Les robots traders

Jacques Dufresne

Il y a quelques années des investisseurs américains n'ont pas hésité à dépenser des centaines de millions de dollars pour installer entre Chicago et New York un fil haute vitesse qui permettrait à ses usagers de devancer ses concurrents  de quelques fractions de seconde dans les ordres donnés en bourse. À cette échelle seuls de puissants ordinateurs peuvent donner des ordres...et ces ordres peuvent provoquer un crash comme cela s'est produit en 2010. (Voir notre vidéo)

La philosophie du changement pour le changement est hélas! trop cultivée par les partis politiques, mais personne n'en est vraiment dupe. En bourse où elle vient de faire son entrée, la même philosophie est beaucoup plus inquiétante. Elle peut provoquer une catastrophe financière.

« Avant, c’était relativement simple : si le business était bon, le cours de l’action montait. Alors que les traders haute fréquence ne tiennent aucun compte des perspectives à moyen ou long terme de l’entreprise, leur seul intérêt, c’est de faire bouger les cours, faire croire qu’il y a un mouvement. Les entreprises ne peuvent plus prévoir le cours de leur action ».

Ce sont là des propos qu'on peut lire sur le site rue 89 et entendre sur France 2. Les Kerviel de la Société générale et autres traders inviduels fous appartiennent déjà au passé. Ils ont été remplacés par des programmeurs qui ne veulent pas rendre leurs algorythmes publics.

Conséquences :

« les entreprises ne savent plus combien elles valent et les banques ne savent plus à quelle hauteur leur prêter;

les investisseurs qui ont perdu beaucoup d’argent avec ces actions yoyo risquent de ne plus en acheter par la suite;

si l’entreprise a moins de perspectives claires, elle devient plus frileuse, et investit moins ».

Ou s'arrêtera ce formalisme?

 



Ce livre sera bientôt traduit en chinois

 

 

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