La recherche dans le domaine de l’itinérance, de la maladie mentale et de la toxicomanie présente des données non concluantes lorsqu’il s’agit de savoir si la maladie mentale et la toxicomanie mènent à l’itinérance ou si c’est l’inverse – l’itinérance qui mène à la maladie mentale et à la toxicomanie.Une chose est claire: des antécédents de maladie mentale ou de toxicomanie exposent les gens à un plus grand risque d’itinérance. De plus, il est vrai que les personnes itinérantes subissent du stress et de l’anxiété et sont beaucoup plus à risque d’être attaquées, [1] ce qui mène à des problèmes de santé mentale et à la consommation de substances psychotropes comme moyen d’adaptation.[2] Au Canada, on attribue souvent l’augmentation des personnes itinérantes atteintes de maladie mentale à la fermeture des hôpitaux psychiatriques (désinstitutionalisation). Cependant, la plus forte augmentation est survenue dans les années 1990 alors que plusieurs provinces avaient fait chuter les taux de l’aide sociale et avaient limité les investissements dans les logements sociaux. À l’époque, il y avait également moins de fonds disponibles pour la santé et les services sociaux.[3] D’un jour à l’autre, on estime que 10 000 personnes n’ont pas de toit [4] bien que ce nombre pourrait être sous-estimé compte tenu des chiffres contenus dans le rapport de la Colombie-Britannique signalant que 11 750 personnes sont dans une situation d’itinérance absolue pour cette seule province.[5]
Définitions de l’itinérance
Bien que l’idée de l’itinérance puisse sembler facile à concevoir, il existe des degrés qu’il est important de prendre en considération. Sans-abri signifie l’itinérance totale, alors que la personne habite exclusivement dans les rues ou les parcs. On peut qualifier d’invisible ce type de personne itinérante puisqu’elle n’a pas recours aux refuges. Mal-logé signifie que la personne loge dans des conditions inadéquates où il y a un manque d’eau potable, peu de toilettes, de la promiscuité, de la violence et du vol, et que le mode d’occupation est établi sur une base quotidienne. Les refuges, les immeubles abandonnés occupés illégalement et les villes de tentes en sont des exemples. À risque signifie que la personne bénéficie d’une certaine forme d’hébergement, mais qu’elle pourrait le perdre étant incapable de payer le loyer, elle pourrait le perdre complètement si elle est hospitalisée, ou elle habite temporairement chez des amis ou des connaissances.[6]
Développements à l’échelle fédérale/nationale
Ressources humaines et Développement social Canada a remplacé son initiative de lutte contre l’itinérance par la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (2008 – 2009). Veuillez consulter : http://www.tbs-sct.gc.ca/rpp/0708/hrsdc-rhdsc/hrsdc-rhdsc07-fra.asp
Cette stratégie comprend le Système d’information sur les personnes et les familles sans-abri (SISA) qui charge une base de données nationale nommée programme de développement des connaissances sur l’itinérance. Ces données constituent la base de divers rapports. Veuillez consulter : http://www.hifis.ca/
La Commission de la santé mentale du Canada a reçu 110 millions $ afin de faire des recherches sur les pratiques exemplaires relatives à la prestation de services auprès des personnes itinérantes et atteintes de maladie mentale. Veuillez consulter : http://www.mentalhealthcommission.ca/proj_homelessness-fr.php
L’itinérance et la maladie mentale à travers le pays
Bien que toutes les provinces et tous les territoires se préoccupent de l’itinérance, ils n’ont pas tous en main des documents de recherche comportant les caractéristiques de leurs populations itinérantes. Les documents de recherche disponibles brossent un tableau assez clair; les personnes atteintes de maladie mentale ou éprouvant des problèmes de toxicomanie sont surreprésentées chez les personnes itinérantes.
Au Canada, il existe 823 refuges d’urgence ou de transition comportant 25 038 lits.[7] Des refuges se trouvent dans chaque province et territoire.
