticien, Ray Kurzweil, son philosophe d’Oxford, Nick Bostrom, il a maintenant son historien prophète, Yuval Noah Harari, lequel utilise le mot techno humanisme pour désigner les mêmes faits et les mêmes prédictions, ceci dans un fast book intitulé Homo Deus. Un fast book est un livre écrit à la hâte suite au succès d’un livre précédent et promis à un succès encore plus rapide.
L’imprimatur de la Silicon Valley
Voici ce qu’on a pu lire ou entendre dans plusieurs médias français, dont l’Express du 10/09/2017, à propos de Sapiens, le livre précédent de Harari, au moment où paraissait Homo Deus:
« Le fan-club de Harari est le plus huppé de la planète. Le président Obama a adoré cette "histoire de l'humanité vue du ciel". Bill Gates a chaudement recommandé ce livre "vivifiant". Mark Zuckerberg l'a distingué dans son "club du livre" Facebook. On pourrait également citer des gens aussi différents que le musicien Brian Eno, l'artiste contemporain Damien Hirst ou l'ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, Hubert Védrine. »
Faites une recherche dans diverses langues sur Harari, Gates et Obama et vous serez étonnés de la ressemblance des résultats. Partout on a fait un copier-coller du texte promotionnel du livre avec l’assurance de convaincre le grand public qu’il s’agit d’un chef d’œuvre. Il s’agit plutôt d’une mise à jour vulgarisée des grands thèmes du scientisme depuis plus d’un siècle: Dieu est mort, il n’était d’ailleurs qu’une création de l’homme, une fiction; fictions aussi les religions et les mythes, fictions qui furent utiles en leur temps certes, car elles ont permis à Sapiens d’accéder à une solidarité sociale favorable à sa survie, mais qu’on peut assurer aujourd’hui par des moyens plus concrets. Quant à l’âme et à la liberté dont elle est le lieu, on ne les trouve pas plus en explorant l’être humain qu’on ne trouve Dieu en explorant l’espace. Et je cite : «au cours du siècle dernier, les chercheurs ont ouvert la boîte noire de Sapiens : ils ont découvert qu’il n’y avait en lui ni âme, ni libre arbitre, ni « soi » ; uniquement des gènes, des hormones et des neurones obéissant aux mêmes lois physiques et chimique qui gouvernent le reste de la réalité. »1
Le succès de cette mise à jour confirme l’analyse de l’équipe de Pièces et main d’œuvre sur celui du transhumanisme :
« Si le transhumanisme progresse sans encombre, c'est que la technocratie le vend sous les couleurs de la rationalité économique. Il habille, comme représentation et comme projet, un fait accompli : l'artificialisation du monde, de la vie et des humains. Voilà pourquoi ses promoteurs n'ont, au fond, que peu d'efforts d'argumentation à fournir. Dévalant au fil du courant technologique, il leur suffit de quelques slogans simples et brutaux. La techno-industrie travaille pour nous, se félicite Nick Bostrom. »2
Quelle que soit leur valeur réelle, les livres de ce genre ont toutefois l’avantage de susciter à l’échelle mondiale un débat sur les perspectives d’avenir d’une portée elle-même mondiale, quitte à ce que quelques décennies plus tard le livre en question ait sombré dans l’oubli à la vitesse de son ascension.
En 1992, quelques années après la chute du mur de Berlin, paraissait un autre fast book mondial La fin de l’histoire et le dernier homme de Francis Fukuyama. Le mot fin dans ce titre signifie clôture et non pas but. L’auteur soutenait en effet que la démocratie libérale allait s’imposer à jamais partout dans le monde. Vingt-cinq ans plus tard, force est de reconnaître que cette prédiction à haut risque subira encore quelques démentis avant de se réaliser. L’un de ces démentis pourrait bien être cette dictature de l’IA (Intelligence Artificielle) que Harari appelle dataism laquelle est dans son esprit la conséquence logique des faiblesses du libéralisme. Le même sort attend sans doute les prédictions de l’historien Harari.
http://agora.qc.ca/documents/francis_fukuyama--la_fin_de_lhistoire_selon_fukuyama_par_maurice_lagueux
Humanisme
Dans sa mise à jour du scientisme Harari a fait preuve d’une habileté qui se manifeste notamment dans l’ambigüité qu’il laisse planer sur bien des questions cruciales. Les tendances qu’il observe sont-elles de simples faits neutres ou des faits devant lesquels il faut s’incliner parce qu’ils sont aussi des valeurs ? La question se pose à propos des positions qui sont les plus intéressantes du livre, celles sur l’humanisme et le dataïsme.
