Au Japon, le divorce chez les aînés a pris une telle ampleur qu’il est devenu le sujet d’un feuilleton à succès Jukunen Rikon, (Divorce tardif).
Une série télévisée, appelée Jukunen rikon, a conduit les aînés japonais à réfléchir sur les conséquences de la réforme des pensions de retraite dont les négociations avaient commencé en 2001. Ce téléfilm a été diffusé par TV Asahi en automne 2005 avec un taux d’audience record de 21,4% parmi toutes les séries télévisées de la chaîne. Cela a soulevé beaucoup de discussions dans l’opinion publique. Ce téléfilm de neuf épisodes met en scène le divorce d’un homme de 60 ans et d’une femme de 57 ans, ainsi que les conséquences que cela entraîne sur toute la famille. C’est l’histoire d’un ingénieur qui prend sa retraite. Sa femme va lui annoncer lors du dernier jour de son travail qu’elle veut divorcer. Alors qu’il s’imaginait passer le restant de sa vie à profiter de son temps libre pour voyager avec sa femme à l’étranger, l’homme finit par s’engager dans une ONG humanitaire en Amérique du Sud et la femme se lance pour la première fois de sa vie sur le marché du travail.
Un écrivain, Taichi Sakaiya, a publié en 1976 un roman d’anticipation sur l’avenir du Japon. En 1998, il avait été nommé par le Premier ministre Obuchi directeur général de l’Agence pour la planification économique. Son roman est intitulé Dankai no sedai pour qualifier la génération née lors du premier baby-boom d’après-guerre (1947-1949) et dont les enfants, nés lors du second baby-boom du début des années 1970, préfèrent rester célibataires et ne pas faire d’enfants. Environ plus de 50% des filles de Dankai no sedai ne font pas d’enfants, selon les chiffres annoncé le 3 mars 2006 par le ministère de la Santé. La génération Dankai no sedai a fortement contribué au développement économique du Japon, mais elle a fourni les premiers licenciés de la restructuration des entreprises suite à l’éclatement de la bulle économique dans les années 1990. Le troisième baby-boom, qui aurait dû se produire ces dernières années, n’a pas eu lieu. De 2007 à 2009, plus de 2,8 millions de Japonais Dankai no sedai vont partir à la retraite. D’où l’inquiétude du gouvernement japonais à cause de l’augmentation de la population non-active et de l’aggravation de la baisse démographique et donc du manque d’actifs pour couvrir les dépenses liées aux retraites, à la santé, etc.
«Jukunen rikon» signifie le divorce tardif, après vingt à plus de trente ans de mariage. Dans 75% des cas c’est l’épouse qui prend le plus souvent l’initiative de divorcer. Pour bien comprendre cette notion, il faut savoir qu’au Japon, il arrive parfois qu’une épouse apprenne à vivre avec son mari lorsque celui-ci est à la retraite. Car le plus souvent il était absent de la maison, toujours au travail, et généralement le week-end il ne s’occupait pas de sa famille. Il passait son temps libre à dormir ou bien avec des amis, des clients de l’entreprise, des collègues ou son supérieur. Ainsi, l’épouse veille à ce que son mari soit toujours en bonne santé et, généralement, elle apprécie qu’il soit toujours absent de la maison car elle accepte mal sa présence permanente. Les époux peuvent aussi avoir des difficultés à communiquer, à partager des intérêts communs. Il est aussi fréquent que l’épouse s’occupe de la mère de son mari, qui habite sous le même toit. La femme a une espérance de vie supérieure à celle de l’homme et vieillit souvent en meilleure santé. Arrivée à l’âge de la retraite, la femme japonaise est éprise de liberté et, comme en France, c’est elle qui prend le plus souvent l’initiative de divorcer. Sayoko Nishida, auteur d’un livre à succès, Pourquoi les maris à la retraite sont-ils tellement ennuyeux ?, explique que son époux, arrivé à l’âge de la retraite ne savait pas quoi faire, qu’il traînait à la maison.Selon le ministère de la Santé du Japon, parmi les couples de plus de vingt ans, le nombre de divorces a atteint 42.000 en 2004, le double de 1985, tandis que le nombre de couples mariés plus de 30 ans qui divorcent est quatre fois supérieur.