Paul Ricoeur (1913-1005) analyse les trois «connecteurs» les plus importants qui permettent à l'historien scientifique de raccorder les deux aspects du temps, le temps vécu et le temps universel. Le premier connecteur est l'institution du calendrier. Celle-ci s'appuie à l'origine sur un temps mythique qui se réfère à un événement fondateur (le commencement d'un règne, la naissance du Bouddha* ou du Christ, etc.) en relation avec les observations astronomiques. Les deux autres connecteurs sont plus directement associés au récit de la vie de ceux qui nous ont précédés.
Le deuxième connecteur est la notion de suite des générations. Cette notion réunit le rythme biologique au temps de l'être-pour-la-mort. Elle crée un rythme social, car l'idée de l'appartenance à une génération nous permet de parler des contemporains, des prédécesseurs et des successeurs, et nous rappelle que l'histoire est l'histoire des mortels. Aussi elle exprime l'ancrage de la tâche éthico-politique dans la nature et relie la notion d'histoire humaine à celle d'espèce humaine» (III, 161).
Le troisième connecteur est la trace, en particulier les archives et les documents. La trace est le vestige laissé par le passage d'un être humain ou d'un animal*. Le passage n'est plus, mais la trace demeure en tant que chose parmi les choses. Dès lors, elle «combine un rapport de signifiance, mieux discernable dans l'idée de vestige d'un passage, et un rapport de causalité, inclue dans la choséité de la marque» (III, 177). [...] la trace a son autonomie propre qui vient du fait qu'elle est la trace de l'autre, l'autre qui a été là. (Peter Kemp, «Temps, récit et narrativité» dans Peter Kemp, Sagesse pratique de Paul Ricoeur. Huit études, Paris, Éditions du Sandre, «Bibliothèque de philosophie contemporaine», 2010, p.27-28)
Note
(III) réfère à Paul Ricoeur, Temps et récit, Paris, Seuil, 1983-1985, vol. 3.
Le troisième connecteur est la trace, en particulier les archives et les documents. La trace est le vestige laissé par le passage d'un être humain ou d'un animal*. Le passage n'est plus, mais la trace demeure en tant que chose parmi les choses. Dès lors, elle «combine un rapport de signifiance, mieux discernable dans l'idée de vestige d'un passage, et un rapport de causalité, inclue dans la choséité de la marque» (III, 177). [...] la trace a son autonomie propre qui vient du fait qu'elle est la trace de l'autre, l'autre qui a été là. (Peter Kemp, «Temps, récit et narrativité» dans Peter Kemp, Sagesse pratique de Paul Ricoeur. Huit études, Paris, Éditions du Sandre, «Bibliothèque de philosophie contemporaine», 2010, p.27-28)
Note
(III) réfère à Paul Ricoeur, Temps et récit, Paris, Seuil, 1983-1985, vol. 3.