Née en 1915 à Odessa, Margarita Aliguère, bibliothécaire et journaliste, a écrit, pendant la deuxième guerre mondiale, dans le journal du Ministère de l'Air et des journaux du front. Le grand public l'a connu surtout grâce à son poème Zoïa (1943) en hommage à la partisane Zoïa Kosmodémianskaïa, jeune paysanne russe chrétienne orthodoxe de 18 ans, accusée de sabotage par les nazis qui l’ont exécutée par pendaison et dont les derniers mots avant de mourir ont été : «vous ne pouvez pas nous pendre tous les 190 millions »(http://en.wikipedia.org/wiki/Zoya_Kosmodemyanskaya). «Lettre à un ami» révèle l'ambiguïté du concept de l'héroïsme: un homme peut poser des gestes héroïques dans la vie publique (à la guerre, au travail) et agir en lâche dans la vie privée.
Tant qu'il fallut livrer de grandes batailles
dans le feu des combats, les salves des canons,
on entendit souvent parler de tes hauts faits.
Les gens t'aimaient, l'on ne pouvait perdre mémoire
que tu plongeas dans l'incendie d'une maison
pour y sauver des vies sans souci de la gloire
qu'éclaireur tu partais à l'arrière des lignes
dans la nuit menaçante et l'ouragan de neige;
que le premier tu as touché la rive droite
en ce jour mémorable où fut franchi le Dniepr.
[...]
Mais un jour, j'ai bien vu moi-même, tout à coup,
(et nul autre que moi ne s'en est avisé)
comme tu as tremblé sous les yeux implacables
d'une femme que tu avais humiliée.
Et je revois encore cette scène aujourd'hui:
ton ami de toujours, un homme au si bon coeur,
tombé dans le malheur, il payait pour autrui,
tu n'avais qu'un seul mot à dire en sa faveur,
Tout le monde attendait. Mais toi tu n'as rien dit.
[...]
dans le feu des combats, les salves des canons,
on entendit souvent parler de tes hauts faits.
Les gens t'aimaient, l'on ne pouvait perdre mémoire
que tu plongeas dans l'incendie d'une maison
pour y sauver des vies sans souci de la gloire
qu'éclaireur tu partais à l'arrière des lignes
dans la nuit menaçante et l'ouragan de neige;
que le premier tu as touché la rive droite
en ce jour mémorable où fut franchi le Dniepr.
[...]
Mais un jour, j'ai bien vu moi-même, tout à coup,
(et nul autre que moi ne s'en est avisé)
comme tu as tremblé sous les yeux implacables
d'une femme que tu avais humiliée.
Et je revois encore cette scène aujourd'hui:
ton ami de toujours, un homme au si bon coeur,
tombé dans le malheur, il payait pour autrui,
tu n'avais qu'un seul mot à dire en sa faveur,
Tout le monde attendait. Mais toi tu n'as rien dit.
[...]