L’histoire de Ramon Sampedro a touché beaucoup d’Espagnols, qui ont pu suivre l’homme dans son long combat, fort médiatisé, pour obtenir le droit de mourir. Sampedro a plongé du haut d’une falaise un jour de marée basse, perdant l’usage de ses membres. Cloué à son lit depuis vingt-huit ans, il affirme que sa vie lui appartient et qu’il peut en disposer librement. Assisté pour accomplir son acte, il met fin à ses jours le 12 janvier 1998. Les récits de Sampedro, publiés en 1996 sous le titre Cartas desde el inferno, ont été adaptés à l’écran par Alejandro Amenàbar dans Mar Adentro (La mer intérieure), mettant en vedette Javier Bardem dans le rôle de Sampedro. Prostré dans un lit depuis sa jeunesse, il connaît comme seule ouverture au monde la fenêtre de sa chambre du côté de la mer. En esprit, il entend le bruit de la mer et il sent son odeur. En rêve, il prend son envol jusqu’à la plage pour y rencontrer les femmes qu’il aime. Il vit dans la maison entouré de son père, qui est sensible à ses réflexions, et de son frère aîné, qui s’oppose radicalement à sa volonté de mourir et à sa lutte contre les tribunaux pour avoir gain de cause. Son neveu est pour lui un fils qui met à sa disposition ses talents en informatique et en mécanique. Sa belle-sœur, être tendre et dévoué, le soigne comme son propre fils. Le prêtre infirme, qui de son fauteuil roulant reproche à Ramon sa lutte en faveur du suicide assisté et lui suggère que sa volonté de mourir provient du manque d’affection de la part de son entourage, provoque l’ire de ses proches. En effet, sa famille* l’accompagne avec beaucoup d’humanité. En plus, sa vie se trouve transformée par l’arrivée de deux femmes, qui établissent avec lui une relation très étroite. La première s’appelle Julia et est, elle aussi, condamnée à une mort prochaine. Avocate à la fois rationnelle et sensible, elle appuie pleinement sa demande de suicide assisté avec l’aide d’un couple d’une association pour mourir dans la dignité*, qui attend un enfant. Avec eux, elle travaille à la rédaction d’un livre à partir de toutes les notes, pensées et poèmes, que Ramon a pu composer durant toutes ses années de silence et de réflexion. La seconde, appelée Rosa, jeune ouvrière d’un village proche de la mer, mère d’une famille monoparentale de deux enfants, dans toute la splendeur de sa vitalité, tente de convaincre Ramon que sa vie vaut la peine d’être vécue. La personnalité savoureuse d’un Sampedro finit par séduire les deux femmes qui sont amenées à s’interroger, à partir des désirs de Ramon, sur l’authenticité de leurs propres désirs, sur la vulnérabilité de leur destin et sur la façon dont Ramon tente d’interpréter sa propre vie dans l’incertitude d’un avenir impénétrable.
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