Voici un bref aperçu de certaines conclusions ou annonces disponibles:
Colombie-Britannique
La Colombie-Britannique dépense 644 millions $ par année pour les services aux personnes itinérantes, ce qui équivaut à un montant de 55 000 $ par personne itinérante. La province compte 130 000 citoyens aux prises avec des problèmes de toxicomanie ou la maladie mentale et parmi eux, 26 500 ne sont pas logés ni soutenus adéquatement. On estime que les problèmes de toxicomanie et la maladie mentale affectent 60 à 100 % de la population itinérante. La toxicomanie constitue le problème de santé mentale qui prévaut, suivie des troubles concomitants (qui signifie à la fois la maladie mentale et la consommation d’alcool/de drogue) et finalement, la maladie mentale seulement. En Colombie-Britannique, on ne compte que 7 741 appartements sociaux avec support communautaire à l’intention des personnes éprouvant ces problèmes.[8]
En avril 2008, le comité régional BC Steering Committee on Homelessness a rendu public ses derniers chiffres. Ils établissaient que l’itinérance avait doublé en Colombie-Britannique de 2002 à 2005, et qu’elle avait augmenté de 19 % de 2005 à 2008. La Colombie-Britannique connaît une augmentation des familles itinérantes, des femmes victimes de violence accompagnées de leurs enfants, ainsi que des immigrants et des réfugiés. 23 % des Autochtones de la province sont itinérants, tandis que 41 % des Autochtones sont à risque de se retrouver en situation d’itinérance. Onze pour cent des personnes itinérantes ont reçu un diagnostic de schizophrénie.[9]
Alberta
L’économie en pleine expansion de l’Alberta a entraîné l’effet indésirable d’une hausse de l’itinérance. L’Alberta ne tient pas de statistiques à l’échelle provinciale; cependant, les municipalités suivent l’évolution de l’itinérance. Calgary a commencé à dénombrer les personnes itinérantes en 1992 et en a trouvé 447. En 2006, ce nombre est grimpé à 3 436. Edmonton a amorcé le compte en 1999 (836). En 2006, on comptait 2 200 personnes itinérantes à Edmonton.[10] Comme le révélait une étude portant sur les personnes itinérantes d’Edmonton, 20 % s’y sont installés en provenance de la Saskatchewan et du Manitoba, principalement à cause des conditions difficiles prévalant sur les réserves, dont la violence et l’alcoolisme.[11] En février 2007, le gouvernement a mandaté un groupe de travail sur le logement abordable de l’Alberta d’étudier entre autres le problème de l’itinérance dans la province. En janvier 2008, l’Alberta Secretariat for Action on Homelessness a été établi, jumelé à l’annonce d’un nouveau financement de 285 millions $.[12]
Saskatchewan
Une étude portant sur les personnes itinérantes issues des Premières Nations et habitant en milieu urbain n’a révélé aucune tendance uniforme: certaines sont âgées et d’autres sont des enfants, certaines ont été instruites alors que d’autres ne l’ont pas été. Dix-huit pour cent ont signalé avoir un emploi. Certaines étaient très impliquées dans le monde de la drogue alors que d’autres s’en abstenaient complètement.[13] En 2005, le gouvernement fédéral s’est engagé à verser 3,2 millions $ afin de s’attaquer à l’itinérance en Saskatchewan.[14]
Manitoba
Des études portant sur les jeunes itinérants de Winnipeg ont présenté une tendance dérangeante de violence subie à un âge précoce, alors que 50 % ont été victimes de violence avant l’âge de huit ans et que 25 % des filles ont été agressées sexuellement avant l’âge de neuf ans. Cinquante pour cent des jeunes itinérants étaient à haut risque de suicide et les deux tiers présentaient des symptômes d’un trouble psychiatrique chronique. La plupart des jeunes consommaient de la drogue pour échapper à leur sombre existence.[15]
Ontario
Chaque année à Toronto, 30 000 personnes ont recours aux refuges alors que plusieurs milliers d’autres personnes dorment dans les rues ou dans les parcs et les ravins. 70 000 ménages sont inscrits sur les listes d’attente des logements sociaux. Un autre 150 000 ménages sont à risque d’itinérance (ceux qui dépensent en loyer plus de la moitié de leur revenu).[16]
Une étude fréquemment citée [17] conclut qu’environ 66 % des personnes itinérantes de Toronto avaient reçu un diagnostic de maladie mentale chronique, soit environ 2 à 3 fois le taux de la population générale. Soixante-six pour cent présentaient un problème de toxicomanie alors que plusieurs présentaient les deux. Au total, 86 % étaient aux prises avec la maladie mentale ou la toxicomanie. Afin de contrer la perception voulant que la fermeture des hôpitaux psychiatriques ait mené directement à l’augmentation de la population itinérante atteinte de maladie mentale, l’étude conclut que seulement 6 % ont été admis dans un établissement dans l’année précédant immédiatement le début de l’itinérance, tandis que 30 % ont eu des démêlés avec la justice. Selon une étude plus récente, [18] un sondage réalisé auprès des personnes itinérantes conclut que le tiers des personnes sont devenues itinérantes parce qu’elles ne pouvaient payer le loyer, et un autre tiers a établi que leurs maladies physiques ou mentales les ont empêchées d’obtenir et de garder un logement. L’étude a révélé un haut taux de maladies physiques chez les personnes itinérantes alors que le groupe était :
