Le jeune brahmane Naciketas a été envoyé par son père irrité dans le royaume des morts. Pour se faire pardonner, Yama, le dieu des morts, étant absent à l'arrivée de Naciketas, accorde à celui-ci trois faveurs. Naciketas demande d'abord le pardon de son père, puis une instruction sur le feu qui mène au ciel, enfin une réponse à la question de la survie de l'homme après la mort. Dans le texte ci-dessous, Naciketas interroge Yama au sujet de la mort et de la vie après la mort. Ce texte, appartenant à la partie mystique et spéculative du corpus védique, témoigne de l'agnosticisme à l'égard de la mort dont on ne peut rien savoir ni rien dire, car elle échappe à notre raison et à notre expérience. En effet, la mort elle-même est mystère, autant que son au-delà.
N. Un doute plane sur le sort de celui qui vient de mourir.«Il est» disent certains, «Il n'est plus», disent d'autres. Instruis-moi à ce sujet, tel sera mon troisième voeu.
Y. Là-dessus les dieux eux-mêmes ont jadis eut proie au doute, car c'est là chose subtile et difficile à comprendre. Choisis une autre faveur, Nacikets.
N. Ainsi donc les dieux eux-mêmes ont douté à ce propos - ô Mort -tu déclares que cela n'est pas aisé à connaître. Mais qui donc, pourrait éclairer un tel mystère? Aucune faveur ne se compare à celle-ci!
Y. Demande des fils et des petits-fils qui vivront cent ans! Demande du bétail en abondance, des éléphants, de l'or, des chevaux! Demande un vaste domaine de terres et vis toi-même autant d'automnes que tu souhaites!
[...]
Tous les objets du désir, difficiles à obtenir en ce monde, demande-les-moi! Vois ces femmes ravissantes avec équipages et musiques, les mortels n'en peuvent conquérir de telles. Je te les offre et les mets à ta disposition. Mais - ô Naciketas - ne m'interroge pas davantage sur la mort!
N. Ce ne sont là - ô Mort - que créatures éphémères et dont le commerce émousse l'acuité de tous les sens. Toute vie, même complète est brève. Garde pour toi équipages, danses et chants!
[...]
Après avoir approché ceux qui ne meurent ni ne vieillissent, quel habitant de ce bas monde, sujet à la vieillesse et à la mort, se laissera charmer par l'attrait d'une longue vie, pour peu qu'il réfléchisse à ce que sont les plaisirs de la beauté et de la chair?
Parle-nous - ô Mort - de tout ce qui concerne le grand passage. Cette faveur qui pénètre le mystère, c'est elle et nulle autre que choisit Naciketas.
Katha-Upanishad I, 1, 20-29
Michel Hulin, L'Inde des sages. Les plus beaux textes de l'hindouisme et du bouddhisme, Éditions Philippe Lebaud, «Kiron, 2000, p. 21-22.
Y. Là-dessus les dieux eux-mêmes ont jadis eut proie au doute, car c'est là chose subtile et difficile à comprendre. Choisis une autre faveur, Nacikets.
N. Ainsi donc les dieux eux-mêmes ont douté à ce propos - ô Mort -tu déclares que cela n'est pas aisé à connaître. Mais qui donc, pourrait éclairer un tel mystère? Aucune faveur ne se compare à celle-ci!
Y. Demande des fils et des petits-fils qui vivront cent ans! Demande du bétail en abondance, des éléphants, de l'or, des chevaux! Demande un vaste domaine de terres et vis toi-même autant d'automnes que tu souhaites!
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Tous les objets du désir, difficiles à obtenir en ce monde, demande-les-moi! Vois ces femmes ravissantes avec équipages et musiques, les mortels n'en peuvent conquérir de telles. Je te les offre et les mets à ta disposition. Mais - ô Naciketas - ne m'interroge pas davantage sur la mort!
N. Ce ne sont là - ô Mort - que créatures éphémères et dont le commerce émousse l'acuité de tous les sens. Toute vie, même complète est brève. Garde pour toi équipages, danses et chants!
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Après avoir approché ceux qui ne meurent ni ne vieillissent, quel habitant de ce bas monde, sujet à la vieillesse et à la mort, se laissera charmer par l'attrait d'une longue vie, pour peu qu'il réfléchisse à ce que sont les plaisirs de la beauté et de la chair?
Parle-nous - ô Mort - de tout ce qui concerne le grand passage. Cette faveur qui pénètre le mystère, c'est elle et nulle autre que choisit Naciketas.
Katha-Upanishad I, 1, 20-29
Michel Hulin, L'Inde des sages. Les plus beaux textes de l'hindouisme et du bouddhisme, Éditions Philippe Lebaud, «Kiron, 2000, p. 21-22.