Pour ce qui est de l’humanisme, il ne fait pas de distinction entre les humanismes ancien et classique, tous deux ouverts sur le transcendant et l’humanisme moderne. Seul l’humanisme moderne a un sens à ses yeux parce qu’il constitue une vision du monde gravitant exclusivement autour de l’homme. Voici comment s’ouvre le chapitre Révolution humaniste :
« Le deal moderne nous offre le pouvoir à condition que nous renoncions à notre croyance en un grand plan cosmique qui donne sens à la vie. Quand vous examinez ce marché de près, vous découvrez une clause dérogatoire astucieuse : si les hommes parviennent tant bien que mal à trouver un sens sans le fonder sur quelque grand plan cosmique, cela n’entraîne pas la rupture du contrat.
« Cette clause dérogatoire a été le salut de la société moderne, car il est impossible de maintenir l’ordre sans le moindre sens. Le grand projet politique, artistique et religieux de la modernité a consisté à trouver un sens à la vie qui ne s’enracine pas dans quelque grand projet cosmique. Nous ne sommes pas les acteurs d’un drame divin, personne ne se soucie de nous et de nos faits et gestes, personne n’assigne donc de limites à notre pouvoir ; mais nous demeurons convaincus que nos vies ont du sens. »3
Notons au passage qu’il y a dans ces lignes une transparence à la fois naïve et bête. « Personne n’assigne de limites à notre pouvoir. » Quel auteur possédant quelque sagesse et n’étant pas en état d’ébriété ferait une telle profession de foi en la démesure ? Il fait toutefois preuve de cohérence à ce propos car il range le communisme et le nazisme parmi les trois grands humanismes modernes, le troisième étant l’humanisme libéral. Il met ainsi fin à une confusion assez répandue entre l’humanisme au sens de vision du monde gravitant exclusivement autour de l’homme et un humanisme bon enfant qui demeure ouvert sur le transcendant et connote la mesure et l’aménité. Ce qui l’amène à une prise de position assez gênante pour ceux qui se présentent comme humanistes sans préciser le sens de ce mot. Il minimise en effet les différences qu’il peut y avoir entre les trois humanismes. « Initialement, les différences entre l’humanisme libéral, l’humanisme socialiste et l’humanisme évolutionniste (nazisme) paraissaient assez frivoles. Au regard des abîmes séparant toutes les sectes humanistes du christianisme, de l’islam ou de l’hindouisme, les conflits entre les diverses versions de l’humanisme étaient insignifiants. »4 Ce qu’il entend par là c’est que dans les trois voies en question on est à la recherche d’un paradis sur terre dominé par des surhommes. Pour cela on mise exclusivement sur une volonté humaine utilisant la technoscience propre à son époque. «Une seconde révolution cognitive pourrait bien donner à Homo deus accès à de nouveaux domaines insoupçonnés pour en faire le seigneur de la galaxie.
Cette idée est une variante actualisée des vieux rêves de l’humanisme évolutionniste (nazisme) qui, voici déjà un siècle, prônait la création de surhommes. Toutefois, tandis que Hitler et les siens comptaient créer des surhommes via la reproduction sélective et le nettoyage ethnique, le techno-humanisme du XXIe siècle espère atteindre cet objectif bien plus pacifiquement, avec le concours du génie génétique, des nanotechnologies et des interfaces cerveau-ordinateur.»5 L’évolution de l’eugénisme, devenu libéral après avoir été étatique, illustre bien la ressemblance entre ces deux modèle.
