Évoque la contribution de Paul Claudel à un "Hommage à Stéphane Mallarmé" paru dans la livraison du 1er novembre 1926 de la Nouvelle Revue Française.
Pour Paul Claudel, Mallarmé, avec
Baudelaire et
Poe, appartenait à la tradition d’Hamlet. « Il s’est trouvé au XIXe siècle une lignée parfaitement déterminée de trois poètes, dont la grande nuit métaphysique, qui est non pas le néant mais le silence de la lumière (
Dante) était pour ainsi dire le climat spirituel, elle formait la condition même de leur parole et de leur œuvre, le fond nécessaire à leur apparition. » C’est
Igitur qui autorise Paul Claudel à joindre Mallarmé à cette lignée malheureuse. Mallarmé du moins est le premier qui se soit placé devant l’extérieur, non pas comme devant un spectacle, ou comme un thème à devoirs français – à la façon de
Flaubert,
Zola, Loti, Huysmans – mais comme devant un texte avec cette question : « Qu’est-ce que cela veut dire? »
« Question qui, pour lui, d’ailleurs, comportait non pas une réponse, non pas une explication, mais une authentification par le moyen de cette abréviation incantatoire qu’est le Vers, comme le savant dit qu’il a expliqué un phénomène quand il en a fourni un dessin schématique…
L’aventure d’
Igitur est terminée et avec la sienne celle de tout le XIXe siècle. Nous sommes sortis de ce fatal engourdissement, de cette attitude écrasée de l’esprit devant la matière, de cette fascination de la quantité. Nous savons que nous sommes faits pour dominer le monde et non pas le monde pour nous dominer.
… Nous savons que le monde est en effet un texte et qu’il nous parle, humblement et joyeusement, de sa propre absence, mais aussi de la présence éternelle de quelqu’un d’autre, à savoir son Créateur »…