29 fois plus susceptible d’être atteint d’hépatite C
20 fois plus susceptible d’être atteint d’épilepsie
5 fois plus susceptible d’être atteint d’une maladie du coeur
4 fois plus susceptible d’être atteint de cancer
3 fois plus susceptible d’être atteint d’asthme
3 fois plus susceptible d’être atteint d’arthrite ou de rhumatisme et,
deux fois plus susceptible d’être atteint de diabète
La recherche a également démontré qu’au cours de la dernière année :
50 % des personnes ont été aux prises avec une grave dépression
1 personne sur 10 a tenté de se suicider
1 sur 3 a été agressée physiquement
1 sur 8 a été agressée par la police
1 femme sur 5 a été violée ou agressée sexuellement
Les conclusions de ce rapport relativement aux femmes itinérantes (21 % étaient Autochtones) ont souligné l’extrême danger qui prévaut dans les rues.[19] Il conclut que :
Les femmes itinérantes étaient 10 fois plus susceptibles d’être agressées sexuellement
37 % ont été agressées physiquement au cours de la dernière année
21 % ont été agressées sexuellement ou violées à une ou plusieurs occasions au cours de la dernière année
Les femmes itinérantes étaient deux fois plus susceptibles d’avoir reçu un diagnostic de trouble mental – 50 % des participantes au sondage avaient reçu un diagnostic de trouble psychiatrique – le diagnostic le plus répandu étant la dépression et l’anxiété
12 % ont tenté de se suicider au cours de la dernière année
À Ottawa, un bulletin sur l’itinérance publié régulièrement révèle qu’en 2007, la durée moyenne du séjour dans les refuges d’urgence avait augmenté de 13,9 %, le nombre de familles avait augmenté de 6,4 % tandis que 1 237 enfants séjournaient dans les refuges, et le nombre de fois où les lits des refuges ont été utilisés avait grimpé à 18 540, ce qui indique que le combat que mène Ottawa pour répondre aux besoins de la population itinérante est loin d’être terminé.[20]
Nouveau-Brunswick
On estime que plus de 200 personnes itinérantes se trouvent à Saint John.[21] On pense que la plupart dorment dans leurs voitures ou ont recours aux 151 lits offerts par les refuges de la ville. Le rapport reconnaît que plusieurs sont atteints de maladies mentales et éprouvent des problèmes de consommation d’alcool/de drogue, mais aucun pourcentage n’est signalé.[22]
Ressources humaines et Développement social Canada a fait l’annonce d’un investissement de 1,5 million $ pour le Nouveau-Brunswick afin d’aider la population itinérante.[23]
Nouvelle-Écosse
En 2006, la municipalité régionale d’Halifax a réalisé une étude portant sur les coûts associés à l’itinérance. Les auteurs ont conclu que les personnes itinérantes sont de grands utilisateurs de refuges, de services de santé (hôpitaux et urgences), de santé mentale, de toxicomanie et correctionnels. Leurs conclusions ont été appuyées par l’Institut canadien d’information sur la santé qui, en utilisant les données des hôpitaux de Vancouver, Calgary et Toronto, a découvert que les troubles mentaux représentent 52 % des causes d’hospitalisation chez les personnes itinérantes. Trente-cinq pour cent des personnes se sont rendues à l’urgence (pour des troubles de santé mentale et de comportement) à comparer à 3 % de la population générale – étant donné qu’elles n’ont pas de médecin de famille. Cinquante-deux pour cent de ces visites avaient pour objet la consommation d’alcool/de drogue (définie comme un trouble mental).[24]
Les chercheurs d’Halifax ont estimé qu’un investissement dans les logements supervisés pourrait faire épargner 41 % de ces coûts par personne par année.[25]
Terre-Neuve
Ressources humaines et Développement social Canada a fait l’annonce d’un investissement de 300 000 $ pour Terre-Neuve et Labrador destiné aux jeunes itinérants.[26]
Les renseignements concernant l’itinérance et la maladie mentale sont limités pour ce qui est de l’Île-du-Prince-Édouard, les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut et le Yukon. Le SISA signale les renseignements élémentaires suivants :
L’Île-du-Prince-Édouard possède 6 refuges et 53 lits en tout.
Le Nunavut possède 2 refuges et 30 lits en tout
Le Yukon possède 3 refuges et 29 lits en tout
Les Territoires du Nord-Ouest (Yellowknife) possède 8 refuges et 25 lits.
