Les deux mardis 11 septembre, 1973, 2001
Résumé des articles d'Ariel Dorfman dans The Nation et Noam Chomsky sur le site de Al Jazeera
Celui de Santiago au Chili en 1973, celui de New York en 2001. Deux observateurs, qui sont aussi deux penseurs, donnent leur opinion sur cette question : Ariel Dorfman dans The Nation, Noam Chomsky, sur le site Al Jazeera.
Ce sont sont là, écrit Dorfman, deux catastrophes aux tristes conséquences pour le monde et pour les États-Unis en particulier, lesquels furent l'agresseur dans le premier cas et la victime dans le second.
Dorfman (photo ci-contre) est bien placé pour en témoigner puisqu'il vivait à Santiago en 1973 et à New-York en 2001. Dans le cas du World Trade Center, une poignée de terroristes, dit-il, a réussi à mettre en panique le pays le plus puissant du monde, à un point tel qu'il s'est lancé aveuglément dans deux guerres ruineuses, celle de l'Afghanistan et celle de l'IRAQ. Ces guerres ont causé des centaines de milliers de morts, tant parmi les civils que parmi les militaires, servi de prétexte pour pratiquer la torture et bafouer les droits de l'homme, cependant que le pays manquait d'argent pour remplir ses obligations en matière d'éducation et succombait à l'obsession de la sécurité avec son climat de suspicion. Le Chili, ajoute Dorfman, a tiré un meilleur parti de son malheur : après vingt ans de dictature, il est revenu à la démocratie dans la non violence.
Chomsky soutient que les Américains se sont avilis en assassinant Ben Laden plutôt qu'en lui faisant l'honneur d'un procès conformément à la lettre et à l'esprit de leur propre consitution. Car, dit-il en substance, la preuve de sa responsabilité dans les événements de New-York n'a jamais été parfaitement établie. Toujours selon Chomsky, en portant la guerre en Afghanistan et en Iraq, les Américains sont tombés dans le piège que Ben Laden avait imaginé pour eux. Ce dernier en effet avait dit et redit que le meilleur moyen pour le monde islamique de se débarrasser des Américains était de les inciter à se précipiter dans une série de guerres, petites, mais coûteuses, qui finiraient par les ruiner.
Au lendemain du coup d'état au Chili, Henry Kissinger, alors Secrétaire d'État, aurait rassuré le président Nixon en lui disant que c'était un petit événement qui n'aurait guère de conséquences. Pour mesurer l'importance du coup d'État, nous dit Chomsky, il faut le situer dans le cadre d'une politique américaine remontant à JFK et visant à faire de l'ensemble de l'Amérique latine une annexe des États-Unis, analogue aux républiques d'Europe de l'Est inféodées au Bloc soviétique. Si nous ne pouvons pas régner sans partage sur nos voisins d'Amérique latine, comment pourrions-nous prétendre pouvoir le faire à l'échelle mondiale ? C'était, selon les bonnes sources de Chomsky, le discours de Washington au moment du coup d'état au Chili.