L'Encyclopédie sur la mort


Japon

 

En 1900, le taux de suicide était de 18,0 sur 100 000 habitants, tandis qu’en 1960, il a été de 21,5 pour descendre à 17,6 en 1980, à 17,2 en 1995 et à 15,1 en 1997. Mais en 1998, la récession économique battant son plein, le nombre des suicides a fait un bond spectaculaire de 35% et se maintient jusqu’à 2003 autour de 26,0. En 2000, les groupes d’âge les plus touchés sont les 55-64 (41,9), les 75 ans et plus (38,0) et les 45-54 ans (34,6). Dans ces trois groupes d’âge, les hommes enregistrent des taux se situant entre 50 et 65 sur 100 000. Cette hausse soudaine affecte toutes les couches de la société, mais principalement les cols blancs de quarante à cinquante ans. Un des premiers facteurs de cette crise suicidaire serait les troubles économiques du pays. Le Japon essaie, en effet, de se sortir de sa pire récession économique depuis cinquante ans et les travailleurs d’âge moyen souffrent particulièrement des licenciements et des réductions de salaire.

 

La tradition japonaise considère le suicide comme un sacrifice* honorable afin de prouver son amour, d’exprimer sa détresse ou sa compassion*, d’expier ses fautes face à un échec*, d’accompagner son maître ou son compagnon d’armes dans la mort. «Le suicide au Japon ne fut jamais arraché de l’ordre éthique, jamais il ne perdit sa qualité de mort volontaire, d’acte moral, justifié, raisonné, délibéré, pleinement inséré dans ce monde-ci. On pouvait en comprendre l’intention, en retracer la responsabilité. C’était le dévoilement d’une vérité lucide et toute humaine, la même où les médecins de l’Occident ne voulaient voir encore au xixe siècle que manie, mélancolie — aliénation» (M. Pinguet, La mort volontaire au Japon, p. 195).

Le mercredi 15 mars 2006, quatre japonais ont été retrouvés morts asphyxiés dans une voiture garée sur une route de Shizuoka (ouest de Tokyo). Cinq jours plus tôt, six autres avaient été retrouvés morts dans des circonstances similaires, vers Chichibu (nord de Tokyo). À chaque fois, les personnes s’étaient rencontrées par l’entremise d’internet et avaient organisé leurs suicides en s’enfermant dans des voitures aux vitres hermétiquement scellées par du ruban adhésif. Ces clubs de suicide se développent de façon inquiétante, notamment par le biais de sites internet qui proposent des moyens pour se suicider. En 1998, sur un de ces sites, un enseignant de vingt-sept ans annonçait des pilules de cyanure et les distribuait aux suicidaires qui s’adressaient à lui. Faisant l’objet d’une enquête, il s’est donné la mort.

Actualités

Il y a eu une forte hausse des suicides de personnes âgées au Japon en 2007. Plus de 33.000 suicides ont été enregistrés au Japon en 2007, soit 2,9% de plus qu'en 2006. Les suicides ont particulièrement augmenté chez les personnes âgées de 60 ans (+ 8,9%). Les problèmes de santé 56% et économiques 15% sont cités comme les principales raisons poussant les personnes âgées à mettre fin à leurs jours. Le Japon connaît un des taux de suicides les plus élevés des pays industrialisés: proche de 26/100.000 (contre 18/100.000 en 1995). La moyenne est de 16 selon l'OMS. (La lettre de l'UNPS, n,° 7, septembre 2008)

Liens

Natalia Fernandez Diaz, « Les femmes et le suicide: une exploration depuis la périphérie discursive »
Encyclopédie sur la mort
http://agora-2.org/thematiques/mort/edition.nsf/(idx)/x5645C0BB1BA432CB8525784400519E6B?OpenDocument

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-12

Documents associés