Ressources utiles
Growing home: Housing and homelessness in Canada. Deuxième conférence nationale sur l’itinérance. Se tiendra à Calgary du 18 au 20 février 2009. Veuillez consulter (en anglais) : http://www.nhc2009.ca/index.html
Pour obtenir une liste des refuges d’urgence et de transition à travers le Canada et d’autres données nationales recueillies par le biais du Système d’information sur les personnes et les familles sans-abri (un programme de partenariat public-privé soutenu par Ressources humaines et Développement social Canada qui fournit aux refuges les logiciels, les ordinateurs et le soutien technique nécessaires à la collecte de données et qui établit une base de données nationale sur l’itinérance), veuillez consulter les statistiques sur la capacité d’hébergement de juin 2008 à : http://www.hifis.ca/resources/hifis/index_f.asp
Street Health Report (2007). Pour consultation (en anglais) clique ici.
L’Institut canadien d’information sur la santé (30 août 2007). Améliorer la santé des Canadiens : Santé mentale et itinérance. Pour consultation : http://www.cihi.ca/cihiweb/dispPage.jsp?cw_page=media_30aug2007_f
Notes
[1] Street Health Report (2007; en anglais). Pour consultation clique ici.
[2] CBC News, 31 juillet 2006. Selon une étude, les jeunes itinérants de Winnipeg sont aux prises avec la drogue, la maladie mentale. L’article cite une étude effectuée par la Fondation manitobaine de lutte contre les dépendances. Pour consultation (en anglais) : http://www.cbc.ca/canada/manitoba/story/2006/07/31/street-youth-study.html
[3] Riordan, T. (2004). Maladie mentale, itinérance et système de justice pénale au Canada. Pour consultation : http://www.parl.gc.ca/information/library/PRBpubs/prb0402-f.htm
[4] Institut canadien d’information sur la santé (30 août 2007). Améliorer la santé des Canadiens : Santé mentale et itinérance. Pour consultation : http://www.cihi.ca/cihiweb/dispPage.jsp?cw_page=media_30aug2007_f
[5] Patterson, M. Sommers, J. McIntosh, K. Sheill, A. & Frankish, C. J. (2008. Housing and supports for adults with severe addictions and/or mental illness in British Columbia. Pour consultation : http://www.carmha.ca/publications/index.cfm?contentID=29
[6] Edmonton homeless study (2004; en anglais). Pour consultation clique ici.
[7] Ces chiffres proviennent du Système d’information sur les personnes et les familles sans-abri (SISA) et se trouvent à : http://www.hifis.ca/resources/hifis/index_f.asp
[8] Patterson, M. Sommers, J. McIntosh, K. Sheill, A. & Frankish, C. J. (2008. Housing and supports for adults with severe addictions and/or mental illness in British Columbia. Pour consultation (en anglais) : http://www.carmha.ca/publications/index.cfm?contentID=29
[9] Patterson. M. (2007). The faces of homelessness across BC. Pour consultation (en anglais) : http://www.heretohelp.bc.ca/publications/visions/housing-homelessness/bck/4
[10] Harding, K. & Walton, D. (7 octobre 2009). There’s no place like homeless. The Globe and Mail. Pour consultation (en anglais) clique ici.
[11] Edmonton homeless study (2004). Pour consultation (en anglais) clique ici.
[12] Le communiqué de presse peut être consulté (en anglais) à ici.
[13] Saskatchewan Indian Institute of Technologies (2000). Urban First Nations People without homes in Saskatchewan. Pour consultation (en anglais) clique ici.
[14] Le communiqué de presse peut être consulté à : http://www1.servicecanada.gc.ca/fr/sk/nouvelles/2005/cm01205.shtml
[15] CBC news, 31 juillet 2006. Winnipeg’s homeless youth struggle with drugs, mental illness study says. L’article cite une étude de la Fondation manitobaine de lutte contre les dépendances. Pour consultation (en anglais) : http://www.cbc.ca/canada/manitoba/story/2006/07/31/street-youth-study.html
[16] Wellesley Institute (2006). Blueprint to end homelessness. Pour consultation (en anglais) : http://wellesleyinstitute.com/theblueprint/
[17] L’étude Pathways to Homelessness study à laquelle Riordan, T. s’est référé (2004). Maladie mentale, itinérance et système de justice pénale au Canada. Pour consultation : http://www.parl.gc.ca/information/library/PRBpubs/prb0402-f.htm
[18] Street Health Report (2007). Pour consultation (en anglais) clique ici.
[19] Women and homelessness (2007). The Street Health Report – Research Bulletin #2.
[20] L’Alliance pour mettre un terme à l’itinérance - Ottawa (avril 2008) Quatrième bulletin. Pour consultation clique ici.
[21] Un reportage de la CBC faisant référence à un rapport paru en 2008 et intitulé A Portrait of Homelessness in Greater Saint John. Pour consultation (en anglais) : http://www.cbc.ca/canada/new-brunswick/story/2008/03/11/homelessness-sj.html
[22] A Portrait of Homelessness in Greater Saint John. Pour consultation (en anglais) clique ici.
