Quelques pensées de Rivarol
Les vices sont souvent des habitudes plutôt que des passions.
Celui qui n’a qu’un désir ou qu’une opinion, est un homme à caractère.
Les passions sont les orateurs des grandes assemblées.
L’orgueil est toujours plus près du suicide que du repentir.
L’avare est le pauvre par excellence, c’est l’homme le plus sûr de n’être pas aimé pour lui-même.
On ne pleure jamais tant que dans l’âge des espérances; mais quand on n’a plus d’espoir, on voit tout d’un œil sec, et le calme naît de l’impuissance…
L’amour qui vit dans les orages et croît souvent au sein des perfidies, ne résiste pas toujours au calme de la fidélité.
En général l’indulgence pour ceux que l’on connaît, est bien plus rare que la pitié pour ceux qu’on ne connaît pas.
Dans les grandes villes, l’innocence est le dernier repas du vice.
On sait par quelle fatalité les grands talents sont, pour l’ordinaire, plus rivaux qu’amis; ils croissent et brillent séparés, de peur de se faire ombrage : les moutons s’attroupent, et les lions s’isolent.
Pourquoi l’amour est-il toujours si mécontent de lui, et pourquoi l’amour-propre en est-il toujours si content? C’est que tout est recette pour l’un, et que tout est dépense pour l’autre.
L’or, semblable au soleil qui fond la cire et durcit la boue, développe les grandes âmes, et rétrécit les mauvaises.
Les pavots de la vieillesse s’interposent entre la vie et la mort, pour nous faire oublier l’une et nous assoupir sur l’autre.
L’homme passe sa vie à raisonner sur le passé, à se plaindre du présent, à trembler pour l’avenir.
Quelques jouissances, quelques idées, voilà ce qui fait le grand homme ou l’heureux; et c’est dans une page d’écriture, ou dans les bornes d’un jour qu’on peut resserrer la gloire et le bonheur de la plus longue vie.
Le mépris doit être le plus mystérieux de nos sentiments.
Si la tristesse est si près de la fortune, pourquoi l’envie est-elle si loin de la pitié?
Il n’est rien de si absent que la présence d’esprit.