Le cycle mythologique finnois commence avec le vénérable vieillard Wâinamöinen, fils de Kalewa et errant sur les flots en quête des trois paroles originelles de toute création et de toute connaissance. Le texte ci-dessous est un extrait de la poésie mythique, traduit par l'auteur de La Finlande (Paris,1845). C'est le récit du voyage de Wâinamöinen jusqu'à l'entrée de Tuenola, le royaume de la mort où il rencontre les filles de Tuoni.
«Le vieux, le brave Wâinamöinen va à la recherche des paroles. Il tue une foule d'hirondelles, massacre des milliers d'oies, des milliers de cygnes. Mais il ne trouve pas une parole, pas la moitié d'une parole.
Il dit dans sa pensée: "Je trouverai cent paroles, mille matières de chant, sous la langue de la renne d'été, dans la bouche de l'écureuil blanc."
Et il va à la recherche des paroles. Il jonche les champs de rennes égorgés, il tue des milliers d'écureuils; mais il ne trouve pas une parole, pas la moitié d'une parole.
Il dit encore dans sa pensée: "Je trouverai cent paroles, mille matières de chant, dans les demeures de Tuenola, dans les souterrains de Manala."
Il se dirige vers les demeures de Tuonela, vers les souterrains de Manala. Ses pas sont légers comme l'air. Il marche un jour, deux jours, trois jours.
Et il arrive au fleuve sacré.
Alors d'une voix haute il s'écrie:° O filles de Tuoni, amenez votre barque; enfants de Manala, amenez votre radeau, afin que je puisse passer le fleuve."
Les filles de Tuoni, les enfants de Manala, répondirent: "On t'amèra une barque quand tu auras dit comment tu es venu à Manala, comment tu as été transporté à Tuonela. Car nulle maladie ne t'a donné la mort, nul malheur ne t'a tué, nulle catastrophe ne t'a brisé."
Le vieux Wâinâmöinen dit: " Tuoni m'a conduit à Manala, Tuoni m'a poussé à Tuonela.»
Les filles de Tuonela s'irritèrent, les vierges de Kalma murmurèrent: "Nous connaissons les ruses de l'homme, nous devinons ton mensonge. Si Tuoni t'avait conduit à Manala, Tuoni t'aurait suivi dans le voyage; une fosse aurait été creusée dans la terre. Qui t'a amené à Manala?"»
[...]
Après plusieurs autres ruses
«Le vieux dit: "Maintenant je dirai la vérité, je cesserai de mentir. J'ai construit une barque avec art, j'ai travaillé en chantant un navire de guerre. J'ai chanté un jour, et j'ai creusé la quille, j'ai chanté un autre jour, et j'ai taillé les flancs, j'ai chanté un troisème jour, et j'ai coupé les rames, et je les ai placées sur les bords, et j'ai dressé des bancs pour les rameurs. Mais trois paroles me manquaient, trois paroles pour unir la poupe aux côtés, pour achever la partie haute du navire, l'extrémité de la proue. Je suis venu à Tuonela pour chercher des paroles. O filles de Tuonela, amenez votre barque; enfants de Kalma, amenez votre nacelle afin que je puisse traverser le fleuve."
Les filles de Tuonela amenèrent leur barque, et transportèrent le héros sur l'autre rive. Là elles lui donnent à manger, lui versent à boire et l'invitent à dormir.
Le héros dort, mais ses habits veillent.»
Les filles tressent avec du fil de fer un long filet et le jettent au travers du fleuve afin d'enchaîner le vieillard et de l'empêcher de s'échapper des demeures de Tuonela.
«Mais le vieux Wâinâmöinen vit le malheur s'avancer vers lui. Il revêtit des formes diverses. Il se changea en pierre et roula dans les ondes, il se changea en carex et se cacha dans les roseaux.
Là il tua cent saumons, il écrasa mille mères fécondes.
Il rampe à travers les filets de Tuoni comme un serpent de fer, comme une vipère empoisonnée, jusqu'au-delà du fleuve de Tuonela.
