L'Encyclopédie sur la mort


Le cercueil

Rûmi

Le conte soufi appartenant au recueil de poèmes Mesnevi de Rûmî, révèle un double lien, celui de la tombe avec la maison*, celui de la pauvreté* avec la mort. La tombe est la demeure, le lieu de séjour des morts. La proximité* dangereuse de la mort frappe bien plus fort la condition du pauvre que celle du riche. On observe la flagrante inégalité des hommes devant la mort. Tous meurent, mais les pauvres sont plus exposés à la mort. Ils meurent généralement plus jeunes et disposent de moins de ressources personnelles et sociales pour vivre et survivre. L'étroitesse de l'espace accordée l'enfant pauvre ressemble à l'étroitesse d'une tombe. L'expansion de ses potentialités risque d'être réprimée, s'il ne parvient pas à puiser dans ses ressources intérieures ou dans celles que, par son imagination créative, il réussit à trouver à l'extérieur. L'élargissement des frontières de l'être est la victoire de la vie sur la mort.

Un enfant se lamentait devant le cercueil de son père :

« Ô mon père! Désormais, ta place est sous la terre! Mon père bien-aimé! Te voici dans une demeure si étroite, si démuni de tout! Ni tapis, ni coussin, ni paillasse! Pas de bougie la nuit et pas de pain le jour! Pas de porte, pas de toit, pas de voisins secourables! Pas même l'odeur d'un repas! Rien qu'une demeure si étroite que quiconque y perdrait la couleur de son teint! »

Dans l'assistance, il y avait un enfant, nommé Djuha. Il se retourna vers son père et lui dit :

« Ô père! j'ai l'impression que cet enfant décrit notre maison! »

*****

Je viens de cette âme qui est à l'origine de toutes les âmes

Je suis de cette ville qui est la ville de ceux qui sont sans ville

Le chemin de cette ville n'a pas de fin

Va, perds tout ce que tu as, c'est cela qui est le tout. *

*****

Lorsqu'un corps inanimé est mis en terre

L'âme du mort s'envole vers les cieux

La violette croît quand elle reste dans la terre

Comment un cyprès ne pousserait-il pas dans ce jardin? *

* Traduction de Eva de Vitray-Meyerovich, Albin Michel, 1987.

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2013-01-14

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