Les dialogues des morts ont une double source:
la nékuia*, un rite d'invocation des morts, décrit par Homère* au chant XI de l'Odyssée où Ulysse, après avoir accompli des libations aux morts, fait venir vers lui Tiresias, le Thébain et Anticlée, sa mère,
Les Dialogues des dieux et Dialogues des morts de Lucien de Samosate ((v. 120–après 180), rhéteur et satiriste de Syrie, considéré comme l'«architexte» ayant inspiré nombre d'autres Dialogues des morts anciens et modernes, parmi lesquels
Bernard le Bovier de Fontenelle (1657-1757), plusieurs dialogues qui rapportent des conversations fictives entre Sénèque* et Scarron, Socrate* et Montaigne*,
Nicolas Boileau (1636-1711), Dialogue sur les héros de roman (1688),
Frédéric II, roi de Prusse (1712-1786), Dialogue des morts entre Madame de Pompadour et la Vierge Marie,
François Fénelon* (1651-1715), Dialogue des morts pour l'éducation du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV,
Ernest Renan (1823-1892), Dialogue des morts (1802) entre Corneille, Racine, Boileau, Voltaire*, Diderot* et Camillus
On peut identifier «un dialogue des morts à quelques caractères formels assez bien définis. Il s'agit d'un bref entretien en prose de deux morts anachroniques qui se rencontrent aux enfers. Chacun de ces traits souffre des exceptions: on peut y donner des vivants pour morts (Frédéric II ou Rivarol l'ont fait), choisir deux contemporains (c'est souvent ainsi que procède Vauvenargues), développer un long dialogue qui réunit de nombreux personnages (comme en use Boileau), etc.. ». Parmi les traits définitionnels retenons la mention et la représentation des enfers, trait constant, souvent simplement esquissé mais impératif pour que l'on puisse définir un dialogue comme un dialogue des morts.» (Michel Henrichot, «La fiction infernale dans les Dialogues des morts» dans Arlette Bouloumié, Les Vivants et les Morts. Littératures de l'entre-deux-mondes, Imago, 2008, p. 55-66)
© Éric Volant
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