[23] Communiqué de presse du 17 mars 2008. Pour consultation (en anglais) : http://news.gc.ca/web/view/fr/index.jsp?articleid=385759
[24] L’Institut canadien d’information sur la santé (30 août 2007). Améliorer la santé des Canadiens: Santé mentale et itinérance. Pour consultation : http://www.cihi.ca/cihiweb/dispPage.jsp?cw_page=media_30aug2007_f
[25] Palermo, F. Dera, B. & Clyne, D. (juin 2006). The cost of homelessness and the value of investment in housing support services in Halifax Regional Municipality. Pour consultation (en anglais) clique ici.
[26] L’annonce peut être consultée à : http://news.gc.ca/web/view/fr/index.jsp?articleid=394249
Bien que l’idée de l’itinérance puisse sembler facile à concevoir, il existe des degrés qu’il est important de prendre en considération. Sans-abri signifie l’itinérance totale, alors que la personne habite exclusivement dans les rues ou les parcs. On peut qualifier d’invisible ce type de personne itinérante puisqu’elle n’a pas recours aux refuges. Mal-logé signifie que la personne loge dans des conditions inadéquates où il y a un manque d’eau potable, peu de toilettes, de la promiscuité, de la violence et du vol, et que le mode d’occupation est établi sur une base quotidienne. Les refuges, les immeubles abandonnés occupés illégalement et les villes de tentes en sont des exemples. À risque signifie que la personne bénéficie d’une certaine forme d’hébergement, mais qu’elle pourrait le perdre étant incapable de payer le loyer, elle pourrait le perdre complètement si elle est hospitalisée, ou elle habite temporairement chez des amis ou des connaissances.[6]
Développements à l’échelle fédérale/nationale
Ressources humaines et Développement social Canada a remplacé son initiative de lutte contre l’itinérance par la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (2008 – 2009). Veuillez consulter : http://www.tbs-sct.gc.ca/rpp/0708/hrsdc-rhdsc/hrsdc-rhdsc07-fra.asp
Cette stratégie comprend le Système d’information sur les personnes et les familles sans-abri (SISA) qui charge une base de données nationale nommée programme de développement des connaissances sur l’itinérance. Ces données constituent la base de divers rapports. Veuillez consulter : http://www.hifis.ca/
La Commission de la santé mentale du Canada a reçu 110 millions $ afin de faire des recherches sur les pratiques exemplaires relatives à la prestation de services auprès des personnes itinérantes et atteintes de maladie mentale. Veuillez consulter : http://www.mentalhealthcommission.ca/proj_homelessness-fr.php
L’itinérance et la maladie mentale à travers le pays
Bien que toutes les provinces et tous les territoires se préoccupent de l’itinérance, ils n’ont pas tous en main des documents de recherche comportant les caractéristiques de leurs populations itinérantes. Les documents de recherche disponibles brossent un tableau assez clair; les personnes atteintes de maladie mentale ou éprouvant des problèmes de toxicomanie sont surreprésentées chez les personnes itinérantes.
Au Canada, il existe 823 refuges d’urgence ou de transition comportant 25 038 lits.[7] Des refuges se trouvent dans chaque province et territoire.
Voici un bref aperçu de certaines conclusions ou annonces disponibles:
Colombie-Britannique
La Colombie-Britannique dépense 644 millions $ par année pour les services aux personnes itinérantes, ce qui équivaut à un montant de 55 000 $ par personne itinérante. La province compte 130 000 citoyens aux prises avec des problèmes de toxicomanie ou la maladie mentale et parmi eux, 26 500 ne sont pas logés ni soutenus adéquatement. On estime que les problèmes de toxicomanie et la maladie mentale affectent 60 à 100 % de la population itinérante. La toxicomanie constitue le problème de santé mentale qui prévaut, suivie des troubles concomitants (qui signifie à la fois la maladie mentale et la consommation d’alcool/de drogue) et finalement, la maladie mentale seulement. En Colombie-Britannique, on ne compte que 7 741 appartements sociaux avec support communautaire à l’intention des personnes éprouvant ces problèmes.[8]
En avril 2008, le comité régional BC Steering Committee on Homelessness a rendu public ses derniers chiffres. Ils établissaient que l’itinérance avait doublé en Colombie-Britannique de 2002 à 2005, et qu’elle avait augmenté de 19 % de 2005 à 2008. La Colombie-Britannique connaît une augmentation des familles itinérantes, des femmes victimes de violence accompagnées de leurs enfants, ainsi que des immigrants et des réfugiés. 23 % des Autochtones de la province sont itinérants, tandis que 41 % des Autochtones sont à risque de se retrouver en situation d’itinérance. Onze pour cent des personnes itinérantes ont reçu un diagnostic de schizophrénie.[9]
