Dame romaine, épouse de Caecina Paetus, accusé d'avoir participé à la rébellion de Scribonianus contre l'empereur Claude en l'année 42 et contraint par celui-ci de se suicider. Voyant son mari trembler devant son exécution, Arria plonge un poignard dans la poitrine, le retira et le tendit à son époux en proférant des paroles devenues célèbres: Non dolet, Paete («Cela ne fait pas mal, Paetus»). Selon Pline le Jeune, Poetus fut arrêté et emmené à Rome. Arria implora le capitaine du navire de la laisser accompagner son mari, mais après essuyé un refus, elle suivit le navire dans un bateau de pêcheurs. Arrivée à Rome, elle rencontra la femme de Scribonianus et lui dit: «Toi, qui as vu tuer ton mari entre tes bras, tu vis encore!» Après la mort imposée, mais volontaire de Poetus, elle se rendit compte qu'on l'observait de près et déclara qu'on ne pouvait pas l'empêcher de mourir. Elle se jeta violemment contre un mur et tomba inconsciente. Une fois revenue à elle, elle dit : «Je vous avais dit que je le ferais durement si vous m'empêchez de le faire facilement.» Arria aurait finalement été autorisée à rejoindre son mari dans ce que les Romains appelaient une «mort noble»: se tuer avec un couteau ou une épée. (Pline le Jeune, Correspondances, III, xvi, 6. Ans 97-107). Martial parle de «l’énergique volonté d’Arria» (Y. Grisé, Le suicide dans la Rome antique, p. 241). Dans son Dictionnaire philosophique, Voltaire* l’appelle la «sublime Arria». À l’égard de la vénérable Dame, le philosophe d’Artaise s’exprime dans un langage fort laudatif: «Courage, amour, élan sublime de l’âme! non, jamais vous n’allâtes si loin» (Le prisme moral, p. 74, cité par A. Bayet dans Le suicide et la morale, p. 645).
Voir : Arria et Paetus, sculpture de Lepautre et Théodon (1685-1695), Musée du Louvre.
Image ci-dessus : sculpture de Lespingola (1684-1688)
Inscription au Patrimoine Mondial par l'Unesco (1979)
Parc et jardins du château de Versailles
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