Aperçu de La politique d'Aristote

Gilles Maloney

 

            L’œuvre d’Aristote qui nous est parvenue est vaste en mots et immense en pensée. Eu égard à l’espace qui nous est permis dans cette chronique, je ne vais pas analyser son traité qui m’a impressionné le plus : La politique. Je vais le reprendre sans commentaires en citant quelques passages et en mettant les mots clés en caractères gras.

            « Une conclusion évidente : l'État est un fait de nature, et par nature seul l'homme est un être sociable (animal politique : "zoon politikon"); celui qui reste sauvage par organisation, et non par l'effet du hasard, est certainement, ou un être dégradé, ou un être supérieur à l'espèce humaine.

            La nature ne fait rien en vain. C’est ainsi que  les hommes désirent la vie sociale invinciblement, ce qui n'empêche pas chacun d'eux d’y être poussé par son utilité particulière, et par le désir de trouver la part individuelle de bonheur qui lui doit revenir. Les hommes se réunissent ne serait-ce que pour le bonheur seul de vivre ; et cet amour de la vie est sans doute une des perfections de l'humanité.

            L'association naturelle de tous les instants, c'est la famille. L'association première de plusieurs familles, c'est le village.  L'association de plusieurs villages forme un État complet, arrivant, l'on peut dire, au point de se suffire absolument à lui-même. Ainsi l'État vient toujours de la nature. La cité est une association d'êtres égaux, recherchant en commun une existence heureuse et facile. Une chose que je cherche, parmi d’autres, c'est l'idée absolue du citoyen, dégagée de toutes les imperfections que nous avons signalées. De cette réunion arrivent trois formes de gouvernement : la royauté, l'aristocratie,  la république.

            Dans la famille, les fonctions de l'homme et celles de la femme sont fort opposées, le devoir de l'un étant d'acquérir, et celui de l'autre de conserver. Nous dirons comment il faut agir avec les esclaves, et pourquoi l'on doit toujours leur présenter la liberté comme le prix de leurs travaux, en admettant qu’existent des esclaves qui le sont par accident et d’autres par nature.

            Le corps des femmes enceintes a besoin d'activité, mais il faut conserver à leur esprit le calme le plus parfait, car les enfants ne ressentent pas moins les impressions de la mère qui les porte, que les fruits ne tiennent du sol qui les nourrit. Il faut provoquer l'avortement avant que l'embryon n’ait reçu le sentiment et la vie. Le crime, ou l'innocence de ce fait, ne dépend absolument que de cette circonstance de sensibilité et de vie. 

            Il y a deux époques dans l'éducation : de sept ans à la puberté, de la puberté à vingt et un ans. Pour nous, il est de toute évidence que la loi doit régler l'éducation et que l'éducation doit être publique. Le système actuel d'éducation contribue beaucoup à embarrasser la question.

            Aujourd'hui l'éducation se compose ordinairement de quatre parties distinctes : les lettres, la gymnastique, la musique et parfois le dessin ; la première et la dernière, comme d'une utilité aussi positive que variée dans la vie entière; la seconde, comme propre à former le courage. La nature, pour le dire encore une fois, est le principe de tout; la musique est une véritable jouissance ; et comme la vertu consiste précisément à savoir jouir, aimer, haïr comme le veut la raison, il s'ensuit que rien n'est plus puissant que le rythme et les chants de la musique, pour imiter aussi réellement que possible la colère, la bonté, le courage, la sagesse même et tous ces sentiments de l'âme.

            J’examinerai en détail le fait que, dans une constitution, il faut distinguer trois pouvoirs : le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Je cherche également la nature des causes qui amènent les révolutions dans les États.

                        Attribuer la souveraineté à la multitude plutôt qu'aux hommes distingués, qui sont toujours en minorité, peut sembler une solution équitable et vraie, bien qu’elle ne tranche pas encore toutes les difficultés. »

***

                Celui qui signe cette chronique-ci n’endosse pas toutes les idées d’Aristote, mais il est captivé par son analyse philosophique de situations de son époque qui sont les mêmes aujourd’hui.

Gilles Maloney

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