Harari n’idéalise toutefois pas l’humanisme libéral, comme l’avait fait Fukuyama. Il se rend parfaitement compte du fait que la liberté individuelle réduite au choix et elle-même illusoire pour cette raison, peut en sombrant dans une inévitable démesure aboutir à l’implosion du soi. Les individus ayant échappé à l’emprise des religions et de leur plan cosmique deviendraient des pantins à l’intérieur du grand nuage numérique. C’est cette sujétion que Harari appelle le « dataïsme ». Vous désirez manger de la viande rouge, mais l’un des nombreux senseurs greffés sur votre organisme vous conseille plutôt de manger des lentilles. Vous serez captif de votre capteur. Vous lui donnerez raison parce que son immersion subtile dans votre organisme, augmentée de son lien avec une base de données illimitée le rapproche de la vérité objective alors que votre intuition peut vous en éloigner. Le même type de prise en charge vous dira quels films vous devez voir, quels livres vous devez lire. Vous serez enfin aux ordres d’une tour de contrôle comme ce cosmonaute qui vous fait rêver depuis des décennies. Ou si vous préférez une autre métaphore, vous deviendrez une voiture sans chauffeur. C’est la conséquence logique de la négation de cette âme que Marc-Aurèle appelait le principe directeur.
Ce dataïsme, Harari le considère comme la nouvelle religion. « La religion émergente la plus intéressante est le dataïsme, qui ne vénère ni les dieux ni l’homme, mais voue un culte aux data. »6 Compte tenu de son mépris pour les religions traditionnelles, faut-il voir là de sa part une opposition à cette tendance? C’est ici que l’ambiguïté de sa pensée atteint son sommet. La satisfaction du besoin illimité de puissance des humains aboutissant au dataïsme fait de toute évidence son admiration, mais d’autre part l’individualisme est à ses yeux la fine fleur de la modernité. Il lui reste une solution de compromis : « le techno-humanisme », sorte de transition, comme le transhumanisme, entre l’humanisme moderne originel et le post humanisme qu’est le dataïsme. « Le techno-humanisme est ici confronté à un dilemme insoluble. Il tient la volonté humaine pour la chose au monde la plus importante, et pousse donc l’humanité à élaborer des technologies qui puissent la contrôler et la remodeler. Après tout, il est tentant de contrôler ce qu’il y a de plus important dans l’univers. Or, si nous obtenions un tel contrôle, le techno humanisme ne saurait qu’en faire car l’être humain sacré ne deviendrait plus qu’un produit manufacturé parmi d’autres. Tant que nous croirons que volonté et expérience humaines sont la source suprême de l’autorité et du sens, il nous sera impossible de composer avec ces technologies. »7
La tentation de contrôler ce qu’il y a de plus important dans l’univers est si forte en effet que Harari est le premier à y succomber. Son ambiguïté est un procédé rhétorique destiné à rassurer les lecteurs qui ne sont pas aussi gagnés que lui à la cause d’un progrès dont l’aboutissement est le dataÏsme, autre nom du Meilleur des mondes.
Ce n’est pas par dérision qu’il identifie les super cyborgs de ce monde à des dieux. Tout indique au contraire qu’il adhère au dogme central du transhumanisme selon lequel une nouvelle espèces, hybride de l’homme et de la machine, est en voie d’émergence. C’est pour cette raison qu’il accorde une si grande place à l’animal dans son livre.
