L'Encyclopédie sur la mort


Homosexualité et suicide

Éric Verdier

Le livre Homosexualité & suicide dont Éric Verdier, J.M. Firdion sont les auteurs (H&o, 2003) au travers d’études et de 13 témoignages, propose une explication du taux de suicide apparemment plus élevé chez les gays et lesbiennes et particulièrement les jeunes. (4 à 7 fois plus de risques selon une étude américaine de 1989). Le suspense n’est pas très long, la principale piste de recherche est sur la couverture du livre : « Les jeunes face à l’homophobie ». Les auteurs s’interrogent sur «le lien qui existe entre l’homophobie présente dans la société et les souffrances vécues par les personnes qu’elle vise.»
«Le suicide qui n'ose pas dire son nom»
30 janvier 2004
par Ben
De nombreux facteurs sont abordés dans le livre. Un des premiers est l’absence de modèles valorisants qui ne permettent pas au jeune qui se découvre homosexuel se construire une image positive de lui-même. Que ce soit dans les manuels scolaires, l’entourage proche souvent peu réceptif à la question, dans les relations amicales, le jeune gay se retrouve en général très seul face à son désir souvent perçu comme déviant et objet de honte. La plupart du temps, « la découverte de son orientation homosexuelle chez un jeune est d’abord une souffrance [...] puis s’affirme le besoin de reconnaissance familiale pour effacer la honte ressentie ». En s’appuyant sur une étude « Baromètre santé jeunes » de 1997, les auteurs montrent que « le fait de se sentir peu valorisé par ses parents double la probabilité de penser au suicide ».

Face à un modèle social plutôt homophobe ou au minimum homo ignorant, le jeune a peu de recours. Car contrairement au racisme il ne peut se tourner vers un soutien familial ou communautaire. Il est aussi intéressant de noter que l’homophobie s’exprime différemment selon qu’on est un garçon ou une fille. Pour les garçons, l’agression est plus directe car se définir en tant qu’homme est principalement ‘je ne suis pas une fille et encore moins PD ...’ et cette revendication est exprimée haut et fort chez les ados. La lesbophobie peut elle aussi se manifester de façon assez directe (notamment envers les filles très masculines), mais elle a en général un côté très insidieux car elle a une forme très passive : « la négation de la lesbienne dans l’imaginaire collectif ». Même si pour les homosexuels masculins les images véhiculées sont en majorité très péjoratives, les gays masculins ont une présence sociale bien plus importante que les lesbiennes. Ainsi, là ou un garçon devra construire son identité face à des modèles péjoratifs et une agressivité marquée de ses pairs, une fille aura aussi à affronter sa quasi inexistence sociale en tant que lesbienne.

Ajoutons à ce tableau peu encourageant un milieu gay très déstabilisant pour le néophyte et lui aussi homophobe à sa façon envers les garçons efféminés et les filles masculines, une expérience de la sexualité qui bien souvent saute la plupart des étapes adolescentes du flirt pour arriver directement au sexe, l’intériorisation de l’homophobie par le sujet et nous pouvons obtenons un jeune très fragilisé avec « la conviction d’être différent et fondamentalement inadéquat ».

Je cite un paragraphe du livre qui résume les principaux facteurs à risque pour le jeune gay : « on s’aperçoit que les risques suicidaires les plus élevés sont, soit associés à un vécu persécutif de la part de membres de la famille, de pairs, ou de professionnels référents ; soit à une difficulté extrême à traverser la prise de conscience et / ou la révélation de l’homosexualité ; soit enfin à une incapacité à vivre l’un de ses premiers amours, à un rejet de sa part ou à une rupture amoureuse [...]

http://www.monchoix.net/homosexualite_suicide_par_eric_verdier_et_jean-marie_fridion_article821.html
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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