Alors il parle à la foule des jeunes gens: "Jeunes gens qui m'écoutez, et vous tous qui êtes encore à naître, n'allez jamais à Tuonela, jamais à Manala, chercher des paroles magiques. Plusieurs y sont allés, peu en sont revenus."
Ainsi Wâinâmöinen ne trouva pas une parole, pas la moitié d'une parole.»
IMAGE
Wâinamöinen
www.sanatkumara.info/ traditions.htm
Il dit dans sa pensée: "Je trouverai cent paroles, mille matières de chant, sous la langue de la renne d'été, dans la bouche de l'écureuil blanc."
Et il va à la recherche des paroles. Il jonche les champs de rennes égorgés, il tue des milliers d'écureuils; mais il ne trouve pas une parole, pas la moitié d'une parole.
Il dit encore dans sa pensée: "Je trouverai cent paroles, mille matières de chant, dans les demeures de Tuenola, dans les souterrains de Manala."
Il se dirige vers les demeures de Tuonela, vers les souterrains de Manala. Ses pas sont légers comme l'air. Il marche un jour, deux jours, trois jours.
Et il arrive au fleuve sacré.
Alors d'une voix haute il s'écrie:° O filles de Tuoni, amenez votre barque; enfants de Manala, amenez votre radeau, afin que je puisse passer le fleuve."
Les filles de Tuoni, les enfants de Manala, répondirent: "On t'amèra une barque quand tu auras dit comment tu es venu à Manala, comment tu as été transporté à Tuonela. Car nulle maladie ne t'a donné la mort, nul malheur ne t'a tué, nulle catastrophe ne t'a brisé."
Le vieux Wâinâmöinen dit: " Tuoni m'a conduit à Manala, Tuoni m'a poussé à Tuonela.»
Les filles de Tuonela s'irritèrent, les vierges de Kalma murmurèrent: "Nous connaissons les ruses de l'homme, nous devinons ton mensonge. Si Tuoni t'avait conduit à Manala, Tuoni t'aurait suivi dans le voyage; une fosse aurait été creusée dans la terre. Qui t'a amené à Manala?"»
[...]
Après plusieurs autres ruses
«Le vieux dit: "Maintenant je dirai la vérité, je cesserai de mentir. J'ai construit une barque avec art, j'ai travaillé en chantant un navire de guerre. J'ai chanté un jour, et j'ai creusé la quille, j'ai chanté un autre jour, et j'ai taillé les flancs, j'ai chanté un troisème jour, et j'ai coupé les rames, et je les ai placées sur les bords, et j'ai dressé des bancs pour les rameurs. Mais trois paroles me manquaient, trois paroles pour unir la poupe aux côtés, pour achever la partie haute du navire, l'extrémité de la proue. Je suis venu à Tuonela pour chercher des paroles. O filles de Tuonela, amenez votre barque; enfants de Kalma, amenez votre nacelle afin que je puisse traverser le fleuve."
Les filles de Tuonela amenèrent leur barque, et transportèrent le héros sur l'autre rive. Là elles lui donnent à manger, lui versent à boire et l'invitent à dormir.
Le héros dort, mais ses habits veillent.»
Les filles tressent avec du fil de fer un long filet et le jettent au travers du fleuve afin d'enchaîner le vieillard et de l'empêcher de s'échapper des demeures de Tuonela.
«Mais le vieux Wâinâmöinen vit le malheur s'avancer vers lui. Il revêtit des formes diverses. Il se changea en pierre et roula dans les ondes, il se changea en carex et se cacha dans les roseaux.
Là il tua cent saumons, il écrasa mille mères fécondes.
Il rampe à travers les filets de Tuoni comme un serpent de fer, comme une vipère empoisonnée, jusqu'au-delà du fleuve de Tuonela.
Alors il parle à la foule des jeunes gens: "Jeunes gens qui m'écoutez, et vous tous qui êtes encore à naître, n'allez jamais à Tuonela, jamais à Manala, chercher des paroles magiques. Plusieurs y sont allés, peu en sont revenus."
Ainsi Wâinâmöinen ne trouva pas une parole, pas la moitié d'une parole.»
IMAGE
Wâinamöinen
www.sanatkumara.info/ traditions.htm