« Dans la première partie, je me pencherai sur la relation entre Homo sapiens et les autres animaux pour essayer de comprendre ce que notre espèce a de si particulier. Certains lecteurs se demanderont peut-être pourquoi accorder tant d’attention aux animaux dans un livre sur l’avenir. À mon sens, on ne saurait discuter sérieusement de la nature et du futur de l’humanité sans commencer par nos comparses du monde animal. Homo sapiens fait tout pour l’oublier, mais c’est un animal. Et il est doublement important de nous souvenir de nos origines à une époque où nous essayons de nous métamorphoser en dieux. Aucune investigation de notre futur divin ne saurait ignorer notre passé animal ni nos relations avec les autres animaux, parce que la relation entre humains et animaux est le meilleur modèle que nous possédions des relations futures entre surhumains et humains. Vous voulez savoir comment des cyborgs super-intelligents pourraient traiter des humains de chair et de sang ordinaires ? Mieux vaut commencer par étudier comment les humains traitent leurs cousins animaux moins intelligents. L’analogie n’est pas parfaite, bien entendu, mais c’est le meilleur archétype que nous puissions réellement observer et non simplement imaginer. »8
Après l’ambiguïté, le paradoxe. L’appel de Harari à une réconciliation avec l’animal en nous et hors de nous révèle un amoureux de la vie chez un homme qui d’autre part s’enthousiasme pour les abstractions d’où Sapiens tire sa puissance dévastatrice à l’endroit de la nature. Le mot de Pascal vient à l’esprit : « qui fait l’ange fait la bête » façon concise de diagnostiquer une schizophrénie. Mais tout se complique ici. Dans la tradition à laquelle appartenait Pascal, l’incarnation est omni présente, l’homme est lui-même le résultat d’une incarnation de l’esprit dans la matière, de l’union intime d’une âme et d’un corps. C’est là une chose exclue de l’univers matérialiste, unidimensionnel de Harari, où l’homme est un animal machine capable de raisonnements tout puissants appelés algorithmes. On ne s’étonnera donc pas de ne trouver dans Homo Deus aucune occurrence du mot incarnation dans le sens que nous venons de lui donner. Homo Deus est un hymne abstrait à la désincarnation. Quant à la vie, au sens que lui donnent les romantiques, de phénomène qualitatif irréductible à la physico chimie, Harari ne s’y intéresse guère.
À la vérité, rien ne semble l’intéresser en dehors de ses propres idées, du scientisme et du transhumanisme auxquels elles se rattachent. Une confrontation avec les grands critiques de la technique et du progrès, Mumford, Ellul, Charbonneau, Illich, Wendel Berry aurait donné à sa pensée dans Homo Deus une consistance dont elle est pour l’instant dépourvue. Hélas on chercherait en vain dans le livre la moindre ébauche d’une telle confrontation. Harari aurait-il survécu à un face à face réel avec l’un ou l’autre de ces auteurs?
Parce qu’il invoque de nombreux faits bien établis, son livre jouit du prestige que confère le mot science à tout ce à quoi on l’associe; or il résisterait encore plus mal à une critique de Karl Popper qu’à une critique d’Ellul. Quant aux historiens, ils exigeraient au moins de l’auteur qu’il tienne compte des travaux antérieurs sur le même sujet, par exemple Walden Two (1947) de B.F. Skinner et Vous serez comme des dieux (1959, 1985) de G.Thibon.
http://encyclopedie.homovivens.org/documents/walden_two
http://encyclopedie.homovivens.org/documents/vous_serez_comme_des_dieux
La grande question
Qu’est qui est préférable pour l’homme : Les lendemains mystérieux de la mort après les moments d’éternité et les petits miracles d’une vie à haut risque ou la répétition sans fin des mêmes bonheurs sécurisés ?
Voici un aperçu des réponses de Skinner et Thibon à cette question fondamentale.
Skinner. Le principal souci des ingénieurs de Walden Two est de prendre le contrôle de la société pour faire son bonheur, malgré elle s'il le faut. À leurs yeux l’homme est une table rase sur laquelle on peut, par le moyen du conditionnement, construire et réparer des individus et des sociétés. Ils veulent améliorer la vie de leurs semblables en cultivant en eux les émotions positives. « Mais quand une émotion n’est plus une composante utile d’une réponse behaviorale, nous faisons le nécessaire pour l’éliminer. »9 Ce mal dans l’homme que les morales n’ont pu contenir, nous allons l’éradiquer par la science du conditionnement. Walden Two a dépassé les deux millions d’exemplaires vendus.
