L'Encyclopédie sur la mort


Alcoolisme

Une des conduites à risque rencontrées fréquemment dans les services d’urgence, l’alcoolisme «est impliqué dans 50% des accidents de voiture, 50% des homicides, 25% des suicides et dans un nombre important de maladies létales» (J. J. Lévy, «L’intervention psychiatrique et les conduites à risque. Entrevue avec Viviane Lew, médecin et psychiatre», Frontières, vol. 6, no 3, 1994, p. 26). Au Québec*,parmi les 1 400 adultes qui se suicident chaque année, 350 présentent une dépendance à l’alcool. «Le taux annuel de suicide chez les alcooliques est d’environ 140 sur 100 000 par année. En comparaison, ce nombre est de 70 sur 100 000 pour la population au diagnostic psychiatrique sans alcoolisme et de seulement 1 sur 100 000 pour la population sans diagnostic psychiatrique. Chez les alcooliques, les risques de suicide se manifestent le plus souvent à un stade avancé de la consommation abusive. Ainsi, la durée moyenne de l’alcoolisme avant le suicide est de 19 ans. C’est donc chez les hommes entre 45 et 50 ans que l’on retrouve le plus grand nombre d’alcooliques qui décèdent par suicide» (T. Payette et M. Tousignant, «Polytoxicomanies et suicide chez les hommes», Vis-à-vie, vol. 8, no 2, 1998). Ce sont des personnes alcooliques depuis longtemps et souffrant d’une dépression majeure, se retrouvant seules et au chômage*, mal accueillies par les médecins ou les psychothérapeutes qui manifestent des idéations suicidaires et qui, à cause de tous ces maux, constituent une population à risque élevé (M. Tousignant et T. Payette, Suicide et toxicomanie: deux phénomènes interreliés, gouvernement du Québec, 1997). La consommation excessive d’alcool trouve son origine dans un état de dépression relatif à des deuils* mal assumés, des ruptures de relations interpersonnelles, perte d’emploi, exclusion*, etc. «Une personne déjà déprimée peut voir son état dépressif surmultiplié si elle y ajoute l’action dépressive amplificatrice de l’alcool. Et cette amplification sera encore aggravée selon la progression des quantités d’alcool prises en excès […]. Pour redonner un sens à la vie à des personnes déprimées qui ont en plus une dépendance à l’alcool, la solution des Alcooliques anonymes combinant l’abstinence et une approche spirituelle serait peut-être une formule à considérer avec plus de sérieux pour prévenir les suicides alcooliques» (L. Pilote et G. Quesnel, «L’alcoolisme. Une forme déguisée de suicide», Frontières, vol. 13, no 1, 1999, p. 72). Une enquête effectuée en France entre novembre 1992 et février 1993 auprès d’une population exclusivement masculine, accueillie dans les centres de sélection des armées et dont l’âge varie entre 17 et 29 ans, révèle l’existence d’un lien évident entre l’alcoolisation et la tentative du suicide*. La répétition des ivresses est fortement corrélée au risque suicidaire et le risque relatif est d’autant plus élevé que les ivresses sont précoces. L’ivresse avec des amis et plus généralement l’ivresse festive ne sont pas associées au risque suicidaire. En revanche, l’ivresse solitaire y est très fortement liée, ainsi que l’ivresse «pour oublier ses problèmes ou par “perte de contrôle”» (J. D. Favre, M. Choquet et G. Azoulay, «Modes de consommation d’alcool et tentatives de suicide chez l’homme jeune», Actualité et dossier en santé publique, no 18, mars 1997, p. 14-16).

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-12

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