La colère de Berlioz
Je l’ai vu une fois. Il me frappa beaucoup. Il était jeune encore; c’était un blond-roux, hérissé, crispé, anguleux. Il avait le bec de l’aigle et le poil du lion, et l’étrange aspect d’un animal héraldique…
Artiste énorme, cœur aux colères de Samson contre les Philistins, il ne décoléra jamais un seul jour, une seule minute de sa vie. Comment se serait-il apaisé ?… Il n’avait pas ce qui apaise. Homme sans foi de ces jours mauvais, il ne connaissait, comme les artistes de ce temps, que le Beau pour tout Dieu, le Beau qu’ils produisent… Peut-être ne pensa-t-il jamais à Dieu qu’en écrivant l’Enfance du Christ, ce doux chef-d’œuvre. Et qui sait ? peut-être aussi, dans sa bonté, Dieu l’a-t-il pris pour une prière ! …