Alberta
L’économie en pleine expansion de l’Alberta a entraîné l’effet indésirable d’une hausse de l’itinérance. L’Alberta ne tient pas de statistiques à l’échelle provinciale; cependant, les municipalités suivent l’évolution de l’itinérance. Calgary a commencé à dénombrer les personnes itinérantes en 1992 et en a trouvé 447. En 2006, ce nombre est grimpé à 3 436. Edmonton a amorcé le compte en 1999 (836). En 2006, on comptait 2 200 personnes itinérantes à Edmonton.[10] Comme le révélait une étude portant sur les personnes itinérantes d’Edmonton, 20 % s’y sont installés en provenance de la Saskatchewan et du Manitoba, principalement à cause des conditions difficiles prévalant sur les réserves, dont la violence et l’alcoolisme.[11] En février 2007, le gouvernement a mandaté un groupe de travail sur le logement abordable de l’Alberta d’étudier entre autres le problème de l’itinérance dans la province. En janvier 2008, l’Alberta Secretariat for Action on Homelessness a été établi, jumelé à l’annonce d’un nouveau financement de 285 millions $.[12]
Saskatchewan
Une étude portant sur les personnes itinérantes issues des Premières Nations et habitant en milieu urbain n’a révélé aucune tendance uniforme: certaines sont âgées et d’autres sont des enfants, certaines ont été instruites alors que d’autres ne l’ont pas été. Dix-huit pour cent ont signalé avoir un emploi. Certaines étaient très impliquées dans le monde de la drogue alors que d’autres s’en abstenaient complètement.[13] En 2005, le gouvernement fédéral s’est engagé à verser 3,2 millions $ afin de s’attaquer à l’itinérance en Saskatchewan.[14]
Manitoba
Des études portant sur les jeunes itinérants de Winnipeg ont présenté une tendance dérangeante de violence subie à un âge précoce, alors que 50 % ont été victimes de violence avant l’âge de huit ans et que 25 % des filles ont été agressées sexuellement avant l’âge de neuf ans. Cinquante pour cent des jeunes itinérants étaient à haut risque de suicide et les deux tiers présentaient des symptômes d’un trouble psychiatrique chronique. La plupart des jeunes consommaient de la drogue pour échapper à leur sombre existence.[15]
Ontario
Chaque année à Toronto, 30 000 personnes ont recours aux refuges alors que plusieurs milliers d’autres personnes dorment dans les rues ou dans les parcs et les ravins. 70 000 ménages sont inscrits sur les listes d’attente des logements sociaux. Un autre 150 000 ménages sont à risque d’itinérance (ceux qui dépensent en loyer plus de la moitié de leur revenu).[16]
Une étude fréquemment citée [17] conclut qu’environ 66 % des personnes itinérantes de Toronto avaient reçu un diagnostic de maladie mentale chronique, soit environ 2 à 3 fois le taux de la population générale. Soixante-six pour cent présentaient un problème de toxicomanie alors que plusieurs présentaient les deux. Au total, 86 % étaient aux prises avec la maladie mentale ou la toxicomanie. Afin de contrer la perception voulant que la fermeture des hôpitaux psychiatriques ait mené directement à l’augmentation de la population itinérante atteinte de maladie mentale, l’étude conclut que seulement 6 % ont été admis dans un établissement dans l’année précédant immédiatement le début de l’itinérance, tandis que 30 % ont eu des démêlés avec la justice. Selon une étude plus récente, [18] un sondage réalisé auprès des personnes itinérantes conclut que le tiers des personnes sont devenues itinérantes parce qu’elles ne pouvaient payer le loyer, et un autre tiers a établi que leurs maladies physiques ou mentales les ont empêchées d’obtenir et de garder un logement. L’étude a révélé un haut taux de maladies physiques chez les personnes itinérantes alors que le groupe était :
29 fois plus susceptible d’être atteint d’hépatite C
20 fois plus susceptible d’être atteint d’épilepsie
5 fois plus susceptible d’être atteint d’une maladie du coeur
4 fois plus susceptible d’être atteint de cancer
3 fois plus susceptible d’être atteint d’asthme
3 fois plus susceptible d’être atteint d’arthrite ou de rhumatisme et,
deux fois plus susceptible d’être atteint de diabète
La recherche a également démontré qu’au cours de la dernière année :
50 % des personnes ont été aux prises avec une grave dépression
1 personne sur 10 a tenté de se suicider
1 sur 3 a été agressée physiquement
1 sur 8 a été agressée par la police
1 femme sur 5 a été violée ou agressée sexuellement
Les conclusions de ce rapport relativement aux femmes itinérantes (21 % étaient Autochtones) ont souligné l’extrême danger qui prévaut dans les rues.[19] Il conclut que :
Les femmes itinérantes étaient 10 fois plus susceptibles d’être agressées sexuellement
37 % ont été agressées physiquement au cours de la dernière année
21 % ont été agressées sexuellement ou violées à une ou plusieurs occasions au cours de la dernière année
Les femmes itinérantes étaient deux fois plus susceptibles d’avoir reçu un diagnostic de trouble mental – 50 % des participantes au sondage avaient reçu un diagnostic de trouble psychiatrique – le diagnostic le plus répandu étant la dépression et l’anxiété
12 % ont tenté de se suicider au cours de la dernière année
À Ottawa, un bulletin sur l’itinérance publié régulièrement révèle qu’en 2007, la durée moyenne du séjour dans les refuges d’urgence avait augmenté de 13,9 %, le nombre de familles avait augmenté de 6,4 % tandis que 1 237 enfants séjournaient dans les refuges, et le nombre de fois où les lits des refuges ont été utilisés avait grimpé à 18 540, ce qui indique que le combat que mène Ottawa pour répondre aux besoins de la population itinérante est loin d’être terminé.[20]
Nouveau-Brunswick
On estime que plus de 200 personnes itinérantes se trouvent à Saint John.[21] On pense que la plupart dorment dans leurs voitures ou ont recours aux 151 lits offerts par les refuges de la ville. Le rapport reconnaît que plusieurs sont atteints de maladies mentales et éprouvent des problèmes de consommation d’alcool/de drogue, mais aucun pourcentage n’est signalé.[22]
Ressources humaines et Développement social Canada a fait l’annonce d’un investissement de 1,5 million $ pour le Nouveau-Brunswick afin d’aider la population itinérante.[23]
Nouvelle-Écosse
En 2006, la municipalité régionale d’Halifax a réalisé une étude portant sur les coûts associés à l’itinérance. Les auteurs ont conclu que les personnes itinérantes sont de grands utilisateurs de refuges, de services de santé (hôpitaux et urgences), de santé mentale, de toxicomanie et correctionnels. Leurs conclusions ont été appuyées par l’Institut canadien d’information sur la santé qui, en utilisant les données des hôpitaux de Vancouver, Calgary et Toronto, a découvert que les troubles mentaux représentent 52 % des causes d’hospitalisation chez les personnes itinérantes. Trente-cinq pour cent des personnes se sont rendues à l’urgence (pour des troubles de santé mentale et de comportement) à comparer à 3 % de la population générale – étant donné qu’elles n’ont pas de médecin de famille. Cinquante-deux pour cent de ces visites avaient pour objet la consommation d’alcool/de drogue (définie comme un trouble mental).[24]
Les chercheurs d’Halifax ont estimé qu’un investissement dans les logements supervisés pourrait faire épargner 41 % de ces coûts par personne par année.[25]
Terre-Neuve
Ressources humaines et Développement social Canada a fait l’annonce d’un investissement de 300 000 $ pour Terre-Neuve et Labrador destiné aux jeunes itinérants.[26]
Les renseignements concernant l’itinérance et la maladie mentale sont limités pour ce qui est de l’Île-du-Prince-Édouard, les Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut et le Yukon. Le SISA signale les renseignements élémentaires suivants :
L’Île-du-Prince-Édouard possède 6 refuges et 53 lits en tout.
Le Nunavut possède 2 refuges et 30 lits en tout
Le Yukon possède 3 refuges et 29 lits en tout
Les Territoires du Nord-Ouest (Yellowknife) possède 8 refuges et 25 lits.
Ressources utiles
Growing home: Housing and homelessness in Canada. Deuxième conférence nationale sur l’itinérance. Se tiendra à Calgary du 18 au 20 février 2009. Veuillez consulter (en anglais) : http://www.nhc2009.ca/index.html
Pour obtenir une liste des refuges d’urgence et de transition à travers le Canada et d’autres données nationales recueillies par le biais du Système d’information sur les personnes et les familles sans-abri (un programme de partenariat public-privé soutenu par Ressources humaines et Développement social Canada qui fournit aux refuges les logiciels, les ordinateurs et le soutien technique nécessaires à la collecte de données et qui établit une base de données nationale sur l’itinérance), veuillez consulter les statistiques sur la capacité d’hébergement de juin 2008 à : http://www.hifis.ca/resources/hifis/index_f.asp
Street Health Report (2007). Pour consultation (en anglais) clique ici.
L’Institut canadien d’information sur la santé (30 août 2007). Améliorer la santé des Canadiens : Santé mentale et itinérance. Pour consultation : http://www.cihi.ca/cihiweb/dispPage.jsp?cw_page=media_30aug2007_f
Notes
[1] Street Health Report (2007; en anglais). Pour consultation clique ici.
