Les médecins et les patients sont obligés de choisir parmi des milliers de noms de produits commerciaux, alors que les substances actives ne dépassent guère la trentaine.
La technicisation de la médecine s'est avérée indissociable du développement de l'industrie pharmaceutique. Il en est résulté l'avènement, dans le monde de la santé, d'une logique commerciale qui a modifié bien des données. En Occident, l'industrie pharmaceutique est privée, à quelques rares exceptions près. Il faut vendre des médicaments, efficaces autant que possible, mais nouveaux surtout. L'innovation est en effet la première règle de l'industrie pharmaceutique, parce qu'il faut améliorer les produits, parce qu'il faut faire face à la concurrence, mais aussi parce que la nouveauté fait partie du charisme d'un médicament et de son effet placebo. Dans les pays comme la France, où les médicaments sont remboursés par la sécurité sociale, il faut apporter des changements aux formules pour faire passer un produit d'une catégorie de prix à une autre. Faut-il préciser que lesdits changements de formule n'ont souvent aucune signification sur le plan thérapeutique?
Ces innovations ont pour conséquence que les médecins et les patients sont obligés de choisir parmi des milliers de noms de produits commerciaux, alors que les substances actives ne dépassent guère la trentaine. Les médicaments sont ainsi devenus un facteur supplémentaire de dépendance vis-à -vis de l'institution médicale.