Olivier Poivre d'Arvor, philosophe de formation, diplomate et écrivain, après avoir été directeur des institut culturels français d'Alexandrie, de Prague et de Londres, dirige aujourd'hui Culture France. Patrick Poivre d'Arvor, journaliste et écrivain, a écrit une cinquantainde d'ouvrages et a créé plusieurs émissions littéraires comme «Ex libris», «Vol de nuit», ou actuellement «Horizons lontains» sur Arte, consacrée aux littératures étrangères.Dans la collection «Mots pour Mots» qu'ils dirigent, ils sont les coop. cit., p. auteurs de Je souffre trop, je t'aime trop. Passions d'écrivains, Éditions Points, 2010, livre dans lequel ils présentent, introduisent et reproduisent un choix de textes de correspondance de Victor Hugo*, Honoré de Balzac, George Sand et Henri de Stendhal. Dans une introduction générale, les deux coauteurs décrivent la correspondance entre Franz Kafka* et Milena Jesenskà.
Kafka «est rongé par une solitude fondamentale et il faudra Milena pour le ramener à la vie, à l'amour. Histoire impossible, rendez-vous perpétuellement manqués: ces deux êtres qui se voient très peu (deux fois, quatre jours à Vienne et une journée à Gmünd!) s'apprivoisent à travers les mots. Ils n'arrêtent pas de s'écrire. Ces deux amants non réalisés disent davantage sur la force de la correspondance, sur la douleur qu'elle procure, que bien des amours transis. C'est Kafka qui parle, les lettres de Milena ayant disparu, et c'est un drame à une voix qui se joue. Il décrit l'impatience de l'épistolier: "ce qu'il y a de cruel à recevoir tes lettres, c'est... mais à quoi bon? tu le sais bien. Entre la lettre et la mienne aujourd'hui, il y a eu un moment de communion lumineuse et paisible, un de ces moments où l'on respire profondément, autant qu'il est possible au sein de tant d'incertitude, et maintenant, il faut que j'attende les réponses à mes lettres précédentes, ces réponses qui me font peur". Le même épistolier est en proie au désarroi: "Pas de lettre aujourd'hui. C'est stupide: quand il n'y pas de lettre, j'y trouve à redire et quand une lettre arrive, je me plains; mais j'en ai le droit; tu sais bien que ce n'est pas une plainte ni dans un cas ni dans l'autre». (op. cit., p. 19-20)
Milena