[2] CBC News, 31 juillet 2006. Selon une étude, les jeunes itinérants de Winnipeg sont aux prises avec la drogue, la maladie mentale. L’article cite une étude effectuée par la Fondation manitobaine de lutte contre les dépendances. Pour consultation (en anglais) : http://www.cbc.ca/canada/manitoba/story/2006/07/31/street-youth-study.html
[3] Riordan, T. (2004). Maladie mentale, itinérance et système de justice pénale au Canada. Pour consultation : http://www.parl.gc.ca/information/library/PRBpubs/prb0402-f.htm
[4] Institut canadien d’information sur la santé (30 août 2007). Améliorer la santé des Canadiens : Santé mentale et itinérance. Pour consultation : http://www.cihi.ca/cihiweb/dispPage.jsp?cw_page=media_30aug2007_f
[5] Patterson, M. Sommers, J. McIntosh, K. Sheill, A. & Frankish, C. J. (2008. Housing and supports for adults with severe addictions and/or mental illness in British Columbia. Pour consultation : http://www.carmha.ca/publications/index.cfm?contentID=29
[6] Edmonton homeless study (2004; en anglais). Pour consultation clique ici.
[7] Ces chiffres proviennent du Système d’information sur les personnes et les familles sans-abri (SISA) et se trouvent à : http://www.hifis.ca/resources/hifis/index_f.asp
[8] Patterson, M. Sommers, J. McIntosh, K. Sheill, A. & Frankish, C. J. (2008. Housing and supports for adults with severe addictions and/or mental illness in British Columbia. Pour consultation (en anglais) : http://www.carmha.ca/publications/index.cfm?contentID=29
[9] Patterson. M. (2007). The faces of homelessness across BC. Pour consultation (en anglais) : http://www.heretohelp.bc.ca/publications/visions/housing-homelessness/bck/4
[10] Harding, K. & Walton, D. (7 octobre 2009). There’s no place like homeless. The Globe and Mail. Pour consultation (en anglais) clique ici.
[11] Edmonton homeless study (2004). Pour consultation (en anglais) clique ici.
[12] Le communiqué de presse peut être consulté (en anglais) à ici.
[13] Saskatchewan Indian Institute of Technologies (2000). Urban First Nations People without homes in Saskatchewan. Pour consultation (en anglais) clique ici.
[14] Le communiqué de presse peut être consulté à : http://www1.servicecanada.gc.ca/fr/sk/nouvelles/2005/cm01205.shtml
[15] CBC news, 31 juillet 2006. Winnipeg’s homeless youth struggle with drugs, mental illness study says. L’article cite une étude de la Fondation manitobaine de lutte contre les dépendances. Pour consultation (en anglais) : http://www.cbc.ca/canada/manitoba/story/2006/07/31/street-youth-study.html
[16] Wellesley Institute (2006). Blueprint to end homelessness. Pour consultation (en anglais) : http://wellesleyinstitute.com/theblueprint/
[17] L’étude Pathways to Homelessness study à laquelle Riordan, T. s’est référé (2004). Maladie mentale, itinérance et système de justice pénale au Canada. Pour consultation : http://www.parl.gc.ca/information/library/PRBpubs/prb0402-f.htm
[18] Street Health Report (2007). Pour consultation (en anglais) clique ici.
[19] Women and homelessness (2007). The Street Health Report – Research Bulletin #2.
[20] L’Alliance pour mettre un terme à l’itinérance - Ottawa (avril 2008) Quatrième bulletin. Pour consultation clique ici.
[21] Un reportage de la CBC faisant référence à un rapport paru en 2008 et intitulé A Portrait of Homelessness in Greater Saint John. Pour consultation (en anglais) : http://www.cbc.ca/canada/new-brunswick/story/2008/03/11/homelessness-sj.html
[22] A Portrait of Homelessness in Greater Saint John. Pour consultation (en anglais) clique ici.
[23] Communiqué de presse du 17 mars 2008. Pour consultation (en anglais) : http://news.gc.ca/web/view/fr/index.jsp?articleid=385759
[24] L’Institut canadien d’information sur la santé (30 août 2007). Améliorer la santé des Canadiens: Santé mentale et itinérance. Pour consultation : http://www.cihi.ca/cihiweb/dispPage.jsp?cw_page=media_30aug2007_f
[25] Palermo, F. Dera, B. & Clyne, D. (juin 2006). The cost of homelessness and the value of investment in housing support services in Halifax Regional Municipality. Pour consultation (en anglais) clique ici.
[26] L’annonce peut être consultée à : http://news.gc.ca/web/view/fr/index.jsp?articleid=394249