Thibon. Dans Vous serez comme des dieux10, un dialogue métaphysique en forme de pièce de théâtre, Thibon pousse à sa limite, sous la forme d’un paradis sur terre attrayant, une vision du monde dont les prémisses avaient déjà imprégné les mentalités de l’époque. Nous sommes en 1959. Ce paradis est une préfiguration étonnamment précise de celui que les transhumanistes semblent sur le point d’achever en ce moment. Le message de Thibon à ses contemporains est sans ambiguïté : ou bien vous considérez la technoscience triomphante comme un instrument de purification de l’idée que vous vous faites de Dieu, et alors vous adorerez un Dieu faible et aimant; ou bien vous êtes convaincus que ce Dieu transcendant et mystérieux est mort en même temps que le Dieu puissant, interventionniste et vengeur imaginé par l’humanité enfant, et alors vous demanderez tout à l’homme, le suppliant de mettre sa technoscience au service de la volonté de puissance dont il a dépouillé Dieu à son profit. Si cela ne vous satisfait pas, il vous restera la possibilité de redevenir mortel par choix, un choix que vous devez faire dès aujourd’hui car votre imagination vous a déjà transporté dans le paradis sur terre. Toute la pièce gravite autour de ce choix : l'héroïne, Amanda a mis toute la contrée des immortels en état de choc en annonçant qu'elle redeviendrait mortelle. On la considère comme malade, de cette maladie d'avoir une âme ayant la nostalgie d'un autre monde. À défaut de réussir à la guérir, on en tire un clone, une copie conforme à tous égards mais sans âme. La vraie Amanda s'adresse en ces termes à Hélios, l'homme qu'elle aime et qui l'aime: « Choisis. Moi je vais mourir. Je ne veux pas t'entraîner dans cet abîme — néant ou Dieu — dont je ne sais rien, sinon qu'il m'attire et que je le préfère à tout. Celle-là sera tienne éternellement, vous serez heureux de tout ce bonheur que j'ai refusé : aucun Dieu ne lui parlera, aucune mort ne te la prendra. Choisis ! »11
Harari ne pose pas la question de ce choix tant il semble assuré que le paradis/enfer sur terre est la seule issue possible et souhaitable. Il est du côté de ceux qui veulent achever le programme de Skinner.
De l’inspiration à la motivation
Me permettra-t-on de soulever, en conclusion, une question troublante qui s’impose à moi avec la force de l’évidence. Aussi longtemps qu’il a conservé la nostalgie de la source divine de toute vie, l’homme a été habité par un désir d’absolu qui l’a rendu apte à produire des œuvres d’art elles-mêmes vivantes et nourricière, dont celles des cavernes et plus tard celles de Giotto et de Bach sont de beaux exemples. À mesure que s’achève la rupture de son lien avec la Source, tout porte à croire qu’il se réduit à ne plus pouvoir créer que des machines, logiques et physiques et de pseudo œuvres d’art évoquant la matière en décomposition. L’inspiration, orientée vers une fin non représentable est remplacée par la motivation behavioriste tournée vers des objectifs chiffrables.
Et à mesure que disparaît, sous le choc des promesses d’immortalité sur terre, le sentiment de l’irrémédiable fragilité humaine, se met en place une gouvernance impitoyable, celle des humanismes totalitaires d’hier, puis celle de Skinner et celle du dataïsme. Sans Dieu, sans pardon? Il ne reste plus qu’à éliminer les mauvaises émotions.
Sans pouvoir éliminer les mauvaises humeurs de la planète. Quid en effet des guerres, de l’éclatement de la nature en incendies et en inondations meurtrières, des famines et des pauvretés qui en résultent, d’autant plus insupportables qu’elles succèdent à un gavage alimentaire et à tous les conforts produits par la technique. Quid des millions d’humains que les surhommes évacueront froidement de leurs délires techniques? Car seule une caste pourra devenir transhumaine.
Notes
1. Yuval Noah Harari, Homo Deus, Albin Michel, Paris, 2017, p.359 (édition numérique)
2. Équipe de Pièces et main d’œuvre, Éditions Service compris, septembre 2017, p.160. service compris38@free.fr,
3. Y. N. Harari, op.cit. p.288
4. Ibid.,p.355
5. Ibid., p.443
6. Ibid., p.461
7. Ibid., p.461
8. Ibid., p. 90
9. Walden Two, MacMillan Pub. Co. New York, 1962, p. 102.
10. G. Thibon, Vous serez comme des dieux, Fayard, 1959